J'ai l'impression que je ne suis pas venu parler de No Pain No Gain, le dernier film de Michael Bay. Et ce serait dommage que vous passiez à côté. Je suis allé voir le film alors qu'on me l'avait vendu comme un bon Michael Bay, sous-entendu que les deux ne vont pas ensemble. Il y a du vrai c'est un bon film de Michael Bay, son meilleur peut-être mais surtout c'est un très bon film tout court. J'apprécie les blockbusters décérébrés et j'ai un peu de mal avec ceux qui les conspuent facilement. D'une part ce n'est pas forcément facile de le réussir (coucou After Earth) donc malgré tout le réalisateur à succès n'est pas sans talent et d'autre part ces films très grands publics, s'ils ne changent pas notre vision des choses ni ne nous font poser de questions, marquent notre culture quoi qu'il arrive. Et No Pain no Gain avec son côté subversif (non je ne plaisante pas) peut te réconcilier avec Michael Bay toi homme de peu de foi.
Le film est l'adaptation d'une histoire vraie. Vous savez, le genre de fait divers tellement délirant que quand on les lit sur l'internet on se dit que si on voyez ça au cinéma, on n'y croirait pas tellement c'est gros. Là on est plein dedans, à un point que dans le film il y a même des panneaux pour rappeler que c'est bien une histoire vraie.
Le pitch est simple : trois bonhommes, passionnés de bodybuilding et qui n'ont pas inventé le fil à couper le beurre décide de sortir d'une condition médiocre pour vivre le rêve américain d'une façon particulière : le pognon ils vont le piquer à un homme profondément antipathique qu'ils vont kidnapper et extorquer. Bien sûr ça va partir en couille.
Ce film montre donc à quel point le rêve américain est creux et la violence de ceux qui voit les yeux brillants ce mensonge à la téloche quand eux ne pourront jamais le toucher des doigts. Bref, si je voulais faire dans le slogan facile, c'est l'anti Michael Bay. Sauf que c'est soit justement réaliser par le monsieur blockbuster. Il connait tous les codes - pour en avoir définit une partie - et donc les retourne d'autant plus facilement. La mise en scène très léché, très travaillé jusqu'à l'excès (lunettes de soleil d'aviateur, drapeau américain au vent, mecs aux muscles burnés, etc) devient délicieusement ironique.
Mais la plus grande qualité est dans les personnages avec notamment ceux incarnés pas trois acteurs excellents : le leader du gang interprété par Mark Whalberg, la montagne de muscle gentil, drogué et fervent religieux joué par The Rock et le kidnappé Monk (oui il a un nom mais pour moi ce sera toujours Monk). La plus grande qualité est la justesse des personnages. Les bodybuilders sont vraiment crétins, involontairement drôles, résolument criminels (certains passages sont assez glauques) mais toujours attachants. Le kidnappé est un vrai bosseur, intelligent et il est loin d'être né avec une cuillère d'argent dans la bouche : bref, un vrai self-made man (le héros américain) mais c'est toujours un fieffé connard. On est toujours à la limite de la caricature mais les persos sont toujours traité avec une vraie humanité.
Un vrai bon moment de cinéma.