Je continue le visionnage des vieilles séries qui ont "bercé" mon enfance. Ok j'avoue, j'ai surtout suivi les épisodes pendant 2 petites semaines de vacances un été chez mes grands-parents, donc le simple fait que je m'en souvienne encore aujourd'hui laisse à penser qu'il y avait sans doute quelque chose pour que l'anime me marque.
Phantom 2040:
Au XVIème siècle, un jeune marin, unique survivant d'un abordage de pirates, décide de lutter contre le crime et l'injustice. Connu sous le nom de "Fantôme" ou "d'Ombre qui marche", ses adversaires disent de lui qu'il est immortel et reviendra systématiquement tourmenter ceux qui pensaient lui échapper.
La clé de cette immortalité est en réalité que chaque descendant mâle du "Fantôme" prend la place de ce dernier à sa majorité, la proximité morphologique d'une génération à l'autre permettant de créer l'illusion de persistance à travers les siècles.
En 2040, alors que le monde voit son équilibre écologique ravagé et ses ressources naturelles épuisées, le jeune Kit WALKER apprend qu'il est le prochain "Fantôme". Il s'engage à lutter contre le groupe industriel Madison, tenu d'une main de fer par la redoutable femme d'affaire Rebecca MADISON, dont le but est de créer une cité de haute technologie auto-suffisante qui permettrait à une élite fortunée de vivre en autarcie, tandis que le reste de l'Humanité devrait dépérir dans un monde ultra-pollué avec une biosphère détruite à 99%. Phantom 2040 - Opening (Youtube)Mon avis: Honnêtement, je doute qu'un anime comme celui-ci puisse aujourd'hui sortir dans les mêmes conditions qu'en 1994 (un an avant le chef d’œuvre
Ghost in the Shell au passage): sur une émission de jeunesse (les
Minikeums), à visée d'un public jeune.
L'univers qui y est décrit se révèle effectivement particulièrement sombre et dénué d'espoir tant le monde semble à l'agonie. Les jungles et forêts y ont été quasiment rasées et remplacées par des déserts depuis des années. Seuls restent quelques dômes protégés dont la classe dirigeante semble se foutre éperdument (et est même prête à anéantir si ça peut servir ses intérêts), la pollution se fait sentir jusque dans les villes les plus modernes (avec de régulières catastrophes). Le développement de la robotique entraîne une progression foudroyante du chômage dans les classes les plus fragiles de la population, la cybernétique à outrance finit par créer de véritables monstres dépendant de leurs implants, et la dernière fois qu'un Humain lambda a mangé autre chose qu'un repas reconstitué chimiquement remonte à Mathusalem...
Pourtant, malgré ce décor peu engageant, des personnages aux origines aussi diverses que variées continuent de penser que l'Humanité a encore un avenir, et que les erreurs du passé peuvent être réparées, par ces mêmes sciences et technologies qui l'ont menées au bord du gouffre. C’est au fil des épisodes plus ou moins liés entre eux (on n’est pas dans un schéma un épisode = un adversaire) qu’une lueur d’espoir, si infime soit-elle, apparaitra.
L'anime est loin d'être aussi manichéen qu'on pourrait le croire, chaque personnage suit simplement sa propre ligne de conduite en fonction de ses objectifs, et pourra être amené à revoir son jugement au fil des rencontres faîtes et des actes dont il sera témoin ou instigateur.
Le spectateur sera amené à découvrir diverses thématiques relativement matures et à s’interroger dessus lors de son visionnage, qu’il s’agisse de la mort et du travail de mémoire envers des personnes disparues, de l’usage ou non de la violence pour arriver à ses buts, d’écologie (de manière plus convaincante et crédible qu’un
Capitaine planète), de robotique, d'intelligence artificielle ou de cybernétiques, thèmes encore assez peu explorés et inconnus du grand public.
Le personnage du Fantôme, créé en 1936 par l’américain Lee FALK, fait (du moins pour l’anime, je ne connais pas le support papier) penser à un mélange de plusieurs héros de Comics. Dépourvu de pouvoirs surnaturels, il se repose avant tout sur une série de gadgets ou véhicules et un entraînement intensif comme le ferait Batman, préférant cependant faire usage d’un grappin magnétique pour sauter d’un immeuble à l’autre comme le ferait Spiderman.
Bien qu’encore jeune, il possède déjà un grand sens des responsabilités et s’interdit de tuer, même en ayant sa redoutable antagoniste à portée de « pistolet », dont il pourrait arrêter les machinations en appuyant simplement sur la gâchette à plusieurs occasions.
Et surtout, malgré ce que laisse penser sa légende, il n’est pas seul. Il est accompagné de toute une petite équipe d’alliés qui lui permettent de pallier ses faiblesses et de le guider dans sa quête. La plupart le rejoindront en cours de série et apporteront leurs compétences personnelles avec eux, qu’il s’agisse de jouer le rôle de mentor, d’encyclopédie vivante ou de hacker/mécanicien de génie, parfois même de soutien direct sur le terrain.
Pour ce qui est de la réalisation, on reconnaitra le design très longiligne des protagonistes, qu’on a déjà pu observer dans
Alexandre le grand. Il donne une apparence et un visage relativement inquiétants (car déformés) à la plupart d’entre eux. A titre personnel, j’ai toujours eu du mal avec ce chara-design particulier, mais comme il me semble moins marqué ici, ça passe encore. Mais imaginez un gamin qui connait surtout des visages ronds et sympathiques façon Disney.
On notera aussi l’inclusion de plans en images 3D qui ont forcément vieilli depuis le temps, mais restent malgré tout agréables à regarder si on n’est pas trop tatillons.
Bref, voici un anime qui était clairement en avance sur son époque et n’hésitait pas à considérer son (jeune) public cible comme suffisamment mature et intelligent pour appréhender des problématiques complexes et avant-gardistes, ce qui me semble devenu encore trop rare actuellement, même si je note certaines productions récentes plus abouties.