G no Reconguista – Mobile Chiottes Gundam

» Critique de l'anime Gundam: Reconguista in G par Deluxe Fan le
08 Avril 2015
Gundam: Reconguista in G - Screenshot #1

« Y’en avait partout. »

« Tout autour de moi, et même sur moi j’en avais. C’est comme si le monde s’était subitement peint en rouge, comme si le Bon Dieu avait marché sur la télécommande et bousillé le code couleur de l’Univers. Y’a pas dix minutes que le mec était à côté de moi et maintenant j’avais les morceaux dégoulinants de sa cervelle répandus sur ma gueule. »

« J’ai même pas vu exactement comment c’est arrivé. On avait commencé l’épisode un, on pensait que ça irait tranquillement cette fois. A soixante-douze ans, ce macaque de Yoshiyuki Tomino ne pouvait pas être aussi dangereux qu’il était au plus fort de sa carrière. C’est un vieillard sénile, tout le monde le sait, ils lui avaient forcément collé un type de chez Sunrise pour l’assister et corriger son boulot. C’est comme ça que ça aurait dû se régler. »

« Et bah même pas. Carte blanche qu’il avait le vieux. Réalisation, scénario, storyboard, script, il cumulait tous les postes. Du 100% Tomino, aussi pure que la came de Walter White. Tu m’étonnes que le gens normaux y résistent pas. Il lui a pas fallu dix minutes, à l’autre. Dix minutes et boum, comme un ballon de baudruche qui pète. »

Gundam: Reconguista in G - Screenshot #2« Je le connaissais même pas le mec. Un jeunot qu’ils avaient sélectionné pour la mission. Soi-disant élite de l’armée, major de promo, je sais pas quoi. Je leur ai dit pourtant que ça servait à rien. Toutes les horreurs que j’ai vues au Vietnam ne valent pas un pet devant un épisode d’un anime de Tomino. Les jeunes d’aujourd’hui sont pas armés contre ça. On peut pas les y préparer. »

« Évidemment on a arrêté l’épisode quand ça s’est produit. L’écran était plein de sang, on voyait plus rien. La gamine s’est mise à hurler. Une fille qu’ils avaient amenée pour la mission, une doctorante en psychologie spécialiste des traumatismes de guerre, ou un truc comme ça. Ça aussi c’est des conneries. Comment une gamine qui a jamais mis les pieds sur le terrain pourrait nous comprendre, nous, les vétérans ? J’ai rien contre les bonnes femmes, attention. Mais ce genre de mission c’est pas pour les tarlouzes, et encore moins pour les filles. »

« L’équipe médicale est entrée et a sorti le corps. La fille se débattait, il lui ont planté un sédatif et l’ont sortie aussi. Il restait plus que moi. Comme d’habitude. »

Gundam: Reconguista in G - Screenshot #3« Vous êtes entré, colonel, et vous m’avez demandé si je voulais poursuivre la mission. Vous m’avez posé la question mais vous connaissiez la réponse. J’avais un compte à régler avec le vieillard. Je pouvais pas le laisser s’en tirer comme ça, il fallait en finir une bonne fois pour toutes. Quelqu’un devait s’en charger, et ce devait être moi. »

« Ils ont changé l’écran et ont repris l’épisode. Quand je suis arrivé à la fin, j’ai failli regretter ma décision. C’est tellement dur, colonel. Cette exposition inexistante, ces personnages débiles, ces dialogues incompréhensibles, ce storyboard dégueulasse… Les années n’ont rien émoussé du talent de Tomino a créé des animes toxiques pour l’esprit. Je me sentais sale à force de regarder ce truc. Comme si la petite parcelle de conscience qui me restait dans la tête après toutes ses épreuves était corrompue de manière indélébile. »

« Normalement la base de la narration dans une série c’est de donner certaines clés de compréhension au spectateur pour qu’il puisse accrocher un minimum à la série. C’est comme que ça marche depuis l’invention de la fiction, depuis les mythes et légendes. Ben Tomino il en a rien à foutre de ça. Dans sa tête la logique ça existe pas. Les personnages vont et viennent, ils changent de camp, ou pas, on s’en fout, ça continue, y’a d’autres personnages qui viennent, ils changement de camp, ou pas, on sait pas, on continue. »

Gundam: Reconguista in G - Screenshot #4« Au bout de dix épisodes j’avais pas la plus petite foutue idée que c’était quoi l’histoire de cet anime. Tout ce que je voyais c’était un mec qui fait caca dans le Gundam et une gamine autiste qui promène son poisson rouge. Après ils vont dans l’espace, ils cherchent un truc, ça dure quinze épisodes, mais y trouvent rien et y reviennent sur Terre et c’est fini. Voilà la grande histoire censée célébrer les trente-cinq ans de la franchise Gundam, le dernier chef-d’œuvre de Tomino : du vent, du rien, et un mec qui fait caca dans le Gundam. »

« Vers l’épisode chai pu combien j’ai perdu la notion du temps. Plus tard les mecs m’ont dit que j’étais dans un état de semi-conscience, que j’avais les yeux ouverts mais que je regardais plus rien. Je me demande que mes yeux voyaient d’ailleurs. Des robots animés en 2D, des designs colorés et originaux par Kenichi Yoshida, une image au feeling rétro avec un grain de pellicule renforcé… Tant d’efforts de la part des équipes premium de Sunrise pour servir les délires d’un vieillard sénile qui raconte des non-histoires qui lui seul comprend, le tout salopé par une cinématographie merdique à base de travelling dégueu et de zooms abjects. »

Gundam: Reconguista in G - Screenshot #5« A la fin de la série j’avais le cerveau liquéfié à l’intérieur du crâne, j’avais rédigé un plan pour comprendre ce qui se passait mais rien à faire. C’est pas juste que c’est trop compliqué et mal raconté, c’est juste pas intéressant. Tomino essaie d’aborder des thèmes osés comme la guerre pour les ressources naturelles ou ce genre de truc, mais tu peux pas t’impliquer dans une série avec des protagonistes pareils, c’est la guerre spatiale de partout mais les personnages donnent l’impression d’être une classe d’handicapés mentaux en vacances au Club Med. L’essentiel des dialogues consiste à entendre les personnages tenter de s’expliquer l’intrigue les uns aux autres, sans succès. Et si les personnages eux-mêmes ne savent pas ce qu’ils font, comment moi je suis censé comprendre ? Si Tomino lui-même n’en a rien à foutre de ce qu’il raconte, comme tu veux que moi j’en aie quelque chose à branler ? Pourquoi faire subir ça aux gens, pourquoi y consacrer tant de temps et de moyens si c’est juste pour faire chier ? Vous pouvez me croire colonel, après le Vietnam j’étais à peu près certain d’avoir fait le tour de la folie humaine, d’avoir dialogué longuement avec la part d’irrationalité et de démence qui dort au plus profond de nous. Je pensais ne plus jamais être surpris par les agissements de cette bête immonde qui se fait appeler l’Homme. Mais Tomino… C’est au-dessus de notre compréhension. C’est une erreur de la Création, un bug dans la Matrice. Une porte ouverte sur le Néant, qui aspire la conscience comme un trou noir aspire l’espace-temps et n’en laisse rien échapper. »

Gundam: Reconguista in G - Screenshot #6« Quand le dernier épisode s’est terminé, j’y ai pas cru au départ. Il m’a fallu un moment pour comprendre que c’était fini. J’ai progressivement retrouvé mes fonctions mentales et physiques, je me suis touché la tête pour voir si je m’étais pas juste fait exploser la trombine comme l’autre mec. Je croyais que j’étais mort, colonel. »

« C’est quand les médecins sont entrés et m’ont parlé c’est là que j’ai compris que j’étais vivant. Ils n’y croyaient pas, moi non plus. J’avais regardé un anime de Tomino en entier et j’en étais ressorti vivant, pour la deuxième fois. Les gars étaient stupéfaits, ils disaient que c’était un miracle, mais moi je m’en foutais. J’étais surtout content d’avoir vaincu le Chauve, il a voulu me tuer mais j’ai survécu. Ce type hait passionnément ses spectateurs, et G no Reconguista c’est l’ultime relent de haine d’un vieux croulant envers un public qu’il n’a jamais compris. Mais sa haine féroce ne m’a pas fait basculer du Côté Obscur, je l’ai absorbée et je l’ai retournée contre lui. C’était dur colonel, j’ai pas cessé de me demander ce qui m’empêchait de m’enfuir ou de m’ouvrir les veines pour arrêter ce cauchemar. Mais j’ai continué, j’y ai cru, et c’était fini. »

« On m’a transporté à l’hôpital, il m’a fallu quelques jours pour m’en remettre. J’ai progressivement retrouvé mes capacités mentales, au bout de deux jours j’arrivais à mâcher les aliments, au bout d’une semaine j’ai pu me torcher le cul tout seul. Y’a toute la clique des politicards qui sont passés me voir dans ma chambre, Général Machin, Amiral Trucmuche, même le Président. Tous ces ronds de cuir qui nous avaient laissé tomber après le Vietnam mais qui sont toujours là pour féliciter ceux qui se foutent dans la merde à leur place. Je les méprise mais je les déteste pas. Faut dire que j’aurai au moins retenu ça de Tomino, que la haine ne mène nulle part, sauf au caca dans le Gundam. »

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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