Une petite gemme oubliée.

» Critique de l'anime Fantastic Children par Alice Devil le
05 Mai 2016

De nos jours, nous sommes habitués à l'ère des graphismes par ordinateur, à des séries de plus en plus sublimes, où la fluidités des mouvements rivalisent avec la richesse des décors et des effets lumineux. Dans de telles conditions, de nombreuses séries plus anciennes et aux graphismes plus ingrats partent avec un sérieux handicap: qui voudrait revenir à des arrières plans à peine travailler, à des visages simplifiés en quelques lignes ou à la glorieuse tradition du remploie d'un même plan en boucle sur plusieurs épisodes? Les productions du début des années 2000, à l'époque de la transition entre le crayonné et l'ordinateur, sont celles qui souffrent le plus de ce défaut, les condamnant pour la plupart aux oubliettes de l'histoire.

Et c'est un tord.

Certes, dans la masse d'animes produites à cette époque, beaucoup furent oubliés à juste titre. Mais au milieu de tout cela, quelques gemmes subsistent et méritent amplement notre attention. Je pourrais par exemple cité Kemono no Souja Erin, ou encore L'Autre Monde, mais ce sera là le sujet d'une autre critique, et même ces très bonnes séries souffrent de quelques défauts narratifs à mon avis. La véritable injustice à mes yeux se trouvent plutôt du côté de Fantastic Children, diffusé en 2004 pour la première fois. L'histoire nous amène à suivre Tohma, jeune garçon énergétique vivant sur une sanctuaire, dont le quotidien sera bien vite chamboulé par l'arrivée d'une mystérieuse jeune orpheline, Helga, dont le regard se perd en permanence dans le ciel, à la poursuite d'un rêve et d'un lieu qui la hante jusque dans ces dessins...des dessins qui attirent l'attention d'un mystérieux groupes d'enfants, tout de noir vêtu, qui semble en savoir bien trop pour leur si jeune âge, et ne possède qu'un seul objectif: retrouver Helga.

Dès le premier épisode, la série pose le ton: la musique principalement du piano associé à des violons y aide grandement, se répétant en un rythme lancinant et inquiétant. Les premières minutes établissent la présence d'un surnaturel menaçant la grande majorité des protagonistes, et comme ces dernier se composât principalement d'enfant, leur effroi sincère et leur peur rajoute à cette série une atmosphère sombre sans jamais tomber dans l'excès. Fantastic Children dans sa première moitié est une série qui mise tout sur son atmosphère, suggérant plus qu'elle n'apporte de vrai réponses: en tant que spectateur, cette volonté d'explorer l'inconnu aussi dangereux soit il, est un vrai moteur qui vous attrape et ne vous lâche plus. Chaque épisode apporte sa petite pièce du puzzle ainsi que son lot de malaise au spectacle de ses enfants en panique.

L'intrigue est la véritable clé de cette série: non pas que les protagonistes soient mauvais, loin de là, mais dans l'ensemble, ils demeurent assez simples, voire classiques, leur développement se mettant en arrière plan au profit de l'histoire et du mystère, d'autant plus que le nombres de personnages secondaires dans cette série est assez important: même en 26 épisodes, il aurait été impossible de leur donner à tous un passé détaillé. Privilégiant ainsi l'efficacité, la série se concentre vraiment sur les vrais acteurs de l'histoire pour leur donner une vrai profondeur bienvenue: chacun dispose de son moment bien à lui, si bien que l'on ne peut vraiment parlé de "héros" dans cette série. Une bonne chose à mes yeux, vu que chacun est libre de s'investir dans le personnage de son choix et de découvrir sa conclusion propre dans cette histoire riche en rebondissement.

La deuxième moitié de la série change de tonalité, et vire plutôt dans une atmosphère qui n'est pas sans me rappeler le film Le Château dans le Ciel: l'aventure y est au rendez vous, avec au menu la découverte d'anciens conflits et des enjeux bien trop grand pour les frêles épaules de nos protagonistes qui doivent faire face une menace venue d'un ailleurs lointain. Les réponses aux interrogations de la première partie nous sont apportés, et comme prévus, certaines auraient mieux fait de rester cachés pour nos héros. C'est donc un changement de registre réussi pour cette série, une prouesse que peu de séries parviennent à réaliser surtout aussi tard. Le côté un petit plus classique mais épique parvient vraiment à créer ce sentiment d'action "à l'ancienne" et la musique inquiétante laisse place à des mélodies absolument sublimes, soulignant à merveille les temps forts de cette conclusion mouvementée.

Il est vraiment dommage que l'animation desserve grandement cette série : le chara design assez particulier ne serait pas un problème en lui même s'il ne s'accompagnait pas d'une pauvreté des détails ou de texture. Hors, la réalisation de l'anime a eu la mauvaise idée de multiplier les plans serrées, voire les gros plans, et même l'harmonieuse bande son ne pourra pas vous empêcher de grincer des dents quand une scène d'au moins une bonne minute s'attarde sur la pauvreté du dessin exagérée par le cadrage peu judicieux. De plus, une autre raison selon moi de l'oubli de cet anime vient à sa date de parution: Fantastic Children sent bon la série d'aventure d'antan, à la Conan le fils du futur, à une époque où à la révolution Evangelion est passé par là. Il serait dommage pourtant de ce focaliser sur ce côté old school, tant la série parvient à l'aide de son atmosphère si particulière à sortir du lot et se démarquer par son absence de quelconque mièvrerie ou morale pour nous délivrer une histoire simple mais efficace, sombre mais haute en couleur.

Fantastic Children devrait servir ainsi de petite leçon pour tout ceux qui ne jurent que par les graphismes: même avec un art assez minamiliste, on peut parvenir à délivrer des histoires captivantes et divertissantes ainsi qu'une atmosphère unique combinant mystère et aventure. Certes, cet anime ne révolutionnera pas votre vision du média, mais de temps, il est bon de redécouvrir ainsi de petites gemmes sans prétention mais singulière et virtuose dans leur histoire. Fantastic Children en est pour moi le meilleur exemple, mais je suis certaine que nous avons chacun cette série au fond de notre mémoire qui ne demande qu'à être époussetée pour briller à nouveau malgré l'oublie et l'âge.

7,5

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Alice Devil, inscrit depuis le 23/10/2012.
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