Ce qui est intéressant dans Vagabond, c'est qu'Inoue a totalement écarté le manichéisme autour de Musashi et Kojiro. Dans le roman Kojiro est antipathique, et il y a un autre roman de Genzo Murakami où Kojiro est le héros, il me semble qu'il a une autre image.
Et là plutôt que de se demander lequel des deux est "juste" et lequel ne l'est pas, Inoue nous montre deux formes de libertés, entre celui qui veut grandir physiquement et spirituellement à travers son voyage et celui qui ne veut que s'amuser et communiquer avec les autres à travers son don. Je pense qu'on peut dire la même chose du roman et du manga. C'est plus une question de différence que de supériorité/infériorité. Là où Yoshikawa peut étaler avec les mots, Inoue fait de la narration par l'image, surtout avec Kojiro.
Son Kojiro me fait penser à un ancien génie du ballon rond, un certain Ronaldhino mais en version sabre : c'est-à-dire le génie inné + le sourire et l'insouciance qui vont de paire. Sans omettre de reconnaitre à Kojiro l'élégance et l'apparence physique en prime. Sinon ils ont la même maitrise absolue de leur art avec les défauts inhérents de l'homme, c'est à dire un certain relâchement et une propension pour les plaisirs (les femmes par ex).
Mais c'est totalement ça en plus. Typiquement le gars qui pense qu'à s'amuser, qui communique avec les gens et s'est ouvert des portes à travers son art. Y a aussi cette forme de charisme qu'ils gagnent en montrant leur habileté et le plaisir enfantin qu'ils prennent sur des choses prises très au sérieux.