Thronebreaker : The Witcher Tales (PS4)
Rappel des faits : le Gwent est un mini-jeu de cartes jouable dans The Witcher 3, qui était aussi populaire que le jeu en lui-même. CD Projekt a très vite émis l'idée de sortir un jeu de Gwent autonome, sous la forme d'un free-to-play multijoueur ainsi que d'une campagne solo. En mai 2017, le mode multi du Gwent sort dans une version dite "bêta" pour tester le jeu et créer une communauté. Au début les choses se passent bien, le jeu est loué pour sa qualité, mais assez vite CDPR est rattrapé par son inexpérience des jeux en ligne. Au fil des mises à jour l'équilibrage dérape et presque tous les mois un nouveau patch vient bouleverser les règles, ce qui rend impossible de suivre le jeu et de s'y attacher. Finalement CDPR décide d'arrêter de mettre la bêta à jour, de revoir sa copie et de revenir une fois le jeu réparé et la campagne solo prête ; ce qui arriva fin 2018 avec la sortie simultanée du F2P Gwent et de la campagne solo (et payante) Thronebreaker.
Le récit se déroule durant la deuxième guerre du Nilfgaard, c'est-à-dire pendant la timeline des livres originaux de Sapkowski et donc bien avant les évènements relatés dans les jeux de CDPR. D'ailleurs la plupart des personnages rencontrés sont des OC, mais l'univers lui est bien celui que l'on connaît et c'est pour ça qu'on est là.
Le gameplay prend la forme d'une sorte de C-RPG en vue du dessus, un genre que je déteste d'habitude mais là ça passe tranquille. On explore les cartes, on fouille les recoins à la recherches de ressources qui permettront de crafter les cartes utilisées en combat. Ces derniers prennent la forme de parties de Gwent, pas de surprises, avec des règles légèrement différentes de celle du mode multi ; les propriétés des cartes n'ont rien à voir, probablement pour éviter que les joueurs ayant payé pour cette campagne ne se retrouvent avec un avantage tactique sur les autres.
L'autre élément majeur est le scénario, raconté sous forme de dialogues particulièrement bien écrits et intégralement doublés en français ; on retrouve ici le soin et le sens du détail de CDPR. On a vraiment l'impression de lire un tome spin-off de la saga The Witcher, avec néanmoins la possibilité de choisir certaines nuances de l'histoire et le destin de certains personnages. Un régal pur.
La narration est tellement importante que le gameplay en pâtit parfois, le jeu est extrêmement facile pour quiconque maîtrise un peu le Gwent, et même pour les autres il y a une option pour passer carrément les combats si vraiment on en a rien à battre. Pour contrebalancer cela le jeu n'autorise pas les sauvegardes manuelles et est rempli de points de non-retour (genre Banner Saga), ce qui est très chiant pour ceux qui visent le platine et qui sont donc obligés de jouer avec le guide sous le nez.
Ces menus détails n'entachent en rien la qualité du jeu, qui est une vraie réussite. On se replonge avec gourmandise dans cet univers qui est probablement ma licence de fantasy préférée, moi qui suis plutôt SF en général. Malheureusement ce jeu s'est visiblement planté niveau ventes puisque quelques semaines après l'avoir sorti en exclu sur GOG qui la boutique en ligne de CDPR, il s'est retrouvé sur Steam pour essayer de sauver les meubles. On imagine que le studio a dès lors pu compter les réels fans de The Witcher et les autres.
NB : Du coup le Gwent en ligne est revenu et a fait peau neuve tant visuellement que sur le fond du gameplay avec des règles retravaillées, un meilleur équilibrage, des modes de jeu annexes et un système de progression plus approfondi. En revanche il est désormais assez clair que le jeu vise la monétisation avec une économie plus stricte, et je ne suis pas certain qu'il y ait suffisamment de joueurs actifs pour justifier d'y mettre de l'argent, même si c'est loin d'être nécessaire pour s'amuser.