Auteur Sujet: Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?  (Lu 6957 fois)

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Afloplouf

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Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« le: 23 août 2008, 13:47:44 »
Je n'ai pas vu de topic semblable ici, n'hésitez pas à le déplacer si je me suis fourvoyé. Je sais qu'il existe un topic a priori similaire ici, mais ce dernier traite de la japanimation en général. J'estime préférable d'en discuter dans un topic à part pour éviter de parasiter les débats et que ça parte dans tous les sens.

Il y a beaucoup à dire alors j'essaierai d'exposer mes pensées de façon claire. N'hésitez surtout pas à me critiquer et proposer votre propre opinion.

1) Les cibles du marché

Je choisis des mots volontairement économiques parce que c'est de ça qu'on parle aujourd'hui : du commerce. Quel est le marché de la japanime en France ? Aucune idée. Ça peut paraître démentiel dans la mesure où aujourd'hui on fait des sondages pour tout mais il n'y aucune étude possible sur le potentiel du marché de la japanimation en France. Peut-être les éditeurs en des camemberts dans leurs manches mais pourquoi ne pas les communiquer. On aurait vite tendance à devenir paranoïaque et dire que l'absence de chiffres permet à tous ceux qui le souhaitent de ne voir dans les otak' que des ados boutonneux en crise identitaire et déconnectés de la réalité. Ça ferait tâche de déclarer que de futurs (ou actuels) ingénieurs, médecins... regardent des japoniaiseries. Mais je suis peut-être parano effectivement.

Le seul chiffre - ou plutôt nombre - somme toute impressionnant est celui-ci : 14 millions. 14 millions de mangas vendus en France chaque année. Cela fait de notre pays le deuxième marché mondial de ce genre de publications, derrière le Japon bien sûr mais devant les États-Unis ! Je pense aussi qu'estimer que la population du manga et des animes n'est pas une estimation grossière. Mais alors combien de lecteurs ? On n'achète pas qu'un manga par an. D'un autre côté, il y a le prêt (à la bibliothèque ou entre amis) et le scantrad. Les éditeurs disent qu'il faut doubler voire tripler les ventes d'un livre pour connaître le nombre réel de lecteurs. On doit parfois multiplier ce nombre par 5 dans le cas des BDs. Combien pour les mangas ? Je pense souvent au nombre de 10 millions mais je vois peut-être trop gros. Quoiqu'il en soit, peu importe comment on regarde les choses, ce n'est pas un marché de niches.

2) Histoire

Cette partie sera assez courte, tout le monde ici je pense la connais. Le club Do', malgré l'image exécrable qu'il a pu donner à la japanimation pour les raisons que l'on connait a fait énormément. Les chaînes - notamment les toutes nouvelles chaînes privées - doivent créer des programmes jeunesse à prix coûtant. Les animes japonais sont à l'époque un choix parfait. Problème : des séries destinées aux adolescents sont diffusées tôt le matin à des gamins de moins 10 ans. Les politiques se déchaînent pour critiquer leur violence (critique légitime, le public visé n'était pas le bon). Double problème, les éditions françaises s'auto-censurent et doublent un peu n'importe comment et coupent des pans de scénario entiers. Résultat : le tout ne veut plus rien dire et on peut critiquer allégrement la stupidité.

Il n'empêche que toute une génération a été nourrie au sein d'AB. Plus tard, ils se sont tournés vers le fansub, convertis les plus jeunes et lancés une dynamique qui n'a s'est arrêté qu'il y a peu. Mais c'est plus qu'un phénomène de mode aujourd'hui, c'est une part culturelle.

3) L'image de la japanime

Longtemps elle a été mauvaise. Encore aujourd'hui, nombre de politiques - et pas seulement Segolène Royal - et de journalistes regardent d'un mauvais œil les "japoniaiseries". La haine remonte au club Do' et relève aussi d'une incompréhension culturelle. Pour les occidentaux, les dessins animés sont pour les gosses, ce n'est pas forcément le cas des animes. Après il faut relativiser, les animes n'ont pas très bonne presse au Japon non plus. Il n'empêche que le fiel a un goût amer.

Les choses changent petit à petit. Même Télérama s'est découvert un peu avec Monster. Gankutsuou a été diffusé dans un musée à l'occasion d'une exposition.

4) Prix et politique éditoriale

La multiplication des chaînes avec la TNT offre un plus grand espace de diffusion possible encore largement sous exploité. C'est en bonne voie, mais trop lentement. Je ne pense pas faire une annonce fracassante en disant qu'une bonne part de l'avenir de la japanime en France passe par la diffusion sur les chaînes de télé et les revenus publicitaires qui vont avec.

Peu de gens peuvent investir autant dans des séries en DVD. 50 € pour une série de 26 épisodes me semblent une limite mais c'est malheureusement une limite basse dans la plupart des cas. Et pour nombre des séries que j'ai vues, je n'ai pas envie d'en posséder les DVDs.

Tant qu'il n'y aura pas une alternative raisonnable au fansub, pas de salut. Et l'affaire Goldorak n'a pas vraiment aidé.

Conclusion

Je suis pour le développement du marché de la japanime en France. Des VF de qualité, de bonnes éditions DVD à des prix raisonnables et une image de marque enfin restaurée. Ce ne sera pas facile mais je suis persuadé que le poids du public finira par l'emporter. Peut-on enfin espérer que les diffusions télévisées ait une visibilité ?
« Modifié: 24 août 2008, 10:38:26 par Afloplouf »

Faustt

Re : Quel avenir pour la japanimation en France ?
« Réponse #1 le: 23 août 2008, 14:41:16 »
Comme tu l'a dit, tant que les DVDs seront à ce prix là, il est hors de question que j'en achète. 30€ pour 3 ou 4 épisodes, faut pas déconner  :angry:

Et c'est quoi l'affaire Goldorak ?

Beck

Re : Quel avenir pour la japanimation en France ?
« Réponse #2 le: 23 août 2008, 16:07:41 »
Voilà un topic que j'aime bien =}  Pas trop le temps de répondre là, je vais donc juste m'attarder sur un point pour l'instant


Citation de: Afloplouf

Tant qu'il n'y aura pas une alternative raisonnable au fansub, pas de salut. Et l'affaire Goldorak n'a pas vraiment aidé.

[...]

Je suis pour le développement du marché de la japanime en France. Des VF de qualité, de bonnes éditions DVD à des prix raisonnables et une image de marque enfin restaurée. Ce ne sera pas facile mais je suis persuadé que le poids du public finira par l'emporter. Peut-on enfin espérer que les diffusions télévisées ait une visibilité ?
Il suffit d'observer nos habitudes de consommation pour se rendre compte qu'il y a un problème dans le circuit de diffusion. Dans 95% cas, quand on achète un DVD, on a déjà vu l'œuvre via un autre canal comme la télévision ou le cinéma. Seulement voilà, dans le cadre du marché de l'animation, l'unique vecteur de diffusion "officiel" "est le DVD. Seul quelques films feront l'objet d'une sortie en salle avant sortie DVD mais cela reste extrêmement rare. Sans avoir vu la série, le consommateur est donc fortement récalcitrant à investir dans de couteux boitiers DVD.

Que fais alors ? Le fansub offre alors une solution "officieuse" mais nécessite de s'affranchir des lois. Comme tu l'as suggéré, la télévision pourrait également offrir un meilleur espace. Canal+ s'était lancé dans la diffusion de série comme Samurai Champloo, Monster ou encore FMA sur une case à 18h mais n'a pas renouvellé l'expérience. Quelques séries sont parfois diffusé sur le service public mais il s'agit la majeure partie du temps de veilles séries. La TNT pourrait offrir quelques possibilité mais, à ma connaissance, ce n'est vraiment pas le cas. Quant à la chaîne Mangas, elle s'appuie sur un catalogue de veilles séries.

Plus que la télévision, le salut vient peut être d'internet et de la promotion numérique. Je pense en particulier à l'initiative de Gonzo de diffuser ses nouvelles séries sur le site Youtube. Au lieu d'entrée en guerre contre le site de partage vidéo, le studio a décidé de l'utiliser pour faire de la promotion. D'un point de vue personnel, je trouve l'initiative intéressante et j'espère qu'elle sera jugée positive par l'industrie de l'animation japonaise.

Et c'est quoi l'affaire Goldorak ?
Les droits de diffusion de la série Goldorak a fait l'objet d'un litige entre l'éditeur francophone et les producteurs japonais. J'ai retrouvé cette news à ce sujet.
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Afloplouf

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Re : Quel avenir pour la japanimation en France ?
« Réponse #3 le: 23 août 2008, 17:11:53 »
L'affaire Goldorak est assez complexe voire assez sordide mais malheureusement symptomatique de certaines pratiques de l'édition française.

Petit tout d'horizon. Les éditeurs (Kaze...) s'appuient sur des réseaux de distributeurs. Ces mêmes éditeurs sous-traitent d'ailleurs une partie de leurs activité. C'est le cas par exemple du doublage et, plus étonnant, de l'acquisition des droits d'exploitation auprès des nippons.

Je vais vous raconter l'histoire telle qu'elle a été validée par la justice. Mais il reste encore des zones d'ombre. En 2004, Declic Images fait appel auprès d'un partenaire de longue date, RCP, pour essayer de dénicher les droits de ce qu'ils estiment une mine : Goldorak. En effet, après des années d'opposition entre l'éditeur du manga et la Toei productrice de l'anime, les 2 parties se sont enfin mises d'accord et ont publié une édition collector.

Mais des rumeurs courrent comme quoi RCP voudrait voler de ses propres ailes. Rumeur confrmée quand RCP débauche des gens de chez DI pour leur futur label Kero Vidéo. En espionnant le courriel de ces transfuges (!), Declic arrive à la conclusion  que parmi le trésor de guerre de RCP, ils vont emmener les droits de Goldorak. Ni une ni deux ils décident de couper l'herbe sous le pied de RCP. Ils s'associent avec Manga Distribution, en difficulté, pour publier une édition collector pensant que l'accord formel entre RCP et les japonais tiendrait lieu de droit.

Bien évidemment, il n'en est rien et les japonais portent plainte pour contrefaçon. Dans un premier temps, les 3 acteurs français sont condamnés. RCP a beau clamer son innocence, DI et MD rejettent la faute sur lui. Puis, alors que DI et MD continuent de publier les DVDs en attente de l'appel, l'appel invalide le jugement et l'amende. En redressement judiciaire entre temps, RCP, qui a aussi du subir le manque de coopération des autres membres du marché, a déposé le bilan et ne profite pas de l'accalmie.

D'autres piratent allègrement d'autres vieilles séries s'engouffrant dans la brèche juridique. Mais la cour de cassation sonnent la fin de la récré et rétablit l'amende.

Résultat : une image française plus que ternie auprès des studios japonais et une jeune maison d'édition condamnée avant même d'être née.

Faustt

Re : Quel avenir pour la japanimation en France ?
« Réponse #4 le: 23 août 2008, 20:25:27 »
Ce serait pas plus simple de faire payer un forfait (genre 50€) pour pouvoir télécharger autant qu'on le veut ?

Ou alors, le téléchargement serait légal si les publicités au milieu de l'épisode étaient maintenues. Du coup, les marques verseraient plus d'argent aux producteurs, sachant que l'exposition sera plus grande.   ^_^

beragon

Re : Quel avenir pour la japanimation en France ?
« Réponse #5 le: 23 août 2008, 23:32:24 »
Il existe des solutions pour pallier au streaming illégal et probablement  un point de dévelopement sur lequel se penche les producteurs. Il s'agirait de proposer une plateforme de visionnage avec accés forfaitaire payant pour les animes.

Niveau diffusion et prix du marché en France:

Il faut reconnaitre qu'on prend les fans pour des vaches à lait au vu du prix moyen d'un DVD. De facon globale ils sont bien trop cher en Europe. La dessus je vous rassure, les éditions Tartan qui produisent et diffusent Noei par exemple, n'y vont pas avec le dos de la cuilliere pour les packs. Néanmoins, c'est légerement moins cher en UK qu'en France, le DVD de ghost in the Shell me coutait entre 10 et 15€ l'unité.

En attendant il y a quelques bonnes surprises qui trainent deci de là. De passage en France j'ai mis la main sur des coffrets produits par Dybex et Kaze (Gunslinger, Razhexphon, Paranoia Agent, Haibane Renme (sous titre) . La VF lorsque elle était présente, était de qualité. Une relative bonne tenue du contenu supplementaire (les interviews inclus avec Gunslinger sont très intéressant). Je fus agréablement surpris même si dans la moyenne ca coutait dans les 40€ l'intégral, j'ai eu un peu moins de culpabilité d'avoir cédé.

Il y a aussi des editeurs qui me font desesperer, comme ceux qui detiennent les droits pour Higarushi No Karu Ni Kai et sa suite, tout simplement hors de prix pour du sous-titré.

Quand même, tout ca tout ca. Dieu (et Diyo) comprendra.
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Afloplouf

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Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #6 le: 24 août 2008, 10:48:30 »
Oui, j'ai changé le titre de topic puisque voilà une info manga pour la France (entre autres) Et j'annonce la couleur, c'est une annonce qui va faire du bruit, news AK et tout le reste.

Shueisha (Weekly Shonen Jump...) et Shogakukan (avec un catalogue tout aussi impressionnant) qui sont en fait les filiales d'un même groupe vont s'unir sur un petit projet. Vous vous disiez que le stand Jump à la Japan Expo était une reconnaissance des fans français. C'était aussi une reconnaissance du consommateur français. :D

Ces deux grands groupes s'associent donc pour publier directement en Europe, à commencer... par la France. Suivront l'Espagne et l'Allemagne. On apprend au passage que la Kodansha, autre mastodonte va tenter la même opération aux US et on ne voit pas ce qui l'empêcherait de tenter le même coup en Europe.

Sachez aussi que Viz Media (Bleach c'est lui), le pendant vidéo de la maison mère de Shueisha et Shogakukan, va déménager son siège d'Amsterdam à Paris. Et les rumeurs comme quoi Viz Media voudrait fonder sa propre maison d'édition courent toujours....

C'est un tout petit coup de pied au cul des éditions françaises. D'ici à ce que l'on ait un Shonen Jump français dans les kiosques, le rêve est permis...

Edit : J'oubliais presque la source
« Modifié: 24 août 2008, 10:52:38 par Afloplouf »

Beck

Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #7 le: 24 août 2008, 11:55:05 »
J'attendais que la news sur le sujet apparaisse pour réagir (elle est dans le tuyau) mais Afloplouf m'a devancé ^^

Alors, en effet, ce deux gros mastodontes du manga prévoit de publier directement en France à partir de la rentrée 2009. L'information est tombé sur le site Nikkei News et a été repris par le site américain ANN.

Cette arrivée pose quand même pas mal de questions : la répercussion sur les éditeurs francophones, pourquoi la mise en place de cette nouvelle politique d'expansion ou encore les probables répercussions positives sur le consommateurs. Tout un tas de choses que je n'ai pas le temps de développer maintenant : /
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Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #8 le: 24 août 2008, 13:05:05 »
Et bien mi j'ai le temps d'en parler mais je ne savais pas trop par où commencer. Abordons les points que tu as évoqués :

Répercussion sur les éditeurs francophones

Ils ont toujours pour eux ce qu'ils ont déjà achetés. Dans le droit français, une fois les droits d'exploitation, ils ne peuvent être récupérés. Ou alors ils doivent être rachetés, le précédent Albert-RenéDargaud fait office de jurisprudence. Il faut voir aussi ce qu'il y a écrit dans les contrats puisque des droits sur une oeuvre non encore parue peuvent être vendus. Les tomes déjà parus pour Bleach, One Piece... ne peuvent plus l'être par Shueisha à moins d'une vente. Et peut-être même pour les prochains.

Par contre, à l'avenir, il est probable qu'ils aient de difficultés à acquérir des droits d'exploitation auprès de ces deux maisons d'édition. Peu importe comment on tourne l'affaire, c'est une mauvaise nouvelle pour eux. Blague à part, je doute que les maisons d'édition française aient "appris" la nouvelle en même temps que nous. De "belles" batailles sont en perspectives.

Pourquoi cette nouvelle politique ?

La réponse me semble assez évidente. J'ai rappelé le chiffre en tête de ce topic : 14 millions de mangas vendus par an en France. Le 2è marché mondial après le Japon. Tout cela aiguise les appétits. Certes, cela représente un investissements : imprimeurs (?), publicité, distribution. Il n'est pas dit qu'ils rentrent dans leurs frais au début mais ça sera très rentable à la longue.

Répercussions sur le consommateur français

Outre -s'ils osent - des séries qu'on n'auraient peut-être jamais vues autrement, on est en droit d'espérer des parutions plus rapides et, concurrence aidant, des prix à la baisse. Reste la question que tous les Kevins vont se poser : va-t-il y avoir un Weekly Shonen Jump francophone ? La réponse n'est pas évidente. Un magazine à parution hebdomadaire est d'un coût encore plus lourd que de publier un manga. Les deux maisons d'édition ont les assises pour et si la distribution est à la hauteur, les ventes devraient suivre. La question des licences est ici centrales.
Si je le trouve en kiosque j'achète et si il y a possibilité d'abonnement, je prépare le RIB. :D
« Modifié: 24 août 2008, 13:14:36 par Afloplouf »

Beck

Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #9 le: 24 août 2008, 14:30:20 »
Bon là, j'ai un peu plus de temps pour répondre =)

Répercussion sur les éditeurs francophones

"Ils ont toujours pour eux ce qu'ils ont déjà achetés." Ça, je n'en suis pas sûr du tout. Je n'ai aucune connaissance sur le contenu des contrats mais il y a peut être des clauses sur la durée d'exploitation. Par contre, tu cites le précèdent Albert-René Dargaud mais ça parle de quoi exactement ?

"Par contre, à l'avenir, il est probable qu'ils aient de difficultés à acquérir des droits d'exploitation auprès de ces deux maisons d'édition." Surtout que la shueisha est un gros fournisseur de shônen à succès avec des licences comme Dragon Ball, Naruto, Bleach et One Piece. C'est donc potentiellement un gros manque à gagner pour les éditeurs francophones. Mais attention, ceci est valable uniquement si ces deux éditeurs arrivent à se positonner dans le temps sur le marché français.

Pourquoi cette nouvelle politique ?

Comme tu l'as dit, l'aspect économique est sans aucun doute prépondérant dans cette affaire. Je ne connais pas la situation économique du manga au Japon mais cette décision ressemble fortement à un souhait de trouver de nouvelles débouchés. La France, deuxième marché mondial, est alors forcement une cible privilégié.

Répercussions sur le consommateur français

Effectivement, on peut espérer d'avoir arriver des nouveautés plus rapidement et moins chère. Et là aussi, casser les prix risquent de mettre à mal les éditeurs français. Quand à l'idée d'un Weekly Shonen Jump francophone, pourquoi pas. Il existe bien des éditions spéciales américaines.

Sinon, pas grand chose à rajouter pour le moment. De toute manière, tant qu'on ne saura pas la politique éditoriale et commerciale du groupe, difficile de se faire une idée des répercussions que çela aura.
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Afloplouf

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Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #10 le: 24 août 2008, 15:00:15 »
Répercussions sur les éditeurs francophones

- Effectivement, les contrats de cessation de droit d'exploitation (on sort l'artillerie du vocabulaire juridique) peuvent inclure des clauses de limitation dans le temps. Pour être précis, elle en inclut toujours c'est obligatoire mais la durée est variable. Si des gens de chez Kana ou autres passent dans le coin, qu'ils nous tiennent au courant des clauses des contrats. Selon ces clauses, ça empêcherait aussi vraisemblablement une pré-publication puisqu'elle pourrait être considéré comme un manque à gagner.

- Pour le litigieux entre Albert-René et Dargaud, c'est l'affaire Astérix. Uderzo (après la mort de Gosciny) est en désaccord avec Dargaud et publie les nouveaux albums d'Astérix. Le dessinateur veut aussi récupérer les anciens albums mais Dargaud dit qu'il possède encore les droits d'exploitation. Après de multiples procédures judiciaires, la justice donne raison à Dargaud et Uderzo doit signer un gros chèque pour racheter les droits.

Pourquoi cette nouvelle politique ?

La situation au Japon ? Justement, les magazines de pré-publication sont en léger recul depuis quelques temps et il n'y a pas de nouveaux débouchés, la situation stagne depuis des années. S'ils veulent se développer, l'étranger est une option incontournable. Rappelons au passage que le prix des volumes reliés au Japon est de l'ordre de 3 euros au maximum, moitié moins qu'en France. Je vous laisse seuls juges.

Starrynight

Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #11 le: 24 août 2008, 22:24:19 »
Très intéressant tout ça. Merci Afloplouf d'avoir lancé le sujet. :)

Je souhaite juste réagir à quelques points sur les mangas et magazines de prépublications.

Magazines de prépublications :
Je peux bien entendu complètement me gourrer (je n'ai qu'une vision très partielle du marché et de son potentiel) mais ça m'étonnerait beaucoup qu'on voie arriver des magazines des prépub style Weekly Shonen Magazine ou autre en France. Raisons : primo, certaines éditeurs ont tenté de sortir des magazines de ce style (mais à une moindre échelle) et ça a été plus ou moins un fiasco (désolé, j'ai plus d'exemple en tête), secondo, les habitudes de lecture sont très différentes : un magazine de prépub au Japon est un pavé de plusieurs centaines de pages dans un papier moche qui vaut rien avec une qualité d'impression médiocre et qui coûte quelques euros. On le lit dans le métro avant de l'abandonner au lecteur suivant ou de le mettre à la poubelle. Je ne vois pas trop ce type de comportement arriver en France.

Mangas :
Comme le fait remarquer Beck, les éditeurs japonais ont de plus en plus de mal sur leur marché intérieur (magazine de prépub qui se casse la gueule justement) et manga en mi-teinte, donc je pense qu'ils ont besoin d'air frais.

Quant au prix, le manga est en effet moitié moins cher au Japon, mais la quantité publiée (et donc les baisses de coût de production engendrées, ainsi que le volume de lectorat) n'est pas la même non plus. Sans compter que grâce aux magazines de prépub, les éditeurs japs prennent a priori moins de risques à publier une nouvelle série (le lectorat est déjà plus ou moins acquis), alors que les éditeurs français ne savent a priori pas trop comment va être accueillie une nouvelle série (rien ne dit qu'elle marchera en France, même si elle fait un tabac dans l'archipel).

Désolé, ce post fouillis est écrit à la va-vite :/

Lisez les news.

"Je m’intéresse à l’avenir car c’est là que j’ai décidé de passer le restant de mes jours" (Woody Allen)

beragon

Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #12 le: 25 août 2008, 00:50:02 »
certaines éditeurs ont tenté de sortir des magazines

Yep, ils ont été fermé pour la plupart. Cela incluait feu PIlote qui était une pre-publication, les mensuels des éditions soleil (Lantefeust mag est il publié encore en France ?). Le seul magazine de pré-publication qui survit est BoDoi. Il y a eu, lonnnnnngtemps avant (durant mon adolescence, donc facilement 15-16 ans (bouh le vieux je sais), deux ou trois titres qui se rapprochaient justement des Weekly shonen mag et Jumps, ils n'ont pas vécu deux ans.
Quand même, tout ca tout ca. Dieu (et Diyo) comprendra.
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Beck

Re : Quel avenir pour la japanimation/manga en France ?
« Réponse #13 le: 25 août 2008, 08:50:46 »
Citation de: Starry
Sans compter que grâce aux magazines de prépub, les éditeurs japs prennent a priori moins de risques à publier une nouvelle série (le lectorat est déjà plus ou moins acquis), alors que les éditeurs français ne savent a priori pas trop comment va être accueillie une nouvelle série (rien ne dit qu'elle marchera en France, même si elle fait un tabac dans l'archipel).
Pour moi, tu mets là en avant une grande question : quelle est la connaissance qu'on la Shogakukan et la Shueisha de notre marché français ?

Car, vouloir s'imposer directement en France, c'est bien. Y parvenir, c'est quand même autre chose. Comme l'a dit Starry, toute la production nipponne n'est pas forcement exportable en France et il va falloir qu'il mette une politique éditoriale efficace pour parvenir à leur fin.

Pour revenir sur les magazines de prépublication, d'après ce que dit Starry, il y a une nette différente de comportement entre japonais et occidentaux. Mais, pour moi, je pense que çela pourrait fonctionner si un Shonen Jump arrive dans les kiosques.

Et merci à Afloplouf pour l'explication sur l'affaire Astérix ;)
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