Je pense que tu comprends mes propos de travers emilie.
Tout d'abord, le cas de CONTRAINTE dont tu parles ne fait que restreindre tes choix. Tu es toujours libre. Tu peux toujours te lever d'un entretien et t'en aller chercher du taf ailleurs. Je l'ai déjà fait face à des gens avec lesquels il ne me semblait pas possible de travailler. Mais tu ne peux pas te mettre en opposition avant même qu'il y ait contact. C'est du gâchis.
La base de mon argumentation et finalement de celle de enigma, c'est de savoir choisir ses combats. S'adapter ne veut pas dire que tu abandonnes tes convictions. Pour exemple, ta pote avec ses piercings et ses doctorats fera sans doute plein de trucs dans sa vie mais je doute que pour la soutenance de ses doctorats, elle s'est pointée avec ses fringues les plus trashs juste pour afficher ses convictions. Tout simplement parce que ça n'aurait aucun intérêt, ça ne changerait rien. J'ai effectué ce lundi une présentation devant un parterre de 40 pointures mondiales de mon domaine. Je n'aime pas enfiler un costard mais je l'ai fait le temps de cette présentation. Pourquoi ? Parce que m'habiller autrement ne m'aurait rien apporté de positif. J'ai ensuite changé de vêtements lorsque ce n'était plus nécessaire. et si je me retrouve à la tête d'une organisation, je n'imposerais pas de codes vestimentaires. Mais que devrais-je faire si une majorité d'employés se plaint du style de l'un d'entre eux ? Je leur pisse au cul ou je suis un fonctionnement démocratique ? Et bien si je suis le chef, j'utilise mon pouvoir pour leur pisser au cul parce que ça changera quelque chose. Mais si c'est l'employé qui leur pisse au cul publiquement, je le sanctionnerais parce que ce n'est pas son rôle : son originalité ne le place pas au dessus des autres !!! Je choisis mes combats !
De même, je ne me pointerais pas à un rassemblement d'extrême droite pour leur expliquer que le nationalisme c'est la haine des autres ! Par contre je m'efforcerais de l'inculquer à mes enfants ! Je choisirais pas des amis qui sont racistes et j'éviterais de côtoyer ceux qui le sont au travail ! Parce qu'on ne peut pas changer le monde tout seul ! Le monde doit vouloir changer ! C'est la même chose pour le costard/tailleur aux entretiens ! Si personne n'en voulais ça n'existerait plus !!! La meilleure des choses à faire serait encore de tout faire pour diriger une boîte et d'en changer les codes ! Toi de ton côté tu n'as comme choix que de t'adapter s tu estimes que ce combat n'est pas le tien, ou de t'échiner à trouver un endroit où on te laissera tranquille sur ce plan, ce que tu as fait ! En aucun cas, l'un des chois est plus valable que l'autre, ou plus intelligent ou plus intègre !
C'est une réalité du monde : tu es libre de faire comme tu l'entends mais ne t'attends pas à ce que le monde accepte tous tes choix ! C'est cela qui sera égoïste injuste et puéril ! Comme un enfant qui entend plier le monde qui l'entoure à sa volonté mais à qui ses parents doivent lui enseigner que ça ne fonctionne pas comme ça, que certaine règles sont là pour ça ! Le problème n'est pas le code, la règle ou la norme mais l'interprétation qu'en font certains patrons, employés ou clients !
S'adapter n'entraîne pas le renoncement. J'ai fait mon entretien de thèse en costard. Puis j'ai testé les limites. Je peux maintenant venir habillé comme je l'entends (tongues et short compris) car j'ai prouvé que j'étais compétent ! Mais je ne pouvais pas imposer à mon futur employeur : "Crois-moi je suis super compétent ! Alors laisse moi libre de faire ce que je veux !" Ce type ne me connaît pas. En suivant momentanément la norme j'instaure la confiance qui ouvre les libertés. Imposer sa personnalité aux gens n'est pas une solution à aucun niveau de la relation sociale !!! C'est en ça que la rébellion est puérile ! La rébellion réfléchie sait être conciliante, discuter, travailler la confiance sans être un mouton, une lavette ou je ne sais quoi ! En situation de conflit, vaut mieux rentrer dedans ou commencer par discuter ???
@Caïn: je ne te vise pas en particulier. Mais essaie de t'extraire de ta condition de victime du système : tu parles d'intolérance mais tu ne cherches pas une seule seconde à comprendre leur point de vue à eux. Tu raisonnes en disant : "Ils m'imposent leur vision, je ne veux pas, ils ont donc tort et j'ai raison !" Tu n'es pas plus tolérant qu'eux ! Si tu ne fais pas d'effort de compréhension de ton côté, pourquoi voudrais-tu qu'ils en fassent ? Avant l'entretien, ils ont une offre et toi tu n'as rien pour eux ! Le minimum est de respecter LEURS codes avant d'imposer les tiens. Ca ne signifie pas que tu leur cires les pompes mais que tu fais preuve d'intelligence. Bien sûr les efforts que tu dois fournir ne sont pas infinis : un recruteur qui te cherche des noises finira par mériter que tu lui rentres dedans. Mais à ce moment, l'offre proposée n'aura plus d'intérêt à tes yeux, la relation change d'équilibre et tu deviens libre de leur pisser au cul puisque tu n'as plus rien à perdre. Mais pourquoi saboter d'entrée la relation en leur imposant tes code ?
"Connais ton ennemi et surtout connais-toi toi-même et tu seras invincible"
C'est la base de la tactique. On ne pointe pas chez un tiers en s'imposant. Ça coupe la ligne de dialogue. Ça te fait ptêt chier de mettre un costard mais eux ça les emmerde peut être de te voir en chemise déboutonnée. Pourquoi ta raison serait supérieure ? D'autant que tu as tenté de modifier ton apparence mais que tu n'es pas allé jusqu'au bout ce qui me laisse perplexe. Tant qu'à faire les choses autant aller au bout...
Ce sont les recruteurs qui ont toutes les clés en main au début d'un entretien. Pourquoi leur en donner de supplémentaires ? C'est au cours de l'entretien que tu peux renverser la vapeur. Ou au cours de tes premières semaines de travail...Et si ça te saoule trop cherche un taf où on ne t'obligera pas à porter un costard. Mais n'exige pas des autres ce que tu n'arrives pas à exiger de toi-même.
Enfin, rappelez-vous, comme le dit enigma, qu'une entreprise a des besoins pas des sentiments. C'est une communauté qui n'est pas lié par l'affectif comme votre groupe de potes ou votre famille. Mais vous voudriez que les mécaniques relationnelles entre vous et ces communautés relève du même ordre. C'est impossible. Une entreprise s'organise autour de la fourniture d'un service (produit) à un tiers (client) dans la recherche d'une qualité maximale. Pour imposer vos choix à votre entreprise, il faut lui prouver que vous lui êtes liés Dans votre famille ou avec vos amis, l'affectif se charge de ça avec les avantages/inconvénients qui y sont liés. Dans une entreprise, c'est votre efficacité et votre capacité sociale qui le détermine. Un entretien ne peut juger que du dernier point. Vous mettre en opposition avec le recruteur, c'est comme si vous crachiez à la figure de votre frère ou que vous défonciez la tête à un éventuel pote !
Ça paraît sans doute abusé de dire ça, mais je parle uniquement en terme de mécanique relationnel, pas de poids affectif dans votre vie ou vos convictions.
J'espère quand même que vous comprendrez mon point de vue. enigma parle sans doute avec le poids de certaines acceptations qui lui ont coûtées et qui connaît les mécaniques de l'entité "entreprise". Par contre enigma, emilie parle avec le coeur d'une personne qui a toujours suivi ses convictions. Vous avez toutes les deux fait des choix différents mais l'une n'a pas plus raison que l'autre. Vous n'avez pas à être d'accord l'une avec l'autre mais le minimum serait d'essayer de vous comprendre. Pas de vous accepter...
Et Caïn, si tu penses que porter un costard à un entretien est liberticide, je te conseille d'une part de te blinder parce que tu n'as pas fini de trouver des choses qui choqueront tes convictions. D'autre par, tu devrais mieux choisir tes "actes de résistance au quotidien". Je pense comprendre ton point de vue, à défaut de l'accepter. Mais il va bien falloir un jour comprendre que ceux qui ne sont pas d'accord avec toi ne sont pas forcément contre toi et n'ont pas toujours tort. La réalité est souvent à mi-chemin entre toi et eux...Le costard c'est tellement peau de balle dans la vie ! Y a tellement de combat qui mériteraient que tu y dépense ton énergie et tes convictions ! Le racisme ordinaire, la violence ordinaire, le capitalisme social, les extrémistes communautaires, les inégalités économiques, la faim dans le monde, l'intégrité de l'être humain...Et c'est tout à fait possible pour peu que l'on dirige son regard ailleurs que sur son nombril et les 2 mètres qui l'entourent.
Après, je ne dis pas que c'est simple. C'est un effort quotidien que de s'arracher à son nombril, et je n'affirmerais pas que j'y arrive ni que je suis un exemple. Mais justifier l'égoïsme ordinaire c'est dangereux. Sans doute le défaut primal de l'humain...Donc je le répètes, je te comprends même si je n'acceptes pas ton point de vue.
@Red:
1) pour le job alimentaire, je pense effectivement que le job ne devrait qu'être un moyen pas une fin...Je suis familier de la notion de vie/survie. Dire que le job est alimentaire signifie dans ce cas qu'il te fournit les moyens de faire ce que tu veux du reste de ta vie. Un individu ne se résume pas au job qu'il fait. Enfin, il faudrait que ce soit le cas...Quand le job est une fin en soi, je pense qu'alors on passe dans la survie...
2)A la notion de sacrifice: le sacrifice ne s'adressait qu'à souffrir ce qui ne nous plaît pas si derrière on obtient l'objet convoité, ici un job. Bien sûr libre à quiconque de se lever et de sortir de la pièce. Tu fais finalement preuve toi aussi de paradoxe : tu parles de sacrifice dans le fait de refuser une belle paie pour vivre comme on l'entend. Tu ne sacrifies rien quand tu refuses un objet que tu ne possèdes pas. Accepter le costard si ça t'emmerde revient à sacrifier tes convictions l'espace d'un claquement de doigts à l'échelle de ta vie. Mais ne pas y aller et vivre comme tu l'entends n'est pas un sacrifice, c'est juste un choix. Tu en sors indemne. Tu pourras regretter l'argent que tu n'as pas gagnée mais ce n'est pas un sacrifice pour autant.
3) la notion d'argent: je parle uniquement de tout ça dans l'objectif de décrocher un job. Si le job n'est pas l'objet convoité, mon raisonnement est effectivement caduque. Je ne prône pas la recherche de la carrière et du job à tout prix. J'ai moi-même fait des choix assez drastiques dans ce sens. De chercheur chez IBM à Albany aux US, je suis passé à étudiant en vue de devenir prof de physique dans le supérieur...Parce que justement, l'entretien d'IBM, alors que j'avais tenté de satisfaire leur code a priori, de ne pas tenter l'opposition, m'a mis face à un recruteur qui représentait énormément de valeurs que j'abhorre. J'ai tourné les talons et je suis parti. Mais je l'ai fait a posteriori. Je n'ai pas cherché la confrontation. j'avais fait ma part pour créer une relation avec cette entreprise. Ce n'était pas possible, je suis parti sans regret mais j'avais fait le sacrifice de respecter des codes contraires à certaines de mes convictions avant de pénétrer dans la salle d'entretien. Je regrette le niveau de vie que j'aurais pu avoir mais ça, ce n'est pas un sacrifice, juste un regret. Ça n'empêche pas de me plaindre de tous les problèmes et les reproches que l'on m'a faits, mais quand je fais ça, je suis immature, le rebelle qui voudrait que le monde reconnaisse la grandeur de son sacrifice...Mais néanmoins immature et facile.
Donc faire un choix de vie sans accepter les sacrifices qui vont avec, oui c'est immature et facile. Faire le choix de vie que tu as fait et que tu sembles assumé par contre, me semble assez sage. Si tu venais chougner sur toutes les difficultés que ça implique, là on reviendrait à l'immature et au facile...
Tout est question d'assumer le poids de ses convictions. Et de savoir les mettre au placard quand elles se heurtent au choix de vie que l'on a fait. le monde n'a pas à se plier à la volonté de notre choix de vie...Il faut s'adapter...