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Quand j'ai débuté en 1997, les mangas et les animés (au départ avec quelques VHS), il était rare de trouver le rayon manga dans une libraire. S'il existait, ce n'était que sur une petite étagère dans un coin de la libraire et je devais, en général, commander les séries que je voulais suivre. Dans les grandes surfaces (fnac, virgin), elle était un peu plus fournie. Je ne parle même pas du rayon animé quasi inexistant.
Le nombre d'éditeurs étaient peu présents sur le marché. Des précurseurs : Glénat, J'ai lu (aujourd'hui disparue et qui proposait des adaptations très libres des œuvres et une belle numérotation des bulles au cas où on se perdrait) et Pika (selon mes souvenirs ; l'éditeur n'était qu'un détail pour moi).
Dans le cadre des animés il y avait Kazé, Dybex, Déclic Image et et AB Vidéo (et d'autres...)
Le marché était à prendre et peu croyait au succès de ce genre de production. Certains parents s'offusquaient de la violence et de la débauche de sexe que l'on trouvait dans les productions de l'époque. Il arrivait souvent que l’on se retrouve avec plusieurs minutes de scènes coupées et des dialogues modifiés rendant certaines scènes incohérentes voire même transformant certains personnages en attardé mental (Nicky Larson par exemple). Il y a même eu des comédiens qui ont fait grève et qui ont demandé d'écrire eux-mêmes les dialogues. C'était pour Hokuto no Ken/Ken le survivant. Imaginez-vous ce genre d'anecdotes pour Naruto. Et le pire... C'est que cela a été accepté par l'éditeur !
Il faut dire qu'à l'époque, fin des années 80, les chaines TV n'étaient pas très regardantes sur la production et le public visé. Ils achetaient aux kilos les séries. Normal, elles ne coûtaient pas chers à l’époque. Que ce soit pour les enfants ou pour les adolescents arrivant à l'âge adulte, c'est du pareil au même.
Je vais plutôt reprendre cette partie,
^pas mal de paraphrase mais j'apporte quelques points:Il y a eu dans la transition année 80-90, deux choses, une multiplication des chaines audiovisuelle au delà de ce qui était contrôlé normalement par l'ORTF et afin de conquérir l'audimat, l'apparition de créneau audiovisuel supplémentaires exclusivement réservés aux enfants.
Disney était déjà bien implanté dans les pavillons avec les soirées du samedi soir mais on va dire que la production d'oeuvre animée pour le petit écran avait largement chuté (Hanna Barbara ne produisait quasiment plus rien, Disney n'avait pas ou peu de production dédié aux chaines). Les Schtroumpfs et les séries Mattels (GI Joe, Transformer, Musclor) sont les deux seules exceptions notables.
De ce slot initial; il y a eu deux oeuvres qui ont eu beaucoup de succès Albator et Goldorak (les versions 78 et années 80, le premier était vraiment bas de gamme sur la production mais avec un scénario, le deuxième, bref). Voyant que les productions japonaises étaient peu chers comparées aux restes du marché, il y a eu une volonté de remplir les grilles avec des diffuseurs qui achetaient sans réellement examiner leurs achats. Ce qui a fait que pour de multiples raisons; des œuvres originellement adressées à un publique adulte furent achetées pour un créneaux enfants.
C'est TF1 qui détient la palme pour les oeuvres à contreverses. La défunte 5 avait effectivement un pool plutôt dramatique de série tandis que la Fr3 et la 2 diffusaient du disney ou des oeuvres coproduite avec le japon (Ulysse; les cités d'Or).
Le débordement fut sur le gore en premier avec ce qui attira les foudres des associations de parents
Les chevaliers du Zodiaque,
Dragon Ball et ensuite la série
Hokuto No Ken. Les acteurs qui doublaient à la chaine les séries s'offusquèrent de la version non censurée. La structure et l'organisation de leur travails firent qu'ils étaient loin de pouvoir comprendre quoique ce soit. Effectivement ils exigèrent de pouvoir adapter les dialogues à leurs sauces pour continuer. La série
Nicky Larson qui arriva sur la fin fut aussi allégrement adaptée par les doubleurs pour la diffusion à une tranche d'age inférieure. Enfin on met en avant le contenu des animes mais si vous regardez certains des vieux sketchs de l'équipe du club do ils ne se privaient pas d'introduire des reparties ou des grilles de lectures annexes dans leurs productions.
Entre ces affaires, les progressions des audimats et les stratégies de chaines, les oeuvres japonaises ont perdue leurs prédominances sur les chaines hertziennes publiques (avec un étonnant retour des oeuvres DC (moults Batman) et Disney sur la 3 en parallèle). Un des collatérale fut que des budgets furent alloués (forcé par les directives du CSA) pour de la création française et on a fini avec les super série AB, ce au détriment des oeuvres japonaises.
En conclusions, il y a eu une génération d'enfants qui furent abreuvés d'oeuvres japonaises et y prirent gout en France. Arrivé à leur fin d'adolescence ou âge de jeune adulte, il n'y avait plus rien ou peu de produits. Parallèlement, les diffusions d'animes ont largement progressé au niveau mondiale alors que cela déclinait en France (Prenez les références de certaines séries US mi 90 comme Malcom. En zone Asie du Sud est pas mal d'anime était diffusé sur les réseaux publiques aussi).
En revanche; si il y a une chose qui était bien implanté dans notre culture c'était la BD (merci la générations Pilote, Gotlib) et nos amis italiens qui avaient aussi passablement inondé l'europe de Comics et de strip Disney (dont une bonne moitié dessinée en europe sous licence disney). En Angleterre par exemple, la BD était restée underground ou très enfantine. Tentez de trouver quoique ce soit d'équivalent à la FNAC niveau BD en UK. Les rayons mangas et Comics sont très récents (moins de 5 ans).
Dans les années 90, le marché des mastodontes franco belge étaient attaqués par des maisons assez jeunes (Zenda, Delcourt, les éditions Soleil (quoiqu'eux c'est plus tardifs))... Il y a eu une explosion des titres et des lignes éditoriales avant même le phénomène manga.... On va dire que de l'argent était venu dans ce secteur et qu'il a commencé à faire des petits et donc c'est apparu bankables pour les financiers (je ne dis pas que toutes les éditions font du pognons).. En parallèle les distributeurs étaient aussi lassés des pratiques des éditions Dupuis et consort qui pour permettre la vente de certains titres phares obligeaient aussi à prendre les autres titres du catalogues.
Ca allait ouvrir le chemin aux mangas vu la familiarisation de la population cible à ce type de titre et son état de manque... Les premisces se firent sentir avec la genèse du fan sub (sur des ordinateurs pre PC d'ailleurs, Atari ou Amiga je ne me souviens plus) avec une scène underground qui importa, doubla et distribua par VHS (par trop légalement d'ailleurs) des vidéos d'anime comme Chronicles of Lodoss War
D'un certains coté, la France aurait pu faire comprendre aux japonais qu'ils pouvaient vendre en dehors de l'archipel nippons et ce dès les années 90... le message ne fut compris que très tardivement avec le phénomène du fan sub qui maintenant limite forcement les perspectives pour les japonais. Sur un point cependant, détrompez vous, les visites des professionnels japonais ne sont pas uniquement centrées sur l'europe mais sont déjà plus globales. Pour exemple, les grosses conventions américaines ou même en asie (j'ai vu des annonces de tournées pour Singapore, Malaise et Indonésie) affichent pas mal d'auteurs et de producteurs /doubleurs dans leurs affiches.