En cours de rédactionAucun topic n’existait pour ce jeu. Je teste depuis une semaine, et je profite donc de l'occasion pour en créer un.
Petite piqûre de rappel: Wakfu est un MMORPG "Made in France" (si si, ça existe) réalisé par la société Ankama. Celle-ci n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle est également à l'origine du jeu Dofus, dont le succès (bien que modeste par rapport à d'autres mastodontes) ne se dément pas depuis sa sortie en 2004, soit déjà une décennie de vie... Je pourrais citer pas mal de titres qui n'ont pas eu autant de chance et sont vite retombés dans l'oubli, malgré des moyens nettement plus importants.
Bref, une petite success-story à la Française, mais passons...
Commençons par l'histoire, la base de l'univers que l'on sera invités à parcourir, qui se déroule 1000 ans après les évènements de Dofus.
Tout commença avec un ogre nommé Ogrest qui décida un beau jour de parcourir le monde à la recherche des 6 Dofus: des œufs magiques offrant un pouvoir quasi illimité à quiconque parviendrait à les réunir (un peu comme Dragon Ball, mais en omelette quoi). Durant son périple, Ogrest ravagea des contrés entières, distribua des baffes à tout va, et envoya une bonne partie des héros croisés sur sa route à l’hôpital avec un bon mal de crâne (quand ils n'étaient pas simplement réduits à l'état de crêpe sanguinolente)...
Mais il ne cherchait pas le pouvoir, la richesse ni même la gloire. Tombé éperdument amoureux d'une femme, il souhaitait par cet acte hors du commun conquérir le cœur de celle-ci, et lui remit donc les 6 œufs. Malheureusement pour lui, la belle ne faisait que peu de cas de ses sentiments, et entendait bien utiliser la puissance entre ses mains pour réaliser ses rêves mégalomanes.
Nul ne sait ce qui se passa réellement ensuite, mais la version la plus communément admise est qu'Ogrest, blessé dans son orgueil et son cœur précipita la traitresse dans les abîme où elle disparut définitivement. Puis, désespéré, il monta au sommet du mont Zinit d'où il pleura toutes les larmes de son corps. La puissance des Dofus fit que le niveau des océans en fut brutalement affecté et en un temps record, la plupart des terres furent englouties sous la mer.
1000 ans plus tard, l'ogre pleure toujours au sommet de sa montagne, et l'humanité s'est réorganisée en 4 nations distinctes, repeuplant les îles qui composent désormais le monde de Wakfu.Wakfu, le petit frère de Dofus, sorti en 2012. A la fois très proche et très éloigné de son aîné.
Très proche car on retrouve une réalisation graphique similaire (quoique nettement améliorée) ainsi que la plupart des classes présentes auparavant. Néanmoins, le gameplay de celles-ci a subi pas mal de changements. Chacune d'entre elle possède 3 listes de sorts élémentaires (eau, feu, terre, air selon la classe) ainsi qu'un arbre spécifique caractéristique de la classe choisie. Si les sorts élémentaires gagnent de l'XP à chaque utilisation (pour un niveau maximal de 200), les sorts spécifiques montent de manière plus classique, en dépensant des points gagnés à chaque nouveau niveau de personnage. De cette manière, on peut théoriquement avoir un personnage relativement unique qui se concentre sur un aspect spécifique de la classe. Dans les faits, étant donné qu'on peut si on le souhaite monter tous les sorts élémentaires au niveau max (leur évolution ne dépend pas du niveau du personnage), les membres d'une même classe devraient à terme avoir le même deck de sorts, cela-dit, l'ampleur de la tâche devrait suffire à inciter les joueurs à ne se concentrer que sur un ou 2 arbres. Pour ce qui est des sorts spécifiques, les points de compétence ne permettent de débloquer qu'une partie de ceux-ci pour les monter à haut niveau, mais il y a généralement des indispensables qui seront privilégiés par les joueurs dans leurs builds. Bref, dans la théorie, on peut faire comme on veut, dans la pratique ce seront fréquemment les mêmes stratégies qui seront employées. Le jeu n'est pourtant pas tant que ça redondant: avec 16 classes disponibles se basant chacune sur un gameplay particulier, il faudra savoir s'adapter en fonction du groupe rejoint.
Si certaines classes sont relativement basiques (dps close ou distance, soigneur), la plupart reposent sur des mécaniques uniques et bien souvent surprenantes (un Ecaflip qui joue presque toutes ses attaques sur le hasard et la chance pourra être un dieu lors d'un combat, et une catastrophe ambulante au suivant par exemple), qu'il faudra maîtriser avant dans tirer le plein potentiel (pas vraiment intuitif au début).
La feuille de perso étant relativement complexe, et le reset des statistiques plutôt rare, il faudra éviter d'améliorer son personnage à l'aveugle, sous peine de le rater très facilement. De ce point de vue, malgré son aspect gamin, le jeu se montre donc plutôt exigeant et punitif en cas d'erreur.
Les combats se déroulent au tour par tour, sur un champ de bataille plus ou moins grand, organisé en damier (comme dans un bon vieux tactical RPG). On retrouve globalement une bonne partie du bestiaire de Dofus, notamment en début de jeu, avec les emblématiques Bouftous et Pious... Tout au long de l'aventure, on sera amené à visiter des donjons éparpillés ici et là sur la map. De ce point de vue, le ton est plutôt léger et Ankama ne manque pas d'humour. Le premier donjon (La maison de la mère Michou) présente l'esprit complètement décalé du jeu, puisqu'on visite la maison d'une petite vieille qui a curieusement disparu. On découvre bien vite que ce sont ses chats qui ont pris possession des lieux, avec à leur tête un spécimen particulièrement imposant qui a encore des petits bouts de sac à main coincés entre les dents.
La grande nouveauté du jeu réside dans son système politique, écologique et commercial: ici, vous ne croiserez aucun PNJ, hormis les chefs de clans qui se contentent de "gérer" une région de la carte, fixent les taxes et permettent d'apprendre les métiers disponibles. Tout le reste est mis entre les mains des joueurs: ce sont eux qui achètent, produisent et vendent les équipements nécessaires à l'aventure, il y a bien le drop sur les monstres, mais le plus souvent, on ne récupère que les matières premières à transformer.
Même chose pour la politique: ce sont les joueurs qui élisent les dirigeants de chaque nation parmi la communauté (toutes les 2 semaines). Une fois en place, ceux-ci ont alors le libre choix de faire ce qu'ils veulent, fixer les taxes, proclamer les lois et déclarer la guerre aux autres nations. S'il en a envie, le dirigeant d'une nation peut véritablement mettre celle-ci en plein chaos et l'isoler du reste du monde en décidant par exemple que les visiteurs d'une autre contrée doivent être traqués et éliminés sitôt qu'ils débarquent.
Même chose pour l'environnement. Il faut à tout prix faire en sorte d'assurer la survie des espèces présentes sur une région. Si les joueurs coupent tous les arbres, tuent toutes les bestioles et pillent les récoltes comme dans n'importe quel MMO classique, il ne faudra pas longtemps pour qu'il n'y ait plus aucune ressource disponible sur la carte. Il faudra alors chercher dans une autre zone un spécimen de plante pour réintroduire l'espèce dans la région. Bref, quand on se prépare à faire de la déforestation plus ou moins massive, il est préférable de prélever quelques boutures sur les arbres pour pouvoir les replanter ensuite. Même problème pour les bébêtes: si on massacre à tout va sans réfléchir, juste pour faire de l'XP ou dropper des ressources pour jouer au chef cuistot, très vite on risque d'avoir une espèce en voie d'extinction. Bien sûr, la plupart des bestioles sont capables de se reproduire (la copulation du Bouftou, c'est quelque chose), mais le procédé est un peu lent. La méthode la plus efficace reste de prélever de la semence, puis de la replanter sur le sol pour qu'après un petit moment, une mignonne (ou pas) créature sorte de terre et se mette à gambader joyeusement.
Bref vous l'aurez compris, dans ce jeu, les actions des joueurs sont loin d'être anodines, et en cas de conflit, on peut potentiellement ravager un territoire en bousillant écosystème.
Dommage par contre que la taille de l'inventaire soit si réduite, là aussi il faudra faire des choix entre ce qu'on jette et ce que l'on garde. Le Havre-Sac apporte un peu d'aide pour la gestion de l'inventaire: c'est un espace faisant office de Housing dans lequel on peut créer une boutique mobile pour mettre en vente le fruit des récoltes et du craft. Au début il est un peu petit, mais au fil du jeu, on peut augmenter sa taille en lui rajoutant de nouvelles salles et éléments de décor.
Avec tous ces éléments qui ne sont pas sans faire penser à EVE Online (le monde géré par les joueurs), il y a à priori de quoi faire. Encore faudrait-il qu'ils soient un peu plus matures, les joueurs...
Avec une moyenne d'age relativement basse (13-14 ans), on va dire que le monde n'est pas entre des mains expertes. Bien sûr on peut toujours trouver un groupe sympa pour filer un coup de main, mais sur la zone de départ (sans compter le prologue), c'est vraiment la jungle. La plupart des ressources sont nettement en manque par rapport à la demande, et il m'est arrivé de tourner quelques minutes avant de trouver le mob dont j'avais besoin, ou une plante à récolter. J'ai même eu des joueurs qui venaient juste sous mon nez piétiner les plantes que je venais de mettre en terre (eh oui, ça aussi on peut le faire), je n'ai pas mis longtemps à comprendre pourquoi rien ne poussait sur les champs de céréales de la carte. Et j'évite aussi de lire le chan principal: les engueulades d'ados à l'égo surdimensionné, ça ne fait sourire qu'un temps.
Heureusement que ça s'améliore un peu dès que l'on quitte cette fameuse première zone.
Terminons maintenant sur le financement du jeu: il est possible de jouer en F2P, mais rapidement cela montre ses limites: on peut certes visiter l'ensemble de la map, mais sortis de la région d'Astrub, on ne peut plus rien faire. L'abonnement est l'un des moins chers que j'ai pu voir (15 euros pour 3 mois de jeu), mais reste malgré tout un frein pour certains joueurs.
Et globalement, la communauté se plaint du suivi des développeurs, de leur manque de réponse aux questions, et du fait qu'il y ait un déséquilibre certain entre les classes. Bon, j'ai envie de dire que venant de joueur adolescents, pas forcément patients, habitués à WoW et autres produits prémâchés il doit y avoir un brin d'exagération. Je ne suis pas encore allé assez loin pour juger de la véracité des accusations, mais j'imagine qu'il y a malgré tout un fond de vérité dans les critiques que j'ai pu lire...
Pour conclure, malgré un aspect enfantin, le jeu semble avoir des éléments pour présenter un véritable challenge et des épreuves corsées aux joueurs. Dommage que les éléments de gameplay soient gâchés par une communauté quelque peu immature.