Dororo - Une histoire de sans dents.

» Critique de l'anime Dororo (TV 2019) par GTZ le
04 Mai 2020
Dororo (TV 2019) - Screenshot #1

Pour les trois du fonds, dont je faisais partie, donc on était quatre en fait, Dororo est l'adaptation d'un manga d'Osamu Tezuka, Aka, Le Dieu du Manga.

Plus vraiment besoin de présenter le monsieur, il est dans le panthéon des grands gens, avec Leonard de Vinci, Nabila et bien entendu l'inventeur du Whisky, un mec qui s'appelait Bernard.

Donc on lui doit beaucoup à Tezuka, par contre à Nabila on lui doit rien. Tezuka en somme, c'est la base même du médiat que nous apprécions, en ayant fondé la plupart des codes narratifs et visuels.

Voilà pour la petite présentation du monsieur. Autre point à souligner, vu l'époque où il était actif, époque de grands changements sociétaux dans les diverses régions du globe, l'après guerre, tout ça tout ça. L'homme était un activiste, un foutu islamogauchiste s'il avait vécu à notre époque.

Les différences et les violences sociales, la misère et la mesquinerie humaine, la guerre par extension et ses conséquences et aussi la force des plus humbles, l'humanisme en son ensemble, sont les principaux axes de ses œuvres.

C'est là que se présente à nous Dororo, une de ses histoires, déjà adapté en 1969, l'année qui a suivi la révolte des choux fleurs, dont les conséquences sont encore palpables de nos jours. Enfin 1968 quoi, il s'est passé deux trois trucs un peu partout dans le monde à cet époque. Les étudiants du monde entier, comme un accord, prenaient des coups de matraques de CRS en toute convivialité pour des trucs triviaux comme la volonté d'un monde meilleur.

Dororo (TV 2019) - Screenshot #2Je peux vous dire qu'ils ont pas réussit quoi.

Donc Dororo déjà à son époque, comme un Devilman ou un Ashita no Joe d'autres camarades, parlaient bien à leur temps, et tristement nous parle encore.

Dans la continuité entamé en 2018, avec le remake de Joe en la présence de Megalobox et la mise à jour de Devilman avec Devilman Crybaby, débarque l'année suivante du Studio Mappa, accessoirement du Studio Tezuka aussi, mais ça c'est normal, Dororo.

Alors Mappa ça va c'est pas des guignols et le Studio Tezuka c'est des gens qui connaissent la signification du mot respect, Tezuka oblige.

Donc c'est plutôt jolie à regarder. Soyons rassurer que visuellement, qualitativement parlant, le show assure le spectacle.

Dororo (TV 2019) - Screenshot #3Maintenant parlons du Show. L'histoire contée est celle d'un seigneur d'une terre en dérive, un homme ambitieux, qui pour assurer la survie de son clan et par la même occasion prospérer un peu si ce n'est beaucoup, cet homme avide de pouvoir, sacrifie son premier né, son fils, à une dizaine de démons qui se nourriront chacun d'une partie du corps de l'enfant, donnant en échange le dû réclamé.

L'enfant naît totalement infirme, sans peau, sans nez, sans oreilles, sans membres, sans rien, juste la volonté de vivre, la force de vivre de tout humain à qui on a tout arraché. Jeter dans un ruisseau, abandonné tel l'enfant élu de la plupart des mythes, il est alors recueillie par un prothésiste qui par humanité va l'élever et tenter de le réparer. L'enfant grandit, apprend à survivre mais pas à vivre, mais apprend surtout à tuer, à tuer ses ennemis, les démons ayant volés les parties de son être, parties qu'il tient absolument à récupérer pour enfin exister.

Dans ses pérégrinations, notre guerrier mi homme, mi quelque chose, rencontre un jeune enfant, le fameux Dororo.

S'en suit alors une aventure à travers un Japon médiéval en proie aux calamités de son temps, guerres, famines, brigandages, épidémies. Une sale époque quoi, ou les plus humbles, les miséreux, les sans dents, vivent sous le joug des armées et des puissants, qui eux jouent sur la table du destin, leur partie de Risk à grande échelle.

Dororo (TV 2019) - Screenshot #4Alors de là on va voyager, découvrir le passé de nos protagonistes et des couples d'histoires ou des aventures uniques avec le démon du jour. Plusieurs tableaux nous sont montrés, très souvent dramatique, ce monde possédant peu d'espoirs, essentiellement de la souffrance, d'un monde qui ne change pas, qui ne va pas en s'améliorant.

L'histoire se déroule, de rencontre en rencontre, d'évolution en évolution, de partie en partie, Dororo devient de plus en plus centrale dans l'histoire, et notre pantin psychopathe assoiffé de sang démoniaques s'humanise aussi. Mais finalement, les démons, les humains, ne sont pas si éloigné, leur volonté cupide, assoiffé, de se nourrir des autres, de les sacrifier ne font que les rapprocher.

Alors de là, on retrouve ce que j'ai souligné plus haut, dans les traits principaux des récits de Tezuka. Dororo est alors une série qui parle et le fait pas trop mal, sur une grande partie du show, parfois de la surenchère dans le drame, mais juste ce qu'il faut. Musicalement bien accompagné et des affrontements en général bien animé, dans le haut du panier. Quelques épisodes notables, à l'art plus poussé, plus fort même dans leur démarche ressortent. Cela finit par convaincre de la qualité du produit. De plus ça tranche avec passion, on ne va pas s'en plaindre.

Reste la conclusion, en cela je ne dirai pas bâclé, mais mal mené. Amenant un final dramatique et "épique", en tout cas théâtrale, surement trop. Car cela ne parait pas nécessaire, plus de simplicité aurait finalement été nécessaire afin de bien conclure notre parcours, notre leçon. Tout avait déjà été démontré.

Reste à nouveau, un curieux déroulé final, entre un débat et un affrontement enflammé, le premier anecdotique le second visuellement époustouflant mais manquant bizarrement d'impact malgré la préparation préalable.

L'anime finit finalement en cinq minute après trente cinq de montées. C'est finit, c'est le départ, on verra si un jour ils ont apprit. Plus tard, sait-on jamais. Mais comme souligné à la fin, la période historique succédant nous prouve bien le contraire. De plus la solution proposée permettant de s'émanciper du système, laisse songeur sans démonstration.

Alors dans tout ça, notre Dororo, notre "héros", reste ce qu'il y a de plus convaincant dans cette série, notre parangon d'humanité, qui malgré toutes les souffrances et son passé, porte en flambeau le futur.

Que retenir finalement, quarante ans plus tard, le propos parle toujours, cela est évident, mais quarante ans plus tard, surement un peu plus de prise de risque dans le traitement, à l'instar des autres remakes cités, moins de pathos aurait davantage aidé à balancer ce qu'il fallait vraiment balancer.

Un pouvoir battit sur le sang est impossible à protéger ou à faire perdurer.

On attend toujours le Grand Soir quoi.

7.5

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

GTZ, inscrit depuis le 09/06/2010.
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