ZAREGOTO — Têtes penchantes, Têtes tombantes

» Critique de l'anime Zaregoto par Deluxe Fan le
26 Avril 2018
Zaregoto - Screenshot #1

Zaregoto (qui signifie « Absurde ») est une série de light novels publiée entre 2002 et 2005 par Ishin Nishio, plus connu sous le pseudonyme Nisioisin, et dont il s’agissait à l’époque du premier roman. Lors de sa publication initiale au Japon, Zaregoto connaît un grand succès et propulse l’auteur, âgé de vingt ans à peine, au premier plan des écrivains de LN japonais. Mais ce n’est que quelques années plus tard que le nom de Nisioisin deviendra mondialement célèbre avec un autre roman, Bakemonogatari, dont l’adaptation par le studio Shaft reste à ce jour un des plus gros succès de l’animation japonaise de tous les temps.

Depuis lors, Zaregoto n’a cessé de figurer en tête des classements annuels des adaptations de LN les plus réclamées par les japonais. Finalement en 2016, plus de dix ans après la fin de la publication du roman, Zaregoto a enfin droit à son anime avec un traitement de luxe : huit OAV réalisés par Shaft, avec le chara-designer Akio Watanabe (Bakemonogatari), une bande-son de Yuki Kajiura (Madoka Magica) et avec les doubleurs Yuki Kaiji et Aoi Yuuki dans les rôles principaux. Niveau pedigree on ne peut tout simplement pas faire mieux.

Zaregoto - Screenshot #2Je trouve donc assez "amusant" que Zaregoto soit passé inaperçu en Occident, alors même que ces OAV ont mis douze mois à être diffusés. Lorsque je me suis inscrit sur Anime-Kun il y a presque huit ans, Bakemonogatari venait d’être diffusé et TOUT LE MONDE suçait la bite de Shinbo, de Shaft et de Nisioisin, la hype était immense et internationale. Et aujourd’hui non seulement la licence Monogatari ne fait plus parler personne alors même que des animes continuent d’être régulièrement diffusés, mais le tant réclamé Zaregoto a lui aussi fait l’objet d’une indifférence totale ; ce qui est bien dommage car il s’agit peut-être de ce que Nisioisin a produit de mieux.

Les huit épisodes adaptent le premier volume du roman, Kubikiri Cycle (le Cycle de la Décapitation). Le récit se déroule sur une île où se situe un vaste château dans lequel habite Ilia Akagami, une riche héritière d’une puissante famille. Son passe-temps favori consiste à inviter les personnes les plus intelligentes et talentueuses du Japon pour séjourner avec elle. Le protagoniste est justement le secrétaire d’une de ces personnes, Tomo Kunagisa, qui doit passer une semaine sur l’île. A leur arrivée dix autres individus sont présents : Ilia Akagami elle-même, les quatre membres de son personnel, un chef cuisinier, un médium, une mathématicienne, une artiste peintre et son assistant.

Zaregoto - Screenshot #3Évidemment avec un tel décor, ce qui doit arriver arrive ; un des résidents de l’île est assassiné, le coupable se trouve parmi les convives, et il revient au protagoniste de le trouver.

D’un point de vue stylistique, on retrouve dans Zaregoto tout ce qui a pu faire la singularité de Bakemonogatari. L’écriture tortueuse de Nisioisin, qui impose à la narration de nombreuses digressions sous formes de dialogues méta interminables, ravira les amateurs. La mise en scène de Shaft est également de la partie dans toute sa splendeur ; montage rapide, animation rigide, décors baroques, des têtes qui penchent à droite, et des têtes qui penchent à gauche. Associez à tout cela le chara-design de Akio Watanabe et vous obtenez un produit formellement indissociable des précédents travaux du studio, ce qui était évidemment le but.

L'intérêt de Zaregoto tient plutôt dans le récit. Contrairement à Bakemonogatari qui n’est en réalité qu’une succession d’histoires courtes sans vrai lien narratif (ce qui explique comment Nisioisin peut en chier aussi régulièrement), Zaregoto est une véritable histoire avec un début, un milieu et une fin, comme il se doit. La structure elle-même est celle d’un whodunit à la Agatha Christie, et il ne s’agit pas ici de parodier ou subvertir le genre ; le mystère est bien réel, il n’y a pas de piège, tous les indices sont donnés au spectateur en même temps qu’ils sont donnés au protagoniste – même si l’anime tentera bien sûr de lancer de fausses pistes, sinon ce ne serait pas marrant. La résolution intervient à l’épisode 7 (qui s’ouvre sur une séquence sakuga réalisée par Akiyuki Shinbo lui-même) et l’épisode 8 est un long épilogue de trois quarts d’heure qui revient sur certains détails de l’intrigue ; pas vraiment indispensable, mais bon.

Je ne suis pas fan du style de Nisioisin, ni de celui de Shaft à quelques exceptions près ; et Zaregoto en fait désormais partie. Le surréalisme des visuels et l’incohérence du montage Shaftien s’accordent bien à un récit basé sur les secrets, les twists et les mystères ; on déchiffre la mise en scène en même temps que les personnages avancent vers la résolution de l’énigme. J’ai accroché à la série plus que je ne me suis fait chier, ce qui est l’inverse de ce que j’avais subi à l’époque de Bakemonogatari et Katanagatari. Comme quoi, à la manière des fans qui ont attendu dix ans pour voir leur LN favori adapté, il m’a fallu dix ans pour trouver un Nisioisin qui ne soit pas insupportable à regarder.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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