Le pont de la rivière Kwai:
1943, un contingent de soldats britanniques est fait prisonnier par les troupes japonaises. Au mépris des règles de la guerre et de la Convention de Genève, ils sont expédiés en pleine jungle birmane pour y participer à l'achèvement d'un pont qui permettrait d'établir une ligne ferroviaire de 415 km reliant la Thaïlande à la Birmanie Britannique.
Mais devant les mauvais traitements infligés à ses hommes et le mépris affiché du colonel Saito, le colonel Nicholson refuse d'obéir aux ordres.Mon avis: Un film de guerre très étrange que celui-ci, pouvant presque se résumer à l'opposition entre 2 hommes. Si le colonel Saito dispose du matériel et des hommes pour obtenir ce qu'il veut par la force, très vite il se fait dominer sur le plan moral par le colonel Nicholson. Torture, affaiblissement physique, promesses de traitements de faveur et menaces, rien n'y fait: le Britannique ne cèdera pas sur ses exigences et sa volonté de voir ses hommes traités non pas en esclaves mais bien en soldats captifs, avec ce que cela implique de respect et de dignité. Ce faisant, il s'assure un grand soutien de la part de ses hommes.
Mais si ceux-ci veulent être traités comme des soldats, ils doivent également s'en montrer dignes devant leurs geôliers. Or le problème, c'est que tant que leur officier est enfermé et maltraité, ils font mal le travail que l'on attend d'eux et sabotent même le chantier à la moindre occasion.
Alors que le colonel Saito semble de plus en plus désemparé par la non-avancée du chantier, son homologue prend les devants et rétablit la discipline. Ses conditions sont que dorénavant, ce sont les Britanniques qui gèreront eux-même le chantier et la manière dont le pont est construit. On arrive donc à la situation ubuesque où les prisonniers sont presque heureux et motivés pour travailler et faire le meilleur pont possible dans les plus brefs délais, tandis que les geôliers vivent l'achèvement du projet (qu'ils ont pourtant ordonné) comme une véritable humiliation car due uniquement à des étrangers prisonniers sensés avoir perdus toute dignité d'êtres Humains lors de leur reddition et capture.
Mais même dans de telles conditions, l'égo, la fierté et la folie des hommes peuvent montrer le bout de leur nez de la manière la plus improbable qui soit, via le colonel Nicholson.
Au dernier moment, alors que des troupes spéciales sont sur le point de faire sauter le pont, il tentera des les arrêter (allant jusqu'à se battre contre ses propres concitoyens), obnubilé par la fierté d'avoir pu construire un aussi bel ouvrage en oubliant qu'il aide son adversaire dans une véritable guerre (se rendant ainsi coupable de trahison).
Ce récit rejoint l'Histoire dans la construction de ce qu'on appellera plus tard "la voie ferrée de la mort", car des milliers de personnes (civils et militaires, locaux et occidentaux) trouveront la mort dans l'achèvement de cette ligne de chemin de fer, victimes de mauvais traitements, du manque de soins, de maladies ou encore de la faim.
Un livre que j'ai lu récemment et traitant de ce sujet sans chercher à épargner le lecteur:
La route étroite vers le nord lointain décrit avec une certaine précision l'enfer des hommes traités en esclaves sous le joug de bourreaux (le mot me semble convenir) demandant l'achèvement des travaux dans des délais toujours plus courts et de moins en moins de personnes valides.