Critique de l'anime Real Drive

» par watanuki le
21 Février 2009
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Real Drive est un énorme gâchis qui regorge d'idées géniales diluées dans un scénario inexistant. Le problème majeur de cette série est qu'elle choisit en permanence d'insister sur le réalisme du monde qu'elle décrit : petite île isolée, infrastructures de rêve, technologie de pointe, contexte géo-politique, etc. Le problème étant que ce monde est inintéressant au possible, sachant que des séries comme Appleseed ou Rahxephon ont déjà développé ce genre d'univers. Masamune Shirow propose une histoire sans originalité, et à aucun moment on ne trouve de fil directeur dans cette succession d'épisodes pouvant parfois culminer au niveau de l'ennui : Haru arrivera-t-il à marcher ? Mina deviendra-t-elle une bonne assistante ? L'androïde Holon sera-t-elle capable d'aimer ? Martine ira-t-elle à la plage ? Quel temps fera-t-il demain ? Votre colin, avec ou sans patate ?

C'est une catastrophe, et la faute en est entièrement imputable au personnage de Mina, qui aurait dû ne jamais exister : enthousiaste, niaise, d'un optimisme à toute épreuve, aimant les beaux couchers de soleil et les glaces à la banane, entourée d'amies inutiles mais tellement attachantes (une mince et une grosse, tout le monde peut s'y retrouver), elle mène une vie de rêve sur cette île infernale où tout le monde est gentil, fait du surf en souriant, prépare des petits plats délicats et traverse toujours, toujours, quand le petit bonhomme est vert. En plus, elle est amoureuse de Haru, le gentil héros de 80 ans. Bref, elle aussi mériterait qu'on lui jette une savate. Précisons que sa jupe est beaucoup trop courte et que surtout, s'il y a bien un personnage que l'on a pas envie de regarder lubriquement, c'est bien elle.

A cause de Mina, l'histoire suit un schéma traditionnel où les héros communiquent gentiment, apprennent à s'apprécier, mènent des enquêtes passionnantes sur des chiens qui parlent et des gens sexuellement corrompus (ils font l'amour à plusieurs en cachette et parfois même ils vont au bordel), et font toujours preuve d'un sens moral à toute épreuve qui contribuera probablement à rendre le monde meilleur un jour, quand les gros mots auront été interdits... Haru, dont l'histoire aurait pu être passionnante, sachant qu'il tombe dans le coma en pleine force de l'âge et se réveille vieux, succombe à ce tourbillon de mièvrerie et devient philosophe : il prend la vie du bon côté, fait de bonnes actions et parfois il plonge dans le Metal histoire d'aider des gens...

Et c'était justement ça qui rendait Real Drive exceptionnel : le Metal ! Si le concept est nul, se contentant de reprendre l'idée de l'Internet en en faisant une sorte de mer d'informations (appréciez la métaphore éventée), il est rendu de façon génial. Bien évidemment, le contraste est voulu entre ce monde et celui de la surface, si propre. Mais il est mal étudié... Bref, dès que Haru plonge, la série se réconcilie avec elle-même, elle oublie son scénario poussif, se débarrasse de son intrigue tuberculeuse et peut enfin proposer de très grands moments d'animation. La série devient alors expérimentale, les formes deviennent indécises, le corps lui-même menace toujours de se dissoudre dans cet univers où Monet côtoie des oeuvres comme Tron ou 2001 de Kubrick. Dans ce monde, la moralité épuisante n'a plus le monopole, c'est l'inconscient qui se dévoile, l'érotisme transparaît de façon crue, l'homme n'est plus parfait, il peut se perdre dans le vertige des sensations ou dans le désir sexuel.

Malheureusement, plus l'histoire avance, et moins on a le droit de plonger dans ce bain d'expériences visuelles merveilleuses. On s'attarde au contraire à la surface, on est obligé de cohabiter avec des héros gentils et beaux, bien habillés et amateurs de bonne cuisine (même s'il y a un vilain petit canard qui fait aussi l'amour en cachette avec une jolie femme qui lui fait boire du bon vin après l'orgasme). Un ou deux moments proposent malgré tout quelques très bonnes idées, mais il faut avouer qu'à chaque fois elles sont portées à bout de bras par le seul personnage vraiment intéressant de cette histoire : l'androïde Holon. Peu importe qu'elle devienne humaine, peu importe qu'elle soit gentille, qu'elle porte de beaux tailleurs et ait une forte poitrine. C'est son visage qui passionne : ses yeux, magnifiques mais atones, envahissent régulièrement l'écran, et reflètent à la perfection les qualités et les défauts de cette série à la fois entêtante et belle, ennuyeuse et déshumanisée...

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

watanuki, inscrit depuis le 21/10/2006.
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