Vu que je n'ai pas aperçu de reviews des deux jeux sur ce topic, je vais m’en occuper en m'inspirant de Deluxe, car il faut dire, il fait ça très bien.
Shin Megami Tensei Digital Devil Saga 1 & 2 (PS2) : Je ne connaissais pas vraiment ces deux jeux, spin-off de la série, avant d'avoir réellement joué au très particulier
Lucifer's Call, donc j'ai du mal à percevoir leur popularité au pays du Soleil Levant. M'enfin, je devine que la dualogie a eu son petit succès vu qu'une adaptation LN a vu le jour,
Quantum Devil Saga. (je sais pas du tout ce que ça vaut par contre)
Digital Devil Saga, ou DDS, c'est quand même un jeu qui s'inspire énormément de Nocturne (ou Lucifer's Call), à ce jour le SMT l'un des SMT les plus connus de la franchise si j'en crois Deluxe, mais qui n'a malheureusement pas eu l'occasion de passer nous voir en Europe, n'étant sorti sorti des frontières japonaises pour n'aller qu'aux USA. Par conséquent, zéro traduction française pour ce qui constitue pourtant un jeu bien plus bavard que la série principale. (Du moins Nocturne et SMT IV, qui constituent mes deux seules expériences.)
DDS suit par conséquent les traces de Nocturne, au niveau graphique déjà, où les ressemblances sont nombreuses : 3D, contrôle de la caméra, démons en cell-shading, etc...
Il s'écarte néanmoins de son ainé, voir même de l'ensemble de la saga au niveau de la direction artistique (en particulier au niveau du premier opus) avec des inspirations indiennes parfaitement senties qui constituent de vrais plaisirs pour les yeux, pour terminer sur du bon vieux cyberpunk des familles où l'on ressent pas mal de vie dans les décors (contrairement à SMT III par exemple) même si le côté post-apo reste là, et bien ancré. (Le donjon final de DDS2 est d'ailleurs à ce niveau franchement magnifique et tranche complètement avec le reste du jeu)
Mais la grande force de Digital Devil Saga, ça reste tout de même son histoire. Beaucoup plus bavard que son grand frère, DDS ne raconte pas cette fois l'éternelle bataille entre anges et démons, mais les déboires de tribus qui s'entretuent en plein milieu du Junkyard, un espèce d'enfer post-apocalyptique, pour accéder au Nirvana; cette guerre étant ordonnée par ce qui semble être une force supérieure résidant à Sahasrara, une sorte de grande tour située au beau milieu du Junkyard. Le déroulement de la guerre se voit radicalement changer avec l'arrivée d'une jeune fille nommée Sera, qui amène avec elle un mystérieux oeuf qui transforme absolument tous les habitants du Junkyard en démons assoiffés de sang. Sera elle sera recueillie par la tribu Embryon, dirigée par Serph (le protagoniste principal). Outre le fait que Sera aie le pouvoir de calmer les pulsions cannibales des membres d'Embryon via son chant, la tribu a pour mission de la garder en sécurité, Sera devenant un avantage tactique considérable contre les autres tribus.
Alors contrairement à Nocturne ou encore à SMT IV, ici on a un SMT vraiment beaucoup plus linéaire et bavard, l'histoire prenant vraiment une grande place dans le jeu, et accessoirement les divers protagonistes, aussi membres d'Embryon. L'histoire ira beaucoup plus loin que la guerre entre tribus, devenant un espèce de cyberpyunk religieux, empruntant pas mal à Matrix, avec un paquet d'inspirations hindouistes, que ce soit au niveau de la philosophie ou des divers concepts. On retrouvera donc les principes d'Ordre et de Chaos véhiculés par divers personnages mais ici, impossible de choisir sa propre voie, l'histoire voulant se diriger ailleurs. (Et par conséquent, une seule fin est disponible.)
Rien qu'avec ça j'estime qu'on a l'une des plus intéressantes histoires du J-RPG, pouvant facilement se hisser aux côtés de Xenogears et consort, en particulier au niveau du dernier segment du second opus, plutôt particulier. (Le second opus étant d'ailleurs lui-même assez space, beaucoup plus intense et complexe que le premier, qui se contentait d'introduire les personnages et de les faire évoluer dans le Junkyard) L'atmosphère est aussi là, nous donnant pas mal de moments plutôt malsains.
Le gameplay reprend le principe de Nocturne (les Press Turn), pour y ajouter sa propre patte. Ici, pas de démons à convaincre et à recruter, votre fine équipe doit dévorer les démons qu'elle croise pour pouvoir faire évoluer leurs mantras, qui constitue les skills de Digital Devil Saga, les mantras étant d'ailleurs téléchargeables via les terminaux de sauvegarde sur une Mantra Grid, une sorte de sphérier de
Final Fantasy X. Ainsi, on doit apprendre à correctement gérer les mantra de chaque personnage, leur attribuer une classe (guerrier, mage noir, mage blanc, buffer, debuffer, etc) étant vivement conseillé (pour ne pas dire carrément obligatoire), le prix des mantras grimpant de manière exponentielle, ainsi que leur temps d'apprentissage. Impossible donc de se retrouver avec des protagonistes pouvant assumer plus de deux rôles à la fois, le risque de se retrouver avec des poids morts devenant un peu trop grand. La difficulté reste vraiment ardue, la plupart des boss demandant une sérieuse analyse de leur pattern (et donc des game over à répétition) pour pouvoir leur arracher une victoire souvent risquée (notamment via une gestion obligatoire et précise des buffs et des debuffs, le but vers la fin de chaque jeu étant d'éviter à tout prix le Dekaja/Dekunda mais de tenter quand même de tuer le boss le plus rapidement possible, histoire d'éviter une catastrophe, les boss étant souvent très forts au jeu de l'usure).
Le tout pouvant donc assez rapidement décourager, les combats étant nombreux et difficiles, les boss vraiment ardus pour la plupart (en particulier les boss optionnels, le héros de SMT III étant d'ailleurs le boss secret le plus puissant du jeu, et étant l'image parfaite de l'immense sadisme des dévs en terme de pattern chiant et de dégats hallucinants) et les donjons étant souvent vraiment traitres, voir même pour certains d'une puterie hallucinante, pour reprendre les propos de Deluxe (je pense notamment aux donjons finaux des deux jeux)
Au final, le seul défaut visible c'est le manque d'exploitation d'une partie des personnages, l'histoire étant particulièrement centrée sur un quatuor, avec aussi le sérieux manque de nouveautés entre le premier et le second opus.
Malgré tout, DDS, c'est une saga à laquelle j'ai immédiatement accroché de part sa linéarité à laquelle je suis un poil plus habitué, de part son scénario d'une richesse et d'une profondeur franchement incroyables, et son gameplay franchement addictif, tout étant accompagné de l'excellente bande-son très rock du père Meguro, cette fois associé à un certain Kenichi Tsuchiya.