Yakuza 4 (PS3) : Il est déjà suffisamment rare de voir ce genre de jeu arriver en Occident, ce serait dommage de passer à côté à l'occasion des soldes d'été du PS Store.
On a parfois tenté de vendre les jeux de le série
Yakuza (appelée
Ryu ga Gotoku au Japon) comme l'équivalent nippon de
GTA, mais ces jeux n'ont rien de commun en dehors de leur inspiration cinématographique.
Yakuza prend ses racines dans un autre titre culte de Sega, à savoir
Shenmue, dont il reprend les grands principes : un jeu très cinématisé, plus porté sur l'histoire que sur le gameplay, mais qui ne manque pas de choses à faire avec des mini-jeux en pagaille et pas mal de contenu annexe. Le monde à explorer dans
Yakuza 4 se résume à une portion de Kamuruchô, un quartier fictif de Tokyo, dont on peut faire le tour rapidement mais où chaque coin de rue recèle une aventure.
Yakuza 4 propose d'incarner quatre personnages qui se retrouveront mêlés de gré ou de force dans une énorme conspiration mafieuse. Le premier héros, Akiyama (doublé par Koichi Yamadera) est un usurier dont les méthodes philanthropes détonnent au sein du monde souterrain de Kamuruchô. A la manière d'un roman policier des années 30, il va tomber amoureux d'une de ses clientes qui se trouve être liée à une série de meurtres qui touche les yakuzas du coin.
Le second personnage, Saejima, est un ancien yakuza qui a été arrêté et incarcéré suite à un massacre spectaculaire qu'il a perpétré dans un clan rival. Lorsqu'il apprend que le clan auquel il appartenait est au bord de l'implosion, il décide de s'évader et de retourner à Kamuruchô.
Le troisième protagoniste, Tanimura, est un détective qui a un sens assez douteux de la moralité. Confronté à la guerre de yakuzas qui menace Kamuruchô, il découvre certains indices qui le mènent à résoudre un vieille enquête personnelle.
Le dernier personnage n'est autre que Kazuma Kiryu, héros des précédents jeux Yakuza, qui sort de sa retraite anticipée pour faire le ménage dans son ancien clan et exposer les conspirateurs qui troublent la stabilité de Kamuruchô.
Le film de yakuza est un genre assez spécial qui ne plaît pas à tous, mais en ce qui me concerne ça fonctionne parfaitement. La narration fait constamment la navette entre le sérieux que demande les histoires de mafia, et le Grand N'Importe Quoi qui caractérise l'écriture japonaise. A la manière d'un
MGS, on arrive à être fasciné par ce récit bourré de drama et de twists, quand bien même on sait que tout ce fatras n'a pas le moindre sens si on y réfléchit deux minutes. C'est surtout grâce aux personnages que l'on se sent impliqué, ils débordent tous d'un charisme viril que l'on voit trop peu ces temps-ci dans la culture jap, et les dialogues sont souvent très classes et très drôles.
Au niveau du gamplay c’est un peu moins la joie. Mis à part regarder des cinématiques et marcher dans la ville, l'essentiel du temps de
Yakuza 4 est consacré à des combats qui se déclenchent semi-aléatoirement, à la manière d'un
Final Fantasy en centre-ville tokyoïte. Dès que vous posez le pied à Kamuruchô, vous pouvez vous faire agresser par des gangs rivaux ou de simples voyous. Il faudra alors leur donner un bonne leçon, à main nues évidemment, même s'il sera possible de ramasser ce qui traîne dans la rue pour leur balancer à la gueule. Si on entre dans le détail, on a droit à toutes les possibilités d'un jeu de baston ordinaire (coups faibles, coups forts, esquives, parades, chopes) sachant que chacun des quatre personnages a son propre style de combat qu'il faudra maîtriser. Toutefois, l'ensemble reste extrêmement rigide et peu gratifiant ; la plupart des adversaires sont du menu fretin et seul les batailles en très grand nombre ou face à des boss offrent un peu de quoi s'amuser. Il aurait pourtant suffi de plagier le gameplay de la série des
Batman Arkham pour avoir quelque chose de sympathique.
On a également droit à une montagne de contenu annexe, avec bien sûr des quêtes secondaires (principalement de la bagarre et du FedEx), des activités classiques (pachinko, majong) et d'autres plus folkloriques (fréquenter les bars à hôtesses, et même gérer son propre établissement d'escort-girls). Là encore, on peut trouver de l'amusement ponctuel mais l'ensemble est le plus souvent laborieux et répétitif.
Yakuza 4 est un jeu dont les systèmes et la présentation datent d'une autre époque mais qui recèle une sincérité profonde dans la manière de perpétuer le ton des polars asiatiques. A la manière d'un
Sleeping Dogs, on s'en souviendra surtout pour le dépaysement qu'il procure au sein des quartiers chauds d'Extrême-Orient...