Bon, j'ai entamé depuis quelques jours
999: Nine hours, Nine Persons, Nine Doors sur DS et je suis donc motivée pour faire une petite review.
Qu'est-ce que ce jeu au titre si méconnu? Bonne question.
Il s'agit d'un visual novel / point & click sous forme d'enquête. Un jeu assez mal connu qui a pourtant raflé d'excellentes notes - la faute à une importation inexistante sur le continent européen. Heureusement, grâce ) l'éditeur américain Aksys Games, le jeu a bénéficié d'une excellente traduction anglaise. Autrement dit si vous avez un bon niveau dans la langue de Shakespeare et que vous avez une DS, ne passez pas à côté de ce bijou.
De quoi il s'agit? C'est assez long à expliquer et l'idéal est encore, tout simplement, d'y jouer, mais histoire de vous donner envie, il s'agit d'un genre de thriller psychologique mêlé à du survival. J'ai lu quelque part que c'était un mélange entre
Saw et
Death Note et je pense que la définition est assez bonne. Ca n'a pas l'étoffe sanglante d'un
Saw (enfin, évitez quand même de lire les descriptions de cadavres après un repas, le jeu est parmi les rares classés "mature"), mais le côté huis-clos sadique est en revanche, indéniablement présent. Amateurs de romans d'horreur ou de thrillers, ce jeu est fait pour vous (et de façon générale, vous avez tout intérêt à aimer lire).
Un petit résumé histoire d'être plus explicite:
Junpei (que vous, joueur, incarnez) se réveille au milieu de sourds grincements métalliques. Il ne sait pas où il est, mais suppose qu'il s'agit d'un bateau au hublot de la pièce où il se trouve. A son poignet, un bracelet indique un chiffre digital; un grand 5 que l'on retrouve peint en rouge sur sa porte. Impossible de retirer le bracelet et Junpei n'a aucun souvenir de la façon dont il est arrivé là. Soudain, le hublot craque et cède, l'eau se déverse... et la porte est fermée, bloquée par un code d'accès qu'il vous faudra trouver en fouillant la pièce de fond en comble et en résolvant quelques énigmes pour vous échapper à temps.
Lorsqu'il parviendra à sortir, il rencontrera 8 personnes totalement inconnues (enfin, sauf une qui s'avère être une amie d'enfance) qui, comme il le comprendra très vite, sont dans le même cas que lui. Ils ont de vagues souvenirs... leur appartement, un homme en noir affublé d'un masque à gaz et... le trou noir, avant de se réveiller chacun dans une cale différente du bateau. A priori rien ne les relie, mais tous ont été choisis pour participer à ce survival grandeur nature. Une voix résonne alors depuis un haut parleur.
Il s'appelle Zero, et c'est le capitaine du navire. Il veut jouer à un jeu. Ça s'appelle le "Nonary Game". Ecoutez bien les règles, car c'est votre vie que vous jouez...
Chacun des 9 candidats porte une montre numérotée de 1 à 9. La dite montre est une sorte de retardateur. Si vous ne respectez pas les règles ou si vous échouez, un compte à rebours s'affichera et la bombe, qui se trouve en fait en chacun des joueurs, explosera. Il y a 9 portes numérotées, mais seule la porte ayant le chiffre 9 mène à la liberté. Et pour l'atteindre, il leur faudra en traverser d'autres en résolvant diverses énigmes, ce pour quoi ils disposent de 9 heures avant que le paquebot ne coule complètement.
Si le chiffre 9 est mis en avant, ce sont les nombres en général qui auront une importance capitale dans le jeu. Pour entrer une porte numérotée, il leur faudra former des groupes en fonction du numéro qui leur sera attribué et calculer leur racine numérique de sorte à ce qu'elle corresponde à celle de la porte. Par exemple, pour pénétrer dans la porte numéro 4, différentes combinaisons possibles:
-les joueurs, 2, 5 et 6 (2+5+6 = 13 = 1+3 = 4)
-les joueurs 1, 4 et 8 (1+4+8 = 13 = 1+3 = 4)
-les joueurs 1, 5 et 7 (1+5+7+ 13 + 1+3 = 4)
-etc.
Pour pénétrer dans une porte il faut au moins 3 personnes et 5 au maximum, autrement dit, le groupe devra se diviser plus d'une fois pour continuer à avancer. Toutes les personnes qui auront utilisé leur bracelet pour donner un code permettant d'ouvrir la porte devront s'identifier à nouveau de l'autre côté dans un délai de 81 secondes lorsque celle-ci sera refermée (9 secondes après): s'il en manque une ou s'il y en a une de trop, le bracelet à leur poignet donnera l'ordre à la bombe d'exploser une fois les 81 secondes écoulées.
999 ça rigole pas, c'est stressant, oppressant, et les personnages sont très réalistes dans leur comportement (peur, abattement, folie, paranoïa, etc.). On lorgne du côté d'un
Hotel Dusk plus sombre et surtout plus inspiré. Dès le départ, chaque joueur décide de se cacher sous un pseudonyme, généralement choisi en fonction de leur numéro, afin de ne pas révéler leur vraie identité. La suspicion règne donc de bout en bout. Le jeu est assez adulte de par son contenu parfois violent, mais aussi ses quelques sous entendus grivois, car niveau personnalités, il y a de tout! C'est d'ailleurs l'une des forces du jeu. Les personnages sont variés et très réalistes: on perçoit vite les différentes personnalités, et on s'attache vite à certains (autant qu'à en haïr d'autres) - personnellement je suis tombée sous le charme de Snake, l'aveugle classe et intelligent dont le chara-design me plait tout particulièrement. D'ailleurs le scénariste a avoué s'être inspiré de l'ennéagramme de personnalité, qui présente 9 types fondamentaux de personnalité, chacun ayant une dominante différente: le réformiste, le sauveur, le battant, le créateur, le penseur, le gardien, le généraliste, le meneur et le pacificateur (wiki est votre ami si vous voulez en savoir plus). Et puisqu'on en est aux anecdotes savantes, il se serait aussi pas mal inspiré des recherches de Rupert Sheldrake (wiki est votre meilleur ami en vérité - là je suis pas allée en voir quoi exactement, je veux pas me spoiler)!
(Et pour l'anecdote, on apprendra plus tard dans le jeu que l'on se trouve sur l'un des bateaux jumeaux du Titanic, le RMS Gigantic.)
Le jeu propose six fins différentes, trois mauvaises, deux bonnes et enfin, la vraie fin, la seule qui donne des explications, mais qu'on ne pourra atteindre sans certains pré-requis (par exemple, impossible de l'avoir du premier coup puisqu'il faut d'abord débloquer une des autres fins). En fonction de vos choix, votre relation avec les différents protagonistes ne sera pas la même et le résultat s'en fera ressentir. Ainsi, même en finissant le jeu rien ne vous garantit que vous aurez accès à une happy end et que vous aurez fait tout ça pour quelque chose! Chacune des fins révélera cependant un aspect différent de l'histoire qui viendra compléter les éléments que vous possédiez déjà. Autrement dit, vous n'aurez pas d'autres choix que de faire les six fins pour tout savoir de bout en bout. Pas de panique cependant, rejouer ce jeu n'a rien de redondant, et ce pour plusieurs raisons: pour débloquer les autres fins, il vous faudra à chaque fois tester des portes que vous n'aviez pas choisies précédemment, c'est à dire: nouveaux décors, nouveaux indices, nouvelles enquêtes et surtout, nouvelle facette. De plus, vous aurez la possibilité de zapper les phases dialogues (extrêmement longues, il faut le reconnaître) après avoir fini le jeu une première fois et il ne vous faudra donc en moyenne qu'une 20 d'heures pour finir le jeu à 100%.
Il est très probable de commencer par une mauvaise fin, mais pas de panique! C'est ainsi que vous pourrez appréhender l'univers et les personnages et vous approchez de la vérité un peu plus à chaque fois.
Quelques précisions; malgré le caractère urgent de l'histoire, vous n'aurez jamais de temps limité, ni de compte à rebours. Donc pas de stress, prenez votre temps pour réfléchir, d'autant que vous pouvez sauvegarder à peu près quand vous voulez. Les énigmes sont bien dosées, suffisamment faciles pour ne pas vous bloquer et pas assez évidentes pour que vous ne soyez pas obligés d'y réfléchir plusieurs minutes. Si les chiffres sont très présents, un niveau Bac+4 en maths n'est pas nécessaire (en plus une calculatrice est fournie!), et les énigmes peuvent être assez variées, il y aura ainsi des épreuves qui porteront sur la musique, la chimie ou encore tout simplement l'observation mais à chaque fois, inutile d'avoir des pré-requis, un peu de la logique dont tout être est normalement doué fera l'affaire.
Côté technique, les graphismes sont très bons, c'est une employée de Capcom qui s'est occupée du chara-design et le résultat est très plaisant, chaque personnage ayant un look atypique qui leur correspond assez bien - les décors, quant à eux, sont très réalistes. Mais même pour un visual novel on pourra parfois regretter le côté trop figé de la chose car les cinématiques se comptent sur les doigts d'une main malgré le côté mouvementé et dynamique de l'histoire. Musicalement, ce n'est pas vraiment le genre de musique qu'on écoute pour le plaisir, mais elle remplit sa fonction et colle très bien à l'ambiance et à ce qu'on pourrait attendre de ce genre de jeu, entre moments de tension, phases d'investigations et scènes d'émotion. Mais c'est surtout niveau son que je lève mon chapeau, car ils sont très réalistes: les grincements du bateau, les pas, les portes qui claquent, les coups, l'horloge... tout est très réussi et rend le jeu plus immersif encore.
Maintenant, vous vous en doutez sûrement déjà, mais LA force du jeu, c'est son scénario. Pour être tout à fait honnête, je n'ai encore fini le jeu qu'une fois, avec une bad end qui ne dévoile pas grand chose. Mais je peux déjà voir à quel point c'est bien ficelé, les rebondissements s'enchaînent et on se surprend à y repenser lorsqu'on lâche le jeu, c'est somme tout très prenant et à moins d'être du genre à deviner qui est le criminel à la fin de chaque Mary Higgins Clark ou Agatha Christie, vous irez de surprise en surprise.
J'espère avoir donné envie à certains d'entre vous de le découvrir - si le jeu vous tente, mais vous n'êtes pas sûrs qu'il soit fait pour vous, voici une démo en ligne qui propose le début du jeu (enfin, une version assez différente) et devrait vous donner une idée de l'ambiance, des énigmes et du niveau d'anglais requis:
http://www.aksysgames.com/999/agegateEt voici la critique de jeuxvideo.com qui m'a poussé à découvrir le jeu:
http://www.jeuxvideo.com/articles/0001/00