Critique de l'anime Wonderful Days

Tiens, un film d'animation coréen ! Naïvement, je m'attendais à quelque chose d'assez cheap, vaguement copié sur les productions japonaises... que nenni.

Sorti en 2003, ce long métrage d'anticipation est assez prodigieux techniquement. Le chara-design est impeccable, l'animation réussie, les décors fabuleux (avec une préférence pour Marr, pendant dévasé d'Ecoban) et les musiques vraiment soignées, je pense notamment au finish sur fond d'opéra. Quasi sans-faute donc ? Pas tout à tout fait. En effet, la cohabitation synthèse / dessin classique n'est pas toujours aussi harmonieuse qu'elle aurait pu l'être et, de manière générale, le film a peut-être trop misé sur les images par ordinateurs. Il arrive que ça brise un peu la magie, même si la plupart du temps, soyons honnêtes, ça en jette un max.

Le scénario m'a un peu déçu par contre. Le plot de départ est un peu évasif avec son histoire de déluge ravageur, résultat d'on ne sait quelle guerre ou cataclysme écologique. On nous parle ensuite d'une cité refuge plantée sur une île qui refoule les nouveaux arrivants "contaminés" (?). Il en résulte l'opposition entre deux villes : Ecoban (cité high tech) et Marr (ville des pouilleux), la première exploitant la main d'œuvre et réprimant les révoltes de la seconde. Un élément m'a aussi surpris : la pollution se révèle être la source d'énergie d'Ecoban, elle a donc intérêt de continuer à polluer au maximum pour continuer à prospérer, même sur Marr doit en mourir. Mais les leaders de la ville-basse ne se laisseront pas faire... Bref c'est un peu limité et tout ça ne m’a qu’à moitié convaincu.

Pour compenser cette trame moyennement inspirée, le film a néanmoins plusieurs atouts dans sa manche, à commencer par les personnages. A part un méchant trop méchant, ils sont presque tous versatiles et charismatiques, l'excellent design et le chouette doublage VF y étant pour beaucoup. Au fil de l'aventure, on finit par tous les aimer avec leurs doutes, leurs colères, leurs faiblesses et leur humour. Le coup de l'histoire d'amour manquée, c'est aussi bon à prendre, sans oublier la jalousie d'une troisième personne pour pimenter le tout. Le deuxième gros atout du film est sa mise en scène, réellement impressionnante. La scène d'infiltration suivie de la fuite de Shua est à ce titre un moment d'anthologie. Violentes et endiablées, les fusillades constituent elles aussi d’excellents moments de divertissement.

Ce que je reproche vraiment à ce film, c'est de ne pas avoir exploité suffisamment la richesse d'un univers visuellement très inspiré. Ne pas développer les causes et la nature de la catastrophe est un choix qui se défend, les aspects symbolique et apocalyptique pouvant se suffire à eux-mêmes, mais personnellement ça m'a un peu déçu de ne pas en savoir plus. En outre, le manichéisme trop évident de son "intrigue" nuit un peu à l’ensemble, et puis certaines scènes m'ont parues superflues et inutilement longues, comme la course poursuite en "aéronefs".

Malgré tout, Wonderful Days reste une œuvre magnifique, autant sur le plan artistique (design, musique) que technique (animation, utilisation la 3D). L'efficacité des scènes d'action et le charisme des personnages aident à contrebalancent le manque de finesse du scénario et l’aspect inexploité de ce splendide univers.