Alice au pays du show biz

» Critique de l'anime Glass no Kamen 2005 (Glass Mask) par Tyra le
23 Décembre 2014

Glass Mask est un anime qui m'a convaincu avant tout pour deux raisons principales : le traitement de son thème et ses subtilités narratives qui étaient vraiment très intéressantes à suivre. Je vais présenter tout cela au cours de cette critique qui se veut globalement élogieuse.

Commençons par le commencement si je puis dire : face à quel type d'anime est-on en présence ? Ce long format (50 épisodes) nous présente le parcours initiatique de Maya, une actrice-née qui est passionnée de théâtre depuis toujours et qui va progresser dans ce milieu avec acharnement afin d'accomplir son rêve. Le synopsis pourrait paraître un peu cliché dit comme ça, mais je pense que c'est aussi sa grande force. Au même titre que mon anime fétiche Yawara, on est en présence d'une série hybride qui mélange habilement des éléments propres au shojo et au shonen. Ainsi, il y a de la romance mais également une certaine forme de montée en puissance des talents d'actrice de Maya qui donne à boire et à manger à des publics assez différents.

L'autre grande qualité de Glass Mask, c'est le traitement qui est fait du monde du théâtre. Au-delà de l'entrainement ardu que doit suivre Maya pour surmonter les épreuves qui sont semées devant sa route d'actrice, l'anime est centré sur le concept du masque de verre que prend l'acteur lorsqu'il monte sur scène. C'est d'ailleurs de ce concept qu'est issu le titre de la série elle-même. Ainsi, Maya devient une toute autre personne lorsqu'elle monte sur scène et je dois avouer que c'était assez impressionnant de voir une frêle jeune fille comme elle se transformer en un instant en véritable diva des planches capable d'incarner des personnages extrêmement différents selon les pièces qu'elle est amenée à jouer. Ici aussi, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec Yawara où l'héroïne partage cette même force dormante qui rompt les clichés du personnage féminin trop souvent considéré comme étant par nature timide et inutile à l'intrigue. Pour le cas de Maya comme pour tous les personnages du même genre que j'ai pu rencontrer dans mes pérégrinations animesques, c'est quelque chose que j'apprécie toujours.

A cette thématique psychologique d'une grande pertinence s'ajoute également un traitement réaliste du milieu théâtral. Ce dernier est loin d'être un conte de fées et la série nous le fait très clairement comprendre. Pour faire une métaphore littéraire, Maya pourrait être considérée comme le petit chaperon rouge : elle est innocente, a du talent et ne connait rien du monde des adultes dans ce qu'il a de plus cruel. Le thème de la célébrité est très présent dans la seconde partie de l'histoire avec toutes les conséquences déplaisantes qui en découlent : éloignement malgré elles des stars de leur milieu d'origine, jalousie des concurrents, égoïsme des sponsors et j'en passe. Toutes ces thématiques sont vraiment bien développées et Maya est très vite prise dans un cyclone qui la dépasse et dont elle ne ressortira pas indemne. Pour enfoncer le clou encore une fois avec mon anime favori, c'était aussi une thématique présente dans Yawara - bien que de manière plus discrète et moins dramatique - que j'ai grand plaisir à retrouver ici.

Si l'anime s'en tenait là, on serait déjà en face d'une oeuvre tout à fait correcte qui dépeint assez justement le monde des acteurs dans ce qu'il a à la fois de beau et de laid. La série est toutefois loin de s'en tenir là. Je parlais dans l'introduction de cette critique de subtilités narratives : j'en distinguerais principalement deux qui font de cet anime un shojo que tous les amateurs du genre devraient regarder. Premier point : la romance entre Maya et Masumi est vraiment très bien faite et sort des clichés du genre. Ce qui m'a surtout marqué, c'est sa profonde perversité. Il est difficile d'en dire plus sans spoiler sévèrement l'intrigue, mais je dirais simplement que le méchant n'est pas forcément celui que l'on croit. Cette relation hybride d'amour à sens unique, d'opportunisme glacial et de quiproquo permanent m'a vraiment marqué et rattache en cela Glass Mask du type de romance un brin perverses que j'ai pu retrouver dans Hana Yori Dango. On voit donc bien que derrière l'esthétique naïve de l'anime, l'intrigue en elle-même est loin de l'être. La série est profondément mature et réaliste dans son propos. Comme le dit le fameux proverbe, l'habit ne fait pas le moine.

Pour finir, je me dois de parler du personnage de Ayumi qui joue un rôle important en tant que rivale de Maya. Le grand intérêt de ce personnage est qu'il sort des poncifs du genre où le rival est censé être forcément antipathique et détestable. C'est loin d'être le cas ici : Ayumi respecte profondément Maya pour son talent inné. On pourrait même dire qu'elle l'effraie. Seulement, les deux sont sur le même créneau et cela les oblige toutes les deux à se mener une concurrence sans merci afin que l'une surpasse l'autre dans ses talents d'actrice. Cette rivalité saine, qui m'a d'ailleurs beaucoup fait penser aux idéaux chevaleresques, sort donc des sentiers battus par rapport aux légions de rivaux caricaturaux que j'ai connu jusqu'ici qui n'ont d'autre utilité que de voir le spectateur exulter en les voyant se faire démolir par le héros ou l'héroïne. Ce n'est pas du tout le cas ici : on est en face d'êtres humains équilibrés et cohérents, pas de mégalomanes vaniteux.

Mon avis sur Glass Mask est donc très clair : c'est un très bon anime avec des personnages crédibles et une intrigue qui parvient à se renouveler malgré la longueur du format. Je le conseille en particulier aux fans de shojos bien sûr, mais aussi de littérature pour des raisons qui me paraissent assez évidentes. Il demeure toutefois un bémol que je me dois de noter. Au même titre que Claymore, la fin est bâclée. C'est dû à une raison simple : à l'époque de la production de cette série, le manga dont il était adapté était toujours en cours de publication. C'est vraiment dommage car hormis cette fin qui ne répond à aucune des problématiques centrales du scénario posées tout au long de cette cinquantaine d'épisodes, on est en face d'un shojo de très bonne facture qui a le mérite de ne pas avoir de personnages principaux unidimensionnels.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Tyra, inscrit depuis le 17/11/2014.
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