MY SISTER MY WRITER — Comment J’ai Passé Mon Noël A Rédiger Une Critique Sur Un Anime Moche et Débile Que Personne N'ira Regarder Dake Ja Nai !!

» Critique de l'anime My Sister, My Writer par Deluxe Fan le
26 Décembre 2018
My Sister, My Writer - Screenshot #1

Cela fait longtemps que tout le monde est au courant que les light novel c’est de la chiasse, et que leur importance grandissante dans la culture otaku explique que cette industrie pue de plus en plus. Imaginez maintenant un light novel de merde qui aurait comme sujet principal l’écriture d’un light novel de merde : une mise en abîme fécale, un vortex de caca qui ne peut aboutir que sur un des pires animes de 2018.

Ore ga Suki na no wa Imouto Dakedo Imouto ja Nai, que l’on va préférer sous son titre anglais My Sister My Writer et mieux encore sous l’acronyme MSMW, est donc un de ces innombrables light novel qui se sont fait adapter sans que l’on sache réellement pourquoi et qui finissent généralement oubliés le long du trottoir telles les crottes de chien qui attendent mollement le passage matinal de la voirie. L’histoire raconte les aventures de Yû Nagami, un lycéen qui rêve de devenir auteur de LN et envoie ses manuscrits à des concours d’éditeurs, sans succès. Jusqu’au jour où sa petite sœur Suzuka, jeune fille parfaite au premier abord, lui apprend qu’elle aussi a écrit un LN et a remporté un prix lui permettant de se faire publier. Sauf que Suzuka ne peut pas publier sous son nom car le règlement de son collège privé lui interdit d’avoir un boulot rémunéré, du coup elle demande à son Onii-chan de bien vouloir se faire passer pour l’auteur du machin. Yû entre alors dans l’industrie qu’il a toujours voulu rejoindre, mais grâce à une œuvre qui n’est pas la sienne…

My Sister, My Writer - Screenshot #2J’ai essayé de rendre le récit le plus passionnant possible mais c’est vraiment compliqué puisque la série n’est en réalité qu’un ramassis de blagues vulgaires où un parterre de personnages féminins n’auront de cesse de se disputer la bite du personnage principal, comme d’habitude. Du coup pourquoi s’intéresser à cet anime en particulier ? En vérité MSMW a fait parler de lui il y a quelques semaines lorsqu’il a été remarqué que dans le générique d’un des épisodes un membre du staff s’était identifié sous le pseudonyme "Shôjiki Komata" ce qui signifie "Je suis foutu" (source). Autrement dit un des animateurs a lancé un appel au secours par ending interposé, ce qui n’est pas inédit mais démontre l’état de délabrement total dans laquelle cette série était tombée. Il suffit de regarder quelques minutes pour constater les dégâts, avec des personnages constamment off-model et une mise en scène digne d’un anime flash ou d’un projet amateur. Et cela mérite quelques développements.

My Sister, My Writer - Screenshot #3Une des grandes particularités de l’animation japonaise par rapport à d’autres formes d’animation, c’est que pour un anime donné chaque scène est produite par un animateur différent, et cet animateur dispose d’une certaine liberté dans son travail. Cela fait longtemps que les studios procèdent ainsi pour des raisons économiques ; en découpant chaque épisode en plein de petits morceaux et en les confiant à autant d’animateurs qui bossent tous en même temps, cela permet de produire vite et de maintenir la cadence infernale imposée par l’industrie.

Cette technique présente aussi des avantages, notamment celui de permettre l’émergence de talents individuels. Chaque animateur étant responsable de sa séquence, il va pouvoir développer son style personnel et se faire remarquer sur son propre nom. C’est pour cela que les meilleurs animateurs japonais sont adulés dans toutes les écoles d’animation du monde, et qu’il existe des communautés dédiées pour suivre ces artistes et répertorier les scènes sur lesquelles ils travaillent, ce qui donne lieu à ces fameuses Sakuga MAD que l’on peut trouver un peu partout.

My Sister, My Writer - Screenshot #4Avant d’en arriver là toutefois, l’immense majorité des animateurs travaillent dans des conditions précaires et cela cause beaucoup de problèmes. Chaque scène est réalisée par un animateur différent, mais au bout d’un moment il faut accrocher ces scènes pour obtenir un épisode et cela créé des incohérences lorsque les différents styles des animateurs ne s’accordent pas. C’est ce que l’on appelle dans le jargon le hors-modèle (off-model) : certains animateurs choisissent de suivre scrupuleusement le cahier des charges de la série et notamment le chara-design, là où d’autres prennent plus de liberté, que ce soit par choix stylistique ou contrainte de temps. La traduction à l’écran est que les personnages ont des têtes différentes d’un épisode à l’autre, voire d’une scène à l’autre, ce qui rend une esthétique inconsistante et laide qui explique la mauvaise réputation de l’animation japonaise depuis des décennies.

Pour pallier ce problème les studios qui centralisent le travail des animateurs ont en leur sein une personne chargée de contrôler et uniformiser les différentes scènes ; il s’agit du directeur de l’animation (sakuga kantoku). Il va s’assurer de la cohérence des animations, et éventuellement corriger les séquences qui dévient trop du chara-design. D’ailleurs le directeur de l’animation est souvent lui-même chara-designer ou animateur, et c’est un poste crucial : la compétence et le talent du directeur de l’animation font la différence entre les animes qui ont de la gueule et ceux qui ne ressemblent à rien.

My Sister, My Writer - Screenshot #5Qu’est-ce qui a donc mal tourné avec MSMW ? Ben un peu tout ça en fait. La série est produite par deux studios d’animation, l’un d’entre eux étant NAZ ; ce qui n’est pas une insulte appropriée mais bien la raison sociale du studio ayant produit le médiocre Angolmois cette année. L’autre studio est Magia Doraglier, une structure fondée l’année dernière dont il s’agit de la première production. On peut raisonnement penser que le manque de moyens, de personnel, de temps et d’expérience a mené à un décrochage total de la part du staff qui était plus préoccupé par les deadlines et rendre les épisodes à temps plutôt que par le contrôle qualité. Un des épisodes alignait au générique pas moins de sept directeurs de l’animation, ce qui est énorme et prouve que le studio était à court d’options (source) ; l’intérêt d’un directeur de l’animation c’est d’uniformiser l’esthétique de la série, si tu en as sept différents alors cela ne sert plus à rien, c’est comme si on faisait traduire un même livre par sept traducteurs différents, cela n’a aucun sens.

My Sister, My Writer - Screenshot #6Pour en revenir à l’histoire, je dois admettre que les premiers épisodes avaient aiguisé ma curiosité ; le scénario était tellement débile que je pensais qu’il s’agissait d’une parodie qui se foutait de la gueule de l’industrie des LN, comme il se doit. Sauf que plus on avance, plus on se rend compte que l’anime se prend finalement assez au sérieux et croit vraiment à son histoire de imouto qui écrit un LN ayant une imouto comme personnage afin de se projeter dans son propre brother-complex, tout en ayant un MC lui-même auteur de LN qui devient protagoniste de LN avec son harem (il faut un Bac+5 en culture otaku pour comprendre le début du commencement de ce que cette série essaie de raconter). On a droit à la totale, avec une séquence au comiket pour acheter des doujins, un personnage qui est elle-même illustratrice de H, une fille qui est doubleuse, une rencontre avec le réalisateur d’anime qui va adapter ta série ; c’est genre le rêve mouillé de l’adolescent en sueur qui se paluche le soir sur son site cochon et se réveille le matin en rêvant de devenir le prochain auteur à la mode qui va devenir riche à vingt ans grâce aux royalties sur les produits dérivés de son LN et se taper les comédiennes de doublage de l’anime. C’est juste une honte en fait cet anime, comme tous les LN d’ailleurs qui capitalisent sur la frustration mentale et sexuelle des jeunes pour leur vendre de la médiocrité industrielle.

Après si on part dans une démarche ironique ça peut être amusant, j’ai notamment trouvé beaucoup de plaisir à suivre le personnage principal Yû Nagami ; en général dans les LN le héros c’est un minable qui sert de self-insert et de faire-valoir aux persos féminins qui elles vont vendre la série sur leur cul. C’est pareil dans MSMW mais avec un curseur monté au maximum ; ce personnage principal est complètement con j’ai jamais vu ça de ma vie, c’est presque comme si on avait Mister Bean dans un harem anime quoi, c’est spectaculaire. Bravo au comédien au doublage Tasuku Hatakana, ça doit être le seul mec du staff qui y a mis un peu du sien dans ce naufrage.

MSMW est une série pathétique au sens propre du terme, j’ai pitié pour les hommes et les femmes qui ont bossé sur ce truc et ont trimé sang et eau pour aboutir à ce résultat misérable et qui n’avait aucune chance d’être autre chose que mauvais. Toutefois ce ne sont pas les artistes qu’il faut blâmer, ni les studios ni les auteurs, mais bien cette industrie délétère et surtout son public qui la conforte dans son attitude autodestructrice, la bouche grande ouverte en attendant la prochaine cuillerée de bouse Made in Japan.

Verdict :2/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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