Auteur Sujet: Articles sur le net et discussion d'ordre général  (Lu 122794 fois)

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sarthasiris

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Re : Re : Re : Coups de coeur, coups de gueule
« Réponse #285 le: 12 juillet 2018, 12:34:13 »
On peut pas prôner la banalisation tout en prônant le militantisme. Le militantisme créer une rupture avec qui est considéré comme une norme. Et c'est d'ailleurs pas plus mal, sans militantisme on serait encore en train de leur laisser le choix entre la castration chimique ou le camp de travail forcé comme ce fut le cas en Angleterre jusqu'à la fin des années 60. La normalisation est une noble idée qui doit passer par une revendication claire. Les choses ne vont pas s'arranger d'elles mêmes en laissant couler, l'air de rien, comme si c'était déjà accepté comme une évidence, parce que justement, ça ne l'est pas.
Il ne faut jamais rien prendre au sérieux.

Minuit

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Re : Re : Re : Coups de coeur, coups de gueule
« Réponse #286 le: 12 juillet 2018, 13:17:48 »
Ai-je défendu à un seul instant ce que tu exposes dans ton commentaire ? N'ai-je pas précisé que "la revendication doit continuer d'exister sur un plan militant" tandis qu'elle "[était finie] dans le domaine culturel" ? Enfin, ai-je à un seul moment dit que le militantisme n'avait servi à rien et n'avait pas de valeur ?

L'évidence ne naît pas seule : elle se provoque. Et seule l'évidence ostentatoire peut provoquer l'évidence diffuse.

sakura yukiko

Re : Re : Re : Coups de coeur, coups de gueule
« Réponse #287 le: 12 juillet 2018, 13:22:21 »
Désolé de vous couper dans votre passionnant débat sur les LGBT mais j'ai un petit coup de ♡ à partager : tous mes élèves ont eu leur Brevet avec plus de la moitié avec une mention ^_^

Happy ♡♡
(Après les sujets étaient vraiment simple  :wacko:)

Badass Little Redhood

Minuit

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Re : Re : Re : Coups de coeur, coups de gueule
« Réponse #288 le: 12 juillet 2018, 13:25:06 »
Mais coupe donc, coupe donc ! C'est une excellente nouvelle. Ravi pour toi et tes élèves. :3

(Je n'ai pas vu les sujets de cette année. Étaient-ils si simples que cela ?)

sarthasiris

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Re : Re : Re : Coups de coeur, coups de gueule
« Réponse #289 le: 12 juillet 2018, 14:17:09 »
Non-non, bien sur que tu n'as pas dit toutes ces choses. Je réagissais à ton post qu'à la première ligne du mien.^^

Il ne faut jamais rien prendre au sérieux.

Minuit

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Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #290 le: 12 juillet 2018, 15:15:24 »
Alors pour répondre à ta première ligne, c'est simplement parce que je distingue plusieurs plans, comme je le suggère dans ma réponse. Il y a un plan politique sur lequel le militantisme doit évidemment avoir une influence (mais dans le cas de la France, je précise que ce ne doit être que sur le plan politique) et un plan culturel qui doit se détacher du militantisme pour aller vers l'évidence de la relation. :3
L'évidence de la relation ne peut passer que par l'effacement des sujets LGBT. Certains humoristes commencent à le faire un peu ; par exemple Vincent Dedienne (que l'on aime ou pas) met en scène au travers d'anecdotes ses (més)aventures sexuelles et désirs érotiques sans jamais mettre au premier plan l'homosexualité qui est conçue comme une évidence.

De plus, je sépare normalisation et banalisation. Il ne s'agit pas de construire une nouvelle norme dans un premier temps, mais davantage d'effacer la composante LGBT dans la représentation LGBT : faire ressortir quelque chose de plus profondément universel et humain.

La France a connu plusieurs victoires pour la communauté LGBT. D'abord une victoire "médicale" (lorsque les LGBT ont cessés d'être considérés comme des malades), sociale et culturelle (arrivée dans l'espace public de représentations LGBT) et finalement politique (mariage homosexuel). Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, et ce chemin est l'affaire de trois leviers.

Tout d'abord un militantisme qui saura se réunir avec d'autres militantismes (notamment féministes et anti-racistes) pour exercer un rôle politique (GPA, PMA, protection des minorités, droits de la femme, genre neutre, possibilité de changer de sexe civil sans chirurgie, etc.) et un rôle pédagogique. Le militantisme doit s'arracher à la revendication pure (et uniquement centrée sur la cause LGBT) qui a actuellement un effet profondément négatif, l'augmentation du nombre d'incidents homophobes et transphobes en milieu scolaire est un très bon signal d'alerte à ce propos.
Ensuite, il faut dans un même temps briser les communautarismes militants et envisager, comme conséquence également à l'évolution de l'image militante LGBT, une nouvelle manière d'avancer. Nous avons connu en France (et un peu généralement dans les PDEM) plusieurs victoires qui permettent un changement de stratégie. Il y a eu la revendication forte, mais cette revendication doit se muer en assimilation sociale, en évidence. Le meilleur levier pour cela actuellement se situe dans l'appareil culturel et artistique, qui doit mettre en avant et fabriquer l'évidence, en occultant la problématique discriminatoire pour à terme banaliser les LGBT. L'éducation sera un levier également à l'avenir, mais il est encore trop tôt pour laisser à une institution officielle la primeur de cette banalisation vers l'évidence. C'est davantage donc au milieu artistique, fort de son image indépendante et libre, de se faire l'avant-garde d'une société différente, non pas dans un regard critique sur le présent ou le passé (revendication) mais comme une image à venir, utopique d'un idéal (évidence ostentatoire).
Enfin, le dernier levier est celui qui manque un peu ces dernières décennies, c'est un levier philosophique et théorique qui permette d'agréger les causes contre les discriminations et poser la question : qu'est-ce que l'être humain ? Nous sommes à une époque où la notion d'humain est profondément mise en crise, par l'évolution technologique et sociale mais également par la perte d'autorité de la figure de l'intellectuel. La peur de la pensée et de la théorie qui caractérise notre époque a encouragé le gouffre identitaire et la crise humaniste qui secoue l'occident depuis la vague romantique. Les théories existentialistes se sont conclues par un échec ; les thèses structuralistes n'ont pas survécu au pragmatisme libéral. Pourtant, en dépit des erreurs et des impasses de ces mouvements intellectuels (on se souviendra de l'obsession stérile de Jean-Paul Sartre pour le communisme), la seconde guerre mondiale avait su mettre sur le devant de la scène sinon soulever de vraies questions sur ce qu'est l'homme. Il ne faut pas oublier que les études de genre sont nées dans ce contexte intellectuel. Le problème n'était pas la qualité des questions soulevées, qui étaient des questions essentielles, mais la réponse incomplète qui leur était données et le vif rejet en partie réactionnaire dont ont souffert ces mouvements de pensée et les mouvements artistiques assimilés. Trouver une issue favorable et durable aux problèmes de discrimination, c'est avant tout avoir le courage de se ressaisir des bonnes questions qui se cristallisaient principalement autour de deux thèmes : la nature de l'homme et le rapport de l'homme au réel.

Red Slaughterer

Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #291 le: 13 juillet 2018, 22:46:30 »
Parce que c'est connu, tout le monde a fait hypokhâgne.

Mais le problème dans tout ça, c'est que je vois pas où la contradiction avec tout ce qui est déjà pratiqué et qui n'a jamais fait qu'exposer le cibles les plus fragiles à plus de violences. En fait, tout ce que tu viens d'écrire me fait penser à un truc qu'un type de 4chan encadrerait dans ses toilettes pour se souvenir pourquoi il frappe des types surement aussi déprimé que lui. C'est l'exact formulation du militantisme que se fait rejeter avec une telle violence que des types qui n'avait aucune éducation politique quelconque se sont mis à suivre les pires illuminés d'extrême droite pourvu que ce soit contre ça. Et en vrai, cette idée qu'il faudrait doucement assimiler à la norme bourgeoise tout ce que son fascisme latent n'arrive pas à admettre me parait seulement naïf dans le meilleur, dans tous les autres ça fait froid dans le dos.

C'est étrange de te voir proposer la banalité alors que tu matraques l'acronyme LGTB dans chacun de tes messages. Même sans savoir ni comprenne de quoi tu parlez, tout le monde reconnait d'où a vient et ce sera jamais banal. Parce que c'est en décalage avec la ré-émergence des valeurs plus traditionnelles récente, et qui devient évident quand on regarde la fiction la plus courante. Les accusations de communautarisme et les beaux discours sur le rassemblement des luttes, on sait aussi d'où ça vient et on sait où ça mène, y'a pas besoin de philosopher là-dessus. Le résultat c'est que les moins favorisés vont se prendre le retour de flamme et que ces violences vont ensuite être utilisée pour justifier de pousser plus violemment dans la même direction. Je n'ai jamais vu ce genre de mouvement faire autre chose que prêcher des convaincus et embrigader tout le reste du monde contre eux.

Tu te perds dans des idées complètement abstraites et sans intérêt. N'importe qui aurait toutes les raison du monde de claquer la porte au visage de quelqu'un qui vient parler de "peur de la pensée" et qui écrit son opinion sur la manière dont il faudrait utiliser l'éducation pour s'assimiler à la société comme une évidence. Parce que ce que tu proposes là, c'est juste de la propagande, ni plus ni moins. Jamais l'éducation ne doit proposer des évidences, qui sont d'ailleurs l'exact opposé de la pensée. Je vois là-dedans que les traces nocives des pétomanes cérébraux libéralo-fascistes qui ont fabriqué de toute pièce l'usine à misère humaine actuelle. Si l'art doit servir d'outil d'éducation, il devrait plus être destiné à permettre au plus démunis de récupérer l'image qu'ils ont d'eu-même plutôt que qu'en tant qu'outil d'insertion subliminale de leur pénis dans la bouche d'Emmanuel Macron.

C'est pour ça que peut importe le niveau d'élévation intellectuelle que tu essaies t'invoquer, Hôrô Musuko a un statut quasiment intouchable jusqu'à ce que n'importe qui ne fasse même juste semblant de faire mieux. Elle se saisit de problèmes d'une population très mal traitée dans tous les média possible et remet les choses à leur place avec finesse et simplicité. C'est une des plus belles œuvres sur le sujet, et juste essayant de diminuer ça tu nuis déjà à un public que pour lequel tu prétends militer.

Minuit

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Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #292 le: 14 juillet 2018, 01:16:41 »
Mince, moi qui n'ai pas fait hypokhâgne. Serais-je seul au monde ?

Si tu ne vois pas la contradiction, il y a deux possibilités. La première, c'est que j'aie une image faussée de la situation et de ses conséquences ; c'est possible, mais je crois avoir cité des éléments qui permettent d'appuyer au moins un peu mon hypothèse. La deuxième, c'est que tu n'aies pas compris la nuance que j'essaie d'exposer ; dans ce cas, je m'avoue dépourvu face à cela.

Je ne crois pas à l'assimilation passive durable. C'est en effet ce que l'on appelle de la propagande et ce n'est pas ce que je défends. Je n'ai pas développé le "rôle pédagogique" que j'incluais avec le militantisme. Tout comme je n'ai pas développé l'aspect didactique et questionnant que la démarche artistique est censée provoquer. Je ne l'avais pas vu comme une faille dans mon développement mais tu l'as très judicieusement remarqué. Cela pouvait porter à confusion.
Je ne crois pas (plus) au pouvoir frontal unique du débat collectif. Je crois en un reste de maïeutique socratique, parce que je crois (et tu vas pouvoir m'attaquer à ce sujet sans problème d'ailleurs) en la bonté humaine. L'art, pour moi, instaure un dialogue particulier entre le créateur de l'oeuvre et son récepteur. Il est sans doute très utopique d'espérer chez chacun une introspection raisonnable face à un débat de société. Il est sans doute très utopique également d'espérer chez chacun un retour sur soi par le biais de l'oeuvre d'art ; mais moins utopique il me semble. L'art, pour devenir moyen de dialogue, ne doit pas se substituer à la parole militante en devenant un porte-parole de celle-ci ; l'art ne doit pas expliquer, il doit montrer. Il doit montrer avec détachement et évidence. Qu'importe le sujet par ailleurs. En relisant mon intervention, on aurait pu penser que j'attendais qu'une sorte d'élite artistique gauchiste s'empare de la cause LGBT pour la faire rentrer à coup de banalité dans les têtes des gens. Il n'en est évidemment rien ; je suis particulièrement attaché à la liberté d'expression (et opposé par exemple à la loi Gayssot sur la position de Pierre Vidal-Naquet). Cela n'empêche pas que je crois l'art plus à même d'instaurer un dialogue intime avec les gens que les militants, que je cantonne comme tu l'as vu à un rôle politique (c'est-à-dire en rapport avec les institutions) et pédagogique public. Il faut forcer les gens à s'interroger. Que ce soit sur ce sujet, sur un autre. Et le meilleur moyen de faire s'interroger quelqu'un, c'est de l'étonner. C'est de le mettre face à quelque chose qui lui est inconnu, dans des dispositions propices au développement d'un questionnement, fut-il diffus et lent ; qu'importe ! il existera. La remise en question par l'art de la société : voici ce que je défends. Et lorsque la société sera prête à envisager le fait que l'on puisse parler de tout en matière d'éducation (y compris de religion, de politique, de société), alors l'éducation aura sa place comme gigantesque machine non pas à formater comme elle tend à l'être aujourd'hui, mais à éduquer les gens vers l'intelligence. Vers l'interrogation.

Tu confonds sinon la banalité dans le discours et la banalité dans l'art. Je n'ai jamais défendu la banalité dans le discours, seulement dans l'image et la représentation culturelle. Pour le communautarisme, je reste sur mes positions ; et les beaux discours de rassemblement des luttes n'est pas un énième délire prolétario-marxiste (du matérialisme historique, tu ne risques pas en trouver en très grandes quantités chez moi) et n'est pas motivé comme je l'expliquais par le fantasme d'une marée populaire rassemblant les bien-pensants progressistes mais par un désir d'aller au fond des choses. Ce que tu assimiles à un délire "abstrait et sans intérêt" est seulement une tentative d'analyse de la situation présente, passée et à venir.
Je me permets juste de glisser que le concept d'empowerment que tu cites sans citer fonctionne principalement par mimétisme et, dans les exemples que nous avons à ce jour, consiste principalement à exacerber les communautarismes (le retour) en une haine contre l'oppresseur (autrui).

Red Slaughterer

Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #293 le: 14 juillet 2018, 05:37:40 »
Citer
(et tu vas pouvoir m'attaquer à ce sujet sans problème d'ailleurs)

Non, mais je sais reconnaître un sophisme quand j'en vois un. Et ça c'en est un.
Un bon moyen de forger un ethos sur la base de quelque chose que j'aurais pu ne pas dire. Et que j'aurais jamais dis en fait.

Alors peut-être que j'ai toujours pas compris la nuance que tu essaies d'exposer mais l'évidence ne remet rien en question, justement. Puisque c'est une évidence. Du coup je vois absolument pas où tu veux en venir avec tout ça. Et je sais bien que tu n'as jamais parlé de banalité dans le discours, mais les deux vont ensemble. De toute façon, le discours d'une personne se retrouve dans son oeuvre quoi qu'il arrive. Et même en partant du principe que ça saurait pas le cas, le discours existe dans la sphère publique avec pour but affiché d'attirer l'attention sur sa cause. Il va finir par relever l'évidence de lui-même, qui ne sera du coup plus une évidence. Et c'est exactement ce qui agace tout le monde et provoque autant de tension, le fait qu'on essaierait de leur imposer un modèle de pensée.

C'est amusant de te voir coller un terme sur ce que j'ai écris puis de lui attribuer une définition dans la foulée. Une définition qui est quand même assez éloignée du seul exemple que j'ai cité pour le moment, en plus. Et même de manière générale, je vois pas trop comment l'un mène à l'autre, je vois plus "critiquer la société" comme une démarche qui cherche à créer une "haine contre l’oppresseur". Alors oui ça "exacerbe le communautarisme", mais j'ai toujours pas compris le problème en dehors du fait que ça empêche à la norme de pouvoir se le ré-approprier. Permettre à une partie de la population de récupérer leur image dans la parole et sur la place public, ça ne créé pas tellement de haine contre quoi que ce soit. Ca n'entre finalement même pas en contradiction avec le fait de ne pas évoquer la sexualité des personnages directement et sans évoquer le militantisme lui-même.

Minuit

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Re : Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #294 le: 14 juillet 2018, 11:50:35 »
Non, mais je sais reconnaître un sophisme quand j'en vois un. Et ça c'en est un.
Un bon moyen de forger un ethos sur la base de quelque chose que j'aurais pu ne pas dire. Et que j'aurais jamais dis en fait.
Même pas, c'était un mélange d'humour et d'honnêteté. :'3
Je me sais réellement très attaquable sur le sujet. C'est sans doute le sujet que j'ai le plus de mal à défendre. C'est pour ça que j'utilise le verbe "croire" pour l'évoquer. Car c'est fondamentalement une croyance.
(Mais en cherchant tu devrais bien pouvoir trouver quelques éléments de rhétorique à te mettre sous la dent ; pas envie personnellement de jouer à ce jeu, j'accorde trop de crédit à notre discussion (j'y prends un réel plaisir pour tout t'avouer) pour relever tous les vices de pensée ou de forme dans tes propos ; puis dénoncer un 'sophisme', ça me fait toujours beaucoup rire, puisque c'est techniquement un sophisme également)

Pour moi, ce que j'ai nommé évidence ostentatoire est propice à la remise en question. L'absence de questionnement sur quelque chose qui pose problème possède à mon sens une grande force. Le tout, c'est d'envisager le media. Il me semble, pour les raisons que j'ai détaillées plus haut, que l'art est très bien situé par rapport à cela.
Le discours peut se retrouver dans l'oeuvre, j'en conviens. Mais je tiens à dire que si discours il y a adjoint à l'oeuvre, c'est que l'oeuvre n'aura pas réussi à faire taire son propre créateur. Ce que tu défends est, il me semble, une vision engagée de l'art cristallisée autour de l'idée qu'un certain nombre de messages sont véhiculés par une oeuvre. Ce n'est pas la vision que je défends, puisque je crois très particulièrement en ce qui dépasse le message (ou le discours si tu préfères) dans l'oeuvre d'art pour étonner (au sens cartésien). Mais tu viens de trouver la limite (enfin, l'une d'elles) à mon côté sartrien primaire.

La nuance se situe sans doute entre faire de quelque chose une évidence et de montrer quelque chose comme une évidence. La seconde option est celle de l'art. Je reprends l'exemple d'il y a quelques messages : Happy Together de Wong Kar Wai. C'est une (magnifique) histoire d'amour. Va me montrer qu'il existe un message pro-LGBT visible dans ce film. L'évidence montrée, ostentatoire, des relations écarte précisément le discours militant ; et Wong Kar Wai n'est pas spécifiquement militant pour une quelconque cause LGBT. Il n'en tient en aucun cas le discours. Il a montré non pas l'homosexualité, il a montré des humains et une histoire d'amour. Rien que ça, ça en fait l'une des œuvres cinématographiques les plus valables à ce sujet.

Citer
[l'art] devrait plus être destiné à permettre au plus démunis de récupérer l'image qu'ils ont d'eu-même
Cette phrase m'évoque simplement la culture hiphop, les danses actuelles d'origine noire qui ont émergé aux EUA. Et qui sont, que tu le veuilles ou non, au départ l'exacerbation de la haine de l'oppresseur. Je ne croirai jamais, plutôt je refuse de croire à une solution par la haine. Le communautarisme, dans sa définition même, consiste en un repli sur soi. Et tout repli identitaire amène au rejet haineux de l'autre. Le communautarisme n'offre qu'une impression de rassemblement tandis qu'il n'est au fond que subdivision meurtrière. Je ne veux pas voir ceci germer partout dans le monde.

RadicalEd

Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #295 le: 11 août 2018, 01:57:10 »
Une petite interview avec Okiura Taito, fondateur et ancien président de David Production, qui est en charge des animes pour Netflix.
Ça explique pourquoi certains trouvaient donc, à raison, "B: The Beginning" trop edgy:
"Our focus is edgy shows: sci-fi, action, fantasy…that relatively travel easily on a global scale. This is opposed to genres like comedy or slice of life, which can be difficult to translate for global customers. So sci-fi, action…zombie…vampire or “underground fight-club situations” *laughs* those are our favorites."

Etant donné que j'ai souvent trouvé les productions de David Production intéressantes, c'est plutôt bon signe d'avoir quelqu'un comme lui pour le catalogue Netflix.

Deluxe Fan

Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #296 le: 11 août 2018, 15:16:39 »
L'information que j'apprends dans cet article c'est que Netflix a débauché Yoshiki Sakurai, le scénariste de Stand Alone Complex. Si Netflix parvient à trouver les scénaristes qui manquent désespérément au reste de l'industrie ça pourrait devenir intéressant.

Vu le résultat de B the Beginning il y a encore du travail néanmoins.

RadicalEd

Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #297 le: 11 août 2018, 18:58:58 »
Pour moi, l'important dans l'interview, c'est qu'on voit que Netflix va produire/acheter des animes qui sont plus "global market" (orienté vers les gouts occidentaux en particulier) que les animes typiquement japonais, tout en laissant des japonais du milieu gérer ce catalogue.
Avec Devilman, on note que bien que la condition des animateurs n'était pas améliorée par les budgets de Netflix, il y avait une latitude complète au niveau contenu.
En tenant compte des évolutions des majors américaines (cf. Why Are Big Hollywood Studios Buying Anime Distributors? (ANN)), s'ils suivent l'exemple de Netflix (aka. financer la prod), c'est possible que l'on voit des évolutions sensibles dans la production anime japonaise.
En tant que fan des OAVs des 90s, je rêve du retour de cette créativité via les plateforme de streaming. (bon ok, à l'époque c'était parfois n'imp le contenu...)

Deluxe Fan

Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #298 le: 11 août 2018, 20:13:44 »
La créativité elle ne dépend pas de la provenance du fric mais des artistes qui sont au travail.
Quand tu donnes un budget, un planning et une liberté totale à un mec comme Maasaki Yuasa forcément tu vas obtenir quelque chose d’intéressant à l'arrivée. Si Netflix veut aller quelque part ils doivent aller chercher les bonnes personnes, frapper à leur porte et les traîner de force jusqu'à la table du storyboard.

Concernant les OAV des années 90, ces gens-là étaient dans un état d'esprit particulier. Ils défrichaient de nouveaux horizons pour l'animation japonaise, et ça a fini par les détruire quand ce qu'ils ont apporté s'est incorporé dans le mainstream au tournant des années 2000. Je ne suis pas sûr que ce soit ça qu'il faille absolument rechercher, c'est trop ancré dans une époque.

RadicalEd

Re : Re : Articles sur le net et discussion d'ordre général
« Réponse #299 le: 11 août 2018, 23:07:50 »
La créativité elle ne dépend pas de la provenance du fric mais des artistes qui sont au travail.
Quand tu donnes un budget, un planning et une liberté totale à un mec comme Maasaki Yuasa forcément tu vas obtenir quelque chose d’intéressant à l'arrivée. Si Netflix veut aller quelque part ils doivent aller chercher les bonnes personnes, frapper à leur porte et les traîner de force jusqu'à la table du storyboard.
Je pense la même chose, d'où l'exemple de Netflix qui finance, mais a pris quelqu'un du milieu pour décider de quel projet ou quel artiste financer.

Concernant les OAVs, je n'ai pas la même interprétation que toi. Pour moi, le support est mort car il correspondait à un produit de video club. Les OAVs ont disparus en même temps que ces-derniers (j'imagine avec la migration du porno vers internet). D'ailleurs, j'ai toujours trouvé que les videos clubs avaient une représentation quasi-religieuse chez les vieux otakus (de la gainax par exemple) mais je m'éloigne du sujet.
En soit, les besoins des plateforme de streaming/VOD sont les même que ceux des videos clubs: du contenu à louer. D'où mon espoir de retrouver un telle créativité mais c'est sûr que le contenu ne sera pas le même car les goûts ont évolué, dommage car j'adore le cyberpunk...