Critique de l'anime Beastars (TV 1)

» par Skidda le
28 Mai 2022
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Bienvenue dans Beastars. Oui, bienvenue dans ce Zootopia pour adulte, cet anime un peu olé-olé qui a fait saliver les furrys et dont la production full 3D a ravi les weebs. Son nom a déclenché pas mal d’alarmes avant sa sortie mais vous pouvez sereinement les ignorer car Beastars est assez unique et un vent de fraicheur dans le paysage de la japanimation.

Cette oeuvre nous plonge donc dans un monde peuplé d’animaux anthropomorphiques vivant en harmonie. Ou pas, car la fracture endémique entre herbivores et carnivores perdure et se manifeste régulièrement, dans le sang ou plus subrepticement. Explorer l’univers de Beastars et ses tensions bestiales s’avère très prenant, une découverte qui se fait à travers des scènes parfois désopilantes (le segment sur la poule pondeuse par exemple) et parfois glauques (la scène du marché noir notamment).

Un animal en particulier va remettre en question son environnement. Il s’appelle Legoshi : loup gris, élève de l’académie Cherryton et membre de son club de théâtre. Contrairement à son apparence féroce, ce Canis Lupus apparaît comme un être doux, timide et naïf. Le contraste ne s’arrête pas là et dans le coeur de Legoshi se cache une honte, un dégoût même, envers sa propre nature de carnivore, qui le conduit à s’isoler de ses camarades. En proie au questionnement et au doute, notre prédateur va voir sa vie d’autant plus ébranlée que lorsqu’il va tomber sous le charme d’une lapine naine, Haru, qu’il trouve à croquer. Littéralement ou non, voilà le dilemme auquel la bête va devoir faire face.

Une bonne partie de la série est consacrée à cette quête de la chair, où se noient instinct animal, désir sexuel et amour véritable. Legoshi est accablé par des sentiments certainement compliqués qui font de lui un excellent protagoniste; entraîné par ses contradictions mais toujours consistant dans sa personnalité et son évolution.

Les autres personnages principaux sont tout aussi complexes : entre Haru, cette petite gibelotte sur pattes qui couche à tout va pour une raison existentielle, et Louis le cerf, cet élève star torturé qui souhaite surpasser sa condition d’herbivore. Les acteurs plus secondaires sont également dignes d’intérêt, Juno entre autres, et dans l’ensemble la série peut se targuer d’une riche ménagerie.

Beastars est une oeuvre souvent fort lugubre et la pure démence de certaines scènes donne lieu à ses moments les plus forts. Cela dit, je ne voudrais pas donner une image trop sombre à cet anime car l’humour et les flâneries sont des parts tout aussi essentielles. Noirceur n’est pas non plus synonyme de profondeur et l’intrigue reste somme toute très simple, voire clichée en ce qui concerne la figure antagoniste du Shishigumi. Le voile autour du « beastars », titre donné à une certaine élite de la société, est déjà plus intéressant mais finalement peu abordé, tel un McGuffin avorté. A voir si la suite, d’ores et déjà annoncée, saura répondre à mes frustrations.

En revanche, il n’y a aucune réserve à avoir au sujet de l’atmosphère se dégageant de chaque épisode. Nous pouvons remercier en particulier l’excellente bande-son tout en jazz créé par Kôsaki Satoru (Haruhi Suzumiya). La 3D soignée du studio Orange fait une nouvelle fois ses preuves après l’onirique Hôseki no Kuni et bien que parfois inconstante, elle contribue tout autant au charme de l’oeuvre.

Durant ces douze épisodes, Beastars m’a plus d’une fois donné l’impression de jouer avec le feu, prêt à basculer à tout moment dans une pente descendante et céder au fétichisme crasse. Mais en ce qui concerne cette première saison, ce dangereux équilibre a au contraire donné lieu à une expérience fascinante que je recommande sans hésiter.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Skidda, inscrit depuis le 15/07/2013.
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