Critique de l'anime Sabu & Ichi's Arrest Note

» par Skidda le
19 Décembre 2021
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Dans ma recherche effrénée d’antiquités animées à consommer, il a été difficile de trouver des séries qui tiennent encore la longueur pour mes goûts contemporains. Sans être un classique Sabu to Ichi Torimono Hikae (abrégé Sabu to Ichi) s’en sort plutôt bien.

Sabu to Ichi a été diffusé de l’automne 1968 jusque l’automne 1969. Il n’a pas eu la reconnaissance d’un Ashita no Joe ou d’un Heidi mais ce titre ne vient pourtant pas de nul part puisque l’auteur du manga original n’est autre que Shotaro Ishinomori (Power Rangers, Kamen Rider). Inspiré par le genre du ‘jidaigeki’, qui gagne en popularité à partir des années 60, lui aussi se lance dans la création d’une série d’action et de samuraïs durant la période Edo. Ce ne sera d’ailleurs pas sa seule création du genre et Ishinomori publiera par après d’autres oeuvres similaires comme Henshin Ninja Arashi (1972), ou encore un manga sur Miyamoto Musashi (1974).

L’histoire de Sabu to Ichi n’a rien de particulier et se contente de nous narrer les aventures de Sabu, un assistant de la police locale (‘shitappiki’) du quartier de Ryuusenji dans le district Asakusa de l’ancienne capitale d’Edo. Armé de son ‘jette’ (mini-semi trident), il patrouille les rues, enquête sur les meurtres et combat les hors-la-loi, avec l’aide de son ami Ichi, un vieux masseur aveugle particulièrement redoutable avec sa canne-épée (appelé ‘jikomizue’ en japonais, on en apprend tous les jours).

Cette série se distingue clairement par son ton mature. De nos jours, un anime comme Sabu to Ichi ne choquera nullement mais cette série animée est probablement la première, avec Sennin Buraku (1963), à viser directement un public plus âgé en mettant en scène non seulement des protagonistes adultes mais aussi une ambiance sombre et beaucoup de violence. Rappelons que nous sommes encore aux débuts de l’ère moderne de la japanimation. D’ailleurs, comme beaucoup de séries de ces années là, Sabu to Ichi est encore entièrement diffusé en noir et blanc.

Plutôt que de procéder à l’adaptation des débuts du manga, publié dans un premier temps dans une revue pour jeunes (Shonen Sunday, avant son passage seinen chez Big Comic Magazine) avec un style enfantin moins risqué, il a été décidé au contraire d’ouvrir avec un épisode pilote particulièrement macabre. Après avoir passé des heures devant des animes retro à regarder en famille, je peux dire que l’introduction de Sabu to Ichi a su capturer mon attention, comme j’imagine celui des spectateurs de l’époque.

Sur la durée, le caractère entièrement épisodique des 50 épisodes dilue quelque peu l’enthousiasme mais Sabu to Ichi demeure une expérience relativement appréciable. Les histoires de crime, ponctuées par de nombreux duels sanglants, arrivent à nous surprendre plus d’une fois grâce à leur mise en scène, leurs intervenants nuancés, et même les émotions qu’elles arrivent parfois à susciter.

Les deux protagonistes, Sabu et Ichi, sont sans aucun doute les deux meilleurs morceaux de l’oeuvre, tout comme les épisodes les concernant plus directement (l’épisode 7 par exemple). Leur alchimie tout comme leur personnalité propre sont particulièrement réussies, et complémentées par leur seiyuu (sans surprise, on retrouve le très populaire Kei Tomiyama pour Sabu). J’ai particulièrement aimé Ichi, un vieil homme futé et haut en couleur mais avec ses faiblesses et ses doutes.

En outre, même si la série possède des moyens limités, l’effort de rendre Edo aussi vivante que possible est fort louable. En plus des foules et scènes de rue régulièrement visibles, on peut observer de nombreuses traditions et détails historiques intéressants qui participent à son authenticité.

Sabu to Ichi jouit de nombreuses qualités et en ce qui me concerne, seul deux gros problèmes l’empêcheront d’être apprécié par la majorité du public moderne. Le premier défaut, très apparent, réside dans son aspect visuel. En effet, la série n’en mène pas large sur ce point, même comparé à ses collègues de la fin des années 60. La transition après l’épisode pilote, plus soigné, est particulièrement difficile même si d’autres par la suite sont relativement réussis. Outre les nombreuses images figées et l’animation minimaliste, certaines erreurs (bouches fermées durant des dialogues, ellipses brutales durant certaines séquences) sont à décrier. D’un autre côté, les animateurs ont essayé de compenser le manque d’opulence par l’inventivité. De nombreux effets sont employés pour donner du dynamisme, et des mises en plan bien pensés donnent un cachet particulier à certaines scènes. Tout n’est donc pas à critiquer mais la série requiert un standard très différent si on veut l’apprécier. A ce niveau là, je dirais que le manga semble bien plus alléchant.

Le deuxième soucis majeur de la série est son manque de disponibilité. Pour être tout à fait honnête, ce constat s’applique à la grande majorité des anciennes séries qui seront surtout disponibles dans les marges du net. Sabu to Ichi était tout de même accessible via youtube lors de mon visionage mais en revanche il n’est pas (encore) entièrement sous-titré.

C’est principalement pour cette raison que si vous vous intéressiez à cette franchise, j’aurais tendance à plutôt vous conseiller le manga édité assez récemment en français aux éditions Kana (2010-2012). Néanmoins, ce n’est pas parce que je ne recommanderai pas cet anime que mon appréciation s’arrête à sa seule valeur de pionnier dans le monde audiovisuel ‘adulte’ : Sabu to Ichi est une série de l’époque que j’ai regardé, à petites doses, sans me forcer le moins du monde, et ça ce n’est pas rien.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Skidda, inscrit depuis le 15/07/2013.
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