Critique de l'anime Sekai-ichi Hatsukoi (TV 1)

» par Deluxe Fan le
25 Juin 2011
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Sekai-Ichi Hatsukoi: jeu d'homos

Avec une seule œuvre majeure au compteur, Junjô Romantica, la mangaka Shungiku Nakamura est devenue une autorité du yaoi actuel. L'anime adaptant sa série est extrêmement populaire en France et l'éditeur Kazé / Asuka compte bien faire de ce manga le fer de lance de sa jeune collection Boy's Love.

De mon côté, j'avais raté le phénomène lorsqu'il est apparu en France et il me manquait un titre yaoi de référence dans mon animethèque que j'ai toujours voulu la plus éclectique possible. Cette saison, j'ai droit à une séance de rattrapage avec Sekai-Ichi Hatsukoi, un spin-off de Junjô Romantica, toujours produit par le studio Deen.

Sekai-Ichi Hatsukoi est donc un anime de douze épisodes qui raconte la vie et les amours de trois couples d'hommes à Tokyo. Ces trois histoires n'ont rien à voir entre elles, et n'ont rien non plus à voir avec les autres œuvres du même auteur - ou alors j'ai raté un point critique de l'histoire. L'histoire principale est celle de Onodera et Takano: elle est introduite par l'épisode 0, un épisode bonus qui se situe une dizaine d'années avant le début de Sekai-Ichi Hatsukoi. Bonus ou pas, cet épisode est indispensable pour bien comprendre la série.

Au lycée, le jeune et timide Ristsu Onodera tombe fou amoureux de son senpai Masamune Saga, avec qui il vit une relation aussi courte que passionnée. Mais suite à un malentendu, les deux jeunes garçons se séparent et se perdent complètement de vue. Dix ans plus tard, Onodera fait ses débuts en tant qu'éditeur de manga shojô pour la société Marukawa. Son supérieur, un éditeur célèbre dans le milieu, se révèle un tyran professionnel. Son nom? Masamune Takano...

La deuxième histoire raconte comment un des collègues de travail de Onodera va avoir le béguin pour un séduisant libraire. La troisième est un triangle amoureux entre un auteur de manga shojô, son éditeur et un de ses assistants.

Le point commun entre toutes ces histoires est que je les ai trouvées assez «faciles». Elles utilisent toutes une recette similaire:

- A est un mec qui ne croit plus à l'amour suite à des souvenirs douloureux.

- B est un grand gars au look d'adulte, qui cherche à prouver son amour à A.

- A rejette B, car il n'est pas sûr de ses sentiments.

- Un perturbateur, C, provoque un sentiment de jalousie entre A et B.

- A est forcé de reconnaître qu'il est amoureux de B.

- B, qui n'en peut plus, prend A comme un sauvage dans le couloir, sur la table de la cuisine, voire même dans l'escalier.

Rajoutons à cela que dans les trois histoires racontées, deux d'entre elles mettent en scène des personnages qui sont censés se connaître depuis l'enfance ou l’adolescence. De plus, dans l'histoire de Takano x Onodera, il se trouve que les deux hommes sont collègues de bureau (!) et voisins (!!). Plus cliché tu meurs. Le problème, ce n’est pas tant le cliché en lui-même, mais c’est que cela rend toutes ces histoires terriblement prévisibles, et assez lourdes. Si on y regarde bien, il n'y a aucun obstacle, aucune barrière pour que les personnages vivent le parfait amour. Ce sont eux qui s'en mettent, pour des raisons injustifiées d'ailleurs. Mais le pire, c’est que l'on sait de toute façon comment cela va se résoudre à la fin, parce que c’est trop cliché, trop formaté. La série met douze épisodes à raconter des histoires qui pourraient être très bien narrées en seulement trois.

Et je n'en ai pas fini. Je ne suis pas un fin connaisseur du yaoi, mais j'ai lu du shônen-ai et de la doctrine sur le sujet. Je n'ai donc pas été surpris de trouver les stéréotypes classique du genre, le seme (le dominant) et le uke (le dominé). Là où j'ai été étonné, c’est que ces stéréotypes se retrouvent partout, à chaque histoire, sous toutes les déclinaisons possibles et imaginables! On a donc immanquablement un couple composé d'un mec avec une gueule d'enfant, et les réactions qui vont avec. En face, vous aurez systématiquement un grand baraqué au regard de tueur, qui intimide et en même temps fascine le premier. Là encore, trop de stéréotypes tuent les stéréotypes, les personnages étant là aussi ultra-prévisibles et caricaturaux. Bien évidemment, il n'y a aucun personnage féminin, les personnages eux-mêmes n'étant pas forcément... virils, si vous voyez ce que je veux dire.

Vous devez donc vous dire qu'à moins d'être une indécrottable fujoshi, on ne trouve qu'ennui et classicisme dans Sekai-Ichi Hatsukoi. Et bien il se trouve que non, car grâce à trois points, l'anime reste plaisant. Il s'agit de l'humour, du cadre, et de la réalisation.

En effet, Sekai-Ichi Hatsukoi se définit comme une comédie romantique, donc on y trouve de la comédie (même si c’est la romance pure qui est à l'honneur). Les quelques gags sont donc assez marrants, grâce justement à ces personnages très typés qui ne manquent jamais une occasion de se conformer à leur rôle.

En outre, l'anime dans son ensemble se déroule dans le monde de l'édition de mangas. Curieusement, cet aspect n'est pas juste survolé et on se plaît à suivre Onodera dans son apprentissage du métier. Ce n'est certes pas Bakuman non plus, mais quand même...

Enfin, la réalisation technique et la direction artistique sont bien faites, avec cet espèce de filtre blanc autour de l'écran qui donne vraiment l'impression de suivre un rêve, un fantasme - car le genre yaoi n'est finalement qu'une vision très fantasmée des relations homosexuelles telles que se l'imaginent les filles. Le chara design est bon, les décors sont bons, les doublages sont excellents - même moi je bande quand j'entends la voix de Takano (interprétée par Katsuyuki Konishi, seiyuu expérimenté). Les génériques sont bons, surtout l'opening, assez entraînant.

Entraînant, voilà le mot juste pour qualifier Sekai-Ichi Hatsukoi, un anime honnête qui peut vraiment se révéler intéressant pour peu qu'il soit pris au second voire au troisième degré. J'ai passé un bon moment, je ne me suis pas emmerdé, preuve que le vrai otaku se fiche des genres et des «publics cible», du moment qu'il s'amuse. Et je suis tout à fait prêt à remplier pour la suite.

Les plus

- Découverte du genre yaoi

- Chara-design et ambiance particulière mais réussie

- Drôle et étrangement addictif

Les moins

- Personnages extrêmement stéréotypés

- Les relations semblent tourner en rond

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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