L'anime qui m'a converti aux magical girl

» Critique de l'anime Card Captor Sakura par Tyra le
04 Janvier 2015
Card Captor Sakura - Screenshot #1

Si j’avais su qu’un jour je viendrais sur un site comme Anime Kun affirmer qu’un anime de type magical girl m’a convaincu en tant que spectateur adulte, je ne l’aurais pas cru moi-même. C’est pourtant ce qu’il s’est passé avec Card Captor Sakura. Cette série m’a littéralement converti au genre et fait prendre conscience qu’avoir pour héroïne une petite fille avec des pouvoirs magiques ne se résumait pas à du rose bonbon des pieds à la tête et des situations plus niaises les unes que les autres. Niais, Card Captor Sakura est loin de l’être : c’est avant tout une série qui a du cœur. Après avoir regardé plus ou moins d’une traite les 70 épisodes de ce long format ainsi que le film qui clôt la série, je pense que c’est une bonne synthèse de mon avis sur cet anime. Cette critique a pour but d’expliquer le plus clairement possible ce que j’entends par là et pourquoi Card Captor Sakura a de solides arguments pour plaire y compris à un public plus âgé que son public-cible.

L’anime a du cœur avant tout parce que ses personnages apparaissent comme véritablement vivants. En particulier, je ne peux passer sous silence la qualité du chara design qui m’a tout de suite conquis. Je ne mentionne pas souvent le facteur graphique dans mes critiques, mais je ne peux en faire l’impasse ici tant la qualité du dessin fait partie intégrante de cette impression de chaleur et de dynamisme qui se dégage des personnages. La faute en incombe sans doute aux yeux magnifiques de ces derniers qui, de Sakura à Meilin, ont une profondeur qui m’a hypnotisé bien des fois. Cela peut paraître anodin voire anecdotique, mais c’est sans doute la raison principale qui explique pourquoi je me suis attaché à tous les personnages dès leur première apparition sur scène. Card Captor Sakura, c’est avant tout un anime qui est beau.

Card Captor Sakura - Screenshot #2Il ne faudrait toutefois pas croire que les personnages soient des coquilles vides qui n’ont pour eux qu’une esthétique et une animation travaillée. La construction et le développement des personnages est sans aucun doute l’un des points forts de la série ainsi qu’un élément susceptible de plaire à tous les publics. Je ne le martèlerais jamais assez : quand un personnage est bien construit, il n’y a pas d’âge pour l’apprécier. Chacun apporte sa touche à l’ambiance générale de l’anime et aucun n’est caricatural voire cliché. Quoique, ce que je dis là n’est pas exactement vrai : certains personnages sont clichés. Mais ils ne le demeurent pas longtemps tant je me suis surpris par exemple à haïr Shaoran au début de la série pour finalement l’apprécier presqu’autant que Tomoyo et compagnie. Au même titre que Meilin, il a une évolution vraiment intéressante à suivre qui montre là encore qu’on est en face d’une série avec des personnages qui marquent et rendent Card Captor Sakura non seulement vivant mais surtout intemporel.

Card Captor Sakura est avant tout un shojo et cela se ressent à travers des thèmes romantiques omniprésents qui jouent un grand rôle dans l’histoire. Je dois dire qu’au début j’avais de quoi avoir peur. Les liaisons potentielles borderline sont légions entre Sakura qui s’entiche d’un Yukito plus âgé qu'elle de dix ans ou encore Meilin qui n’hésite pas à revendiquer sa liaison consanguine avec son hongkongais de cousin : l’infortuné Shaoran. La grande force de la série est toutefois d’avoir réussi à tourner les choses de manière à ce que jamais ces éléments susceptibles de choquer ne gênent vraiment. D’ailleurs, à bien y penser il n’y a jamais réellement eu de thème pédophile ou incestueux : ça a l’air d’être le cas en apparence, mais quand on creuse les personnages on se rend compte que les choses ne sont pas si simples que ça. Par exemple, est-ce pédophile d’aimer - ou de croire aimer - un type plus âgé quand on est soi-même un enfant ? J’avoue en douter. Bref, c’est un autre débat mais que les personnes gênées par les thèmes homosexuels, incestueux ou pédophiles soient rassurées : Card Captor Sakura n’est en rien un anime dérangeant. C’est tout simplement un anime sur l’enfance. Or, les romances impliquant des enfants, à fortiori lorsqu’il s’agit d’amours à sens unique, ont leurs spécificités et il faut les prendre comme telles. C’était donc une bonne surprise à ce niveau.

Card Captor Sakura - Screenshot #3Avant de passer au scénario de la série en lui-même, j’aimerais dire quelques mots sur la romance entre Shaoran et Sakura dans la mesure où elle est au centre de la troisième saison (épisodes 47 à 70). J’ai une position assez mitigée à son sujet, et c’est là que je me dois de faire quelques reproches à une série par ailleurs vraiment enthousiasmante à suivre. Je n’ai rien à reprocher à la construction des sentiments amoureux de Shaoran envers Sakura : c’était même bien vu de la part des scénaristes de transformer le pire ennemi de l’héroïne en son amoureux transi. La chose est vraiment très bien amenée, d'autant plus que cela crée un effet comique bienvenu à la série. Le grand nombre d’épisodes y participe d’ailleurs pleinement dans la mesure où l’évolution des sentiments de Shaoran est très progressive. En revanche, pour ce qui est de son âme sœur j’ai trouvé que Sakura tombe trop vite amoureuse de Shaoran et, surtout, beaucoup trop tard : grosso modo, cela n'arrive qu’au dernier épisode. Du coup, j’ai trouvé que ça avait un côté beaucoup trop brusque pour être convaincant. Il aurait fallu construire cette évolution des sentiments de Sakura beaucoup plus progressivement, comme cela a été si bien fait pour Shaoran.

Card Captor Sakura - Screenshot #4Venons-en à présent au plat de résistance qui fait de Card Captor Sakura non seulement un bon magical girl mais plus simplement un bon anime : son scénario et son univers. Comme j’ai déjà pas mal spoilé au niveau des romances – mais il aurait été difficile de passer cela sous silence – je vais essayer d’en révéler le moins possible. Le synopsis général est assez simple : un jour, Sakura Kinomoto découvre dans la bibliothèque de son père un livre mystérieux qui contient 52 cartes magiques. En l’ouvrant, elle les libère par accident et reçoit pour mission d’un certain Kerberos de les récupérer en utilisant ses propres pouvoirs magiques. Je dois avouer que je n’ai pas vraiment compris pourquoi exactement ces cartes se sont échappées du livre. De même, je trouve que Sakura adhère un peu trop facilement à l’idée de pratiquer les arts occultes, mais hormis ces deux éléments j’ai trouvé le scénario vraiment convaincant et solide sur le long terme. Bien que la première saison est avant tout épisodique du fait précisément de la mission de l’héroïne, une place importante est tout de même donnée au développement des personnages. Cela permet de ne pas s’ennuyer trop vite devant la répétitivité du concept. Quant aux cartes en elles-mêmes, leurs pouvoirs sont suffisamment variés pour que l’on puisse s’intéresser dans la majorité des épisodes à la manière dont Sakura va réussir à les capturer.

Card Captor Sakura pèche malgré tout par quelques moments de mou où il ne se passe pas grand-chose et où, par conséquent, la structure épisodique devient trop visible pour empêcher une certaine forme d’ennui de s’installer. Fort heureusement, la série dispose par ailleurs de nombreux moments forts et émotionnels qui compensent cela. Les choses s’améliorent dans la saison 3 où l’on assiste à une évolution de la structure narrative vers quelque chose de plus linéaire et donc de plus intéressant à suivre. J’ai donc préféré cette saison à la première qui, bien que de bon niveau, souffre du manque d’enjeux structurant l’histoire.

Loin d’être un simple anime pour gamins, Card Captor Sakura est donc une série qui a de nombreux arguments susceptibles de convaincre bien au-delà du seul public des enfants et des adeptes de magical girl. J'en suis l'exemple vivant. Les personnages sont attachants, l’intrigue haletante lorsqu’elle décide d’avancer et le concept plein de potentiel malgré sa simplicité. On pourra reprocher une structure trop répétitive par moments, le manque d’un réel sentiment de danger dans les situations ainsi qu’une romance inégale dans son traitement, mais il ne s’agit là que de détails tant cet anime respire la joie de vivre. C’est bien là l’essentiel. Ce n’est pas l’anime du siècle : il manque un réel propos comme on peut en trouver dans un Kemono no Souja Erin pour rester dans un registre enfantin. Toutefois, pour un premier magical girl c’était une très bonne surprise tant mes préjugés sur le genre étaient nombreux avant de me lancer. La note de 8 s’impose donc.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Tyra, inscrit depuis le 17/11/2014.
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