[Spéciale Halloween] KYOCHÛ RETTÔ — Pas folle la guêpe

» Critique de l'anime Kyochû Rettô par Deluxe Fan le
28 Octobre 2020
Kyochû Rettô - Screenshot #1

Bienvenue dans le Manoir Deluxe, un lieu où se chevauchent réalité et fiction… On raconte qu’il y a bien longtemps, cet endroit était habité par un individu passionné d’animation japonaise, à laquelle il avait consacré toute son existence. Mais au moment de sa mort, il n’avait pas fini de regarder ses dessins animés favoris ; son esprit continua donc d’errer en ce monde, sa soif d’anime ne pouvant être étanchée. Et il paraît que le soir d’Halloween, ceux qui se rendent dans son Manoir peuvent entendre la voix de cet esprit leur parler d’animes horrifiques.

On le sait, produire de l’horrifique en animation japonaise c’est difficile. Le genre s’adresse à un public restreint, au potentiel commercial faible, et avec peu de chances de succès. Les quelques excentriques qui persistent à vouloir faire des animes d’horreur sont donc obligés de se retrousser les manches et de faire avec les moyens du bord. On obtient souvent des séries fauchées mais pleines d’idées, ou des long-métrages indépendants bricolés par des mecs seuls dans leur garage. Dans tous les cas ce sont des animes certes moyens ou anecdotiques, mais produits par des artistes passionnés qui font vivoter un genre qui n’existe nulle part ailleurs dans le média.

Kyochû Rettô - Screenshot #2Et puis parfois, il y en a qui font de la grosse merde inregardable.

Kyochu Retto ("L’île des Insectes Géants") est un manga en six volumes paru entre 2014 et 2019, lequel s’est essentiellement fait remarquer pour ses illustrations proposant la juxtaposition audacieuse de jeunes filles les tétons à l’air et de corps éviscérés par des insectes anormalement larges ; ce qui en soi résume bien mes dernières vacances dans un certain camping naturiste du Languedoc dans lequel les moustiques énormes se posant sur mes couilles m’ont fait comprendre que la violence n’est pas la solution à tous les problèmes. En tous cas Kyochu Retto a eu le droit à une adaptation, et faut dire que ça le méritait vraiment quoi.

À la suite du crash de leur avion, un groupe de jeunes japonais se retrouve isolé sur un île perdue au milieu de l’océan. L’île est habitée, mais les résidents semblent avoir disparu et bien évidemment toute communication vers l’extérieur est impossible. Bien vite nos héros découvrent la cause de ce chaos ; de gigantesques bestioles ont pris possession des lieux et se font fort de transformer tout survivant humain en repas à emporter.

Kyochû Rettô - Screenshot #3Parmi les rescapés se trouve Oribe, une jeune fille qui se trouve être passionnée d’entomologie et possède donc des connaissances étendues sur le comportement des insectes ; ce qui tombe vachement bien quand on coincé sur une île peuplée d’insectes géants, vraiment bravo au scénariste quoi, il a tout prévu. Grâce à sa science encyclopédique, Oribe parvient à guider ses compagnons d’infortune vers la survie ; mais c’est sans compter sur la dangerosité grandissante des bêtes, tout comme la duplicité des hommes. Car finalement, le pire monstre, c’est l’homme… (musique dramatique).

Si l’on devait pointer ce qui ne va pas dans ce film, je dirais à peu près tout. Commençons par le récit parce que c’est le moins grave, dans ce type de film l’histoire on s’en fout nous on veut du gore, des meufs à poil et des sensations fortes. Le souci c’est que les personnages sont tellement nazes que tu ne peux pas vraiment t’intéresser à ce qui leur arrive. Au début du film on a une courte séquence à l’aéroport avant qu’ils prennent leur avion, et on peut voir qu’à la base la plupart sont des crétins, des connards ou des débiles. Et le fait de se retrouver perdus au milieu des monstres ne les change pas ni en bien ni en mal ; ceux qui étaient gentils restent gentils et ceux qui étaient cons restent cons. La confrontation avec les monstres n’apprend rien à ces personnages, cela ne sert qu’à exacerber leur stupidité qu’ils avaient déjà en eux en arrivant et que l’auteur avait décidé pour eux dès le départ.

Kyochû Rettô - Screenshot #4Là où les choses deviennent tragiques c’est la mise en scène. On ne s’attend pas à ce qu’un film d’animation japonais intitulé « L’île des Insectes Géants » propose une étude anthropologique de haute teneur intellectuelle mais au moins un divertissement sympathique. Sauf que là y’a rien quoi, c’est mou, c’est terriblement moche, les insectes sont bien évidemment tous rendus en 3D mais genre c’est des graphismes de Nintendo 64 là, c’est pas possible. L’animation 2D n’est pas bien meilleure, dans une série télé ce serait déjà difficile mais dans un long-métrage en 2020 c’est inacceptable, il y a au moins quinze ans de retard technique ici.

Maintenant la vraie question c’est de savoir est-ce que il y a du SCÉNARIO. Ah ben oui un truc comme ça il faut au moins qu’il y ait du SCÉNARIO pour que ce soit un minimum tolérable. Du coup ouais il y a un peu de SCÉNARIO mais si c’est ça que tu recherches particulièrement tu trouveras bien mieux ailleurs. Pareil niveau gore, ça perce ça découpe ça déchire mais pas en plein écran, la version que j’ai vue montrait bien le SCÉNARIO mais pas les corps mutilés, faut croire qu’on n’a pas les mêmes valeurs.

Au fait, à un moment du film vers la fin, il y a une scène avec le personnage principal qui marche dans un couloir pour aller affronter le boss final. Ça dure deux minutes, il ne se passe absolument rien à part le personnage qui avance dans le couloir avec un espèce de son rock vite fait derrière. J’ai rien compris à cette séquence, si quelque peut aller voir le film et m’expliquer par MP parce que moi je vois pas ce que ça signifie.

Kyochu Retto n’est ni assez choquant pour être un film à sensation, ni assez involontairement drôle pour être un nanard, c’est simplement une perte de temps. Si vous recherchez un bon anime de ce genre pour Halloween, je vous recommande plutôt de regarder Gyo, un film qui raconte l’invasion du Japon par des poissons carnivores… Produit par Ufotable et adapté d’un manga de Junji Itô. Ah bah oui, au Manoir Deluxe on essaye de faire attention aux invités, on ne sert pas n’importe quoi.

Verdict :3/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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