Anime-Kun - Webzine anime, manga et base de données

Critique de Phoenix Wright : Ace Attorney

» par Deluxe Fan le
2011-11-07 02:25:28
| Voir la fiche du jeu

Gyakuten Saiban 1 : la loi et l’ordre

Le monde du jeu vidéo est vaste, et à l'intérieur tout se sait et tout s'influence. Mais rares sont les jeux à l’identité si forte qu'ils finissent par sortir du microcosme vidéoludique pour tomber dans le domaine populaire. Les Ace Attorney en font partie.

Connus au Japon sous le nom de Gyakuten, la série des Ace Attorney est la création de M. Shû Takumi, qui travailla sur son projet dans le dos de ses supérieurs de Capcom. Ces derniers ignoraient qu'il allait accoucher d'un jeu culte au concept unique : Ace Attorney est le premier jeu de "simulation" de procès.

Ace Attorney se définit d'abord comme un mélange à base de visual novel et de point'n'click, pour la plus grande partie. Bien sûr, ce visual novel est bien plus évolué que la plupart des cochonneries listées sur vndb.org. Il s'agira donc pour la majorité du temps de faire défiler du texte, afin de débloquer des sujets de conversations dans lesquelles on fait défiler du texte, avant de se rendre vers un autre lieu dans lequel on discutera avec une autre personne, ce qui revient à faire défiler du texte. Autant dire que si vous préférez l’action à la lecture, c’est pas la peine de s’attarder sur le sujet.

Les jeux sont constitués de deux parties distinctes mais d’égale importance : l’enquête qui permet de réunir les preuves, et le procès dans lequel lesdites preuves sont utilisées pour confondre le coupable. Le jeu ne vous permettra pas d’aller au procès si vous ne possédez pas les preuves requises. Cela nous amène à un point fondamental de Ace Attorney : la linéarité. Dans Ace Attorney il n’y a jamais qu’une route, pas de choix ni de bifurcation possible. Le but est de parvenir à ce que le jeu veut vous faire voir, et vous n’avez aucune influence sur le cours des événements – c’est ce qui différencie Ace Attorney des VN les plus développés. En fait, les seuls moments où le joueur est sollicité sont les recherches d’indices (qui correspondent à un jeu de l’objet caché) et les contre-interrogatoires durant les procès.

Les procès, donc. Lors d’une audience, vous incarnez l’avocat de la défense (du moins, dans les Gyakuten Saiban) et votre seul but est d’innocenter votre client. Pour cela, le meilleur moyen est de prouver qu’une autre personne a commis le méfait. Vous serez opposé à un procureur, qui n’aura de cesse de mettre en doute vos paroles et cherchera à prouver la culpabilité de l’accusé. Tout cela se déroule sous l’œil du juge, un vieillard stupide que vous devrez convaincre de votre bonne foi. Lorsqu’un témoin est appelé à la barre, il est interrogé par votre adversaire, puis il est contre-interrogé par vous. A ce moment-là, vous pouvez faire défiler son témoignage. Lorsqu’un témoignage vous paraît suspect, vous pouvez demander des précisions via la commande Attaquer. Et si vous décelez une contradiction dans les propos du témoin, vous n’avez qu’à Présenter la preuve qui montre en quoi le témoin ment. Bien sûr, chaque procès contient plusieurs témoins, plusieurs contre-interrogatoires qui se compliquent au fur et à mesure (vous devrez souvent Attaquer pour rajouter un témoignage décisif, par exemple).

Cela serait très facile si vous pouviez impunément dire n’importe quoi. Dès le deuxième épisode votre personnage est pourvu d’une « barre de vie » ou de « crédibilité » qui diminue lorsque votre objection est rejetée ou que vous vous trompez de preuve. Lorsque votre barre est vide, vous n’êtes plus crédible et le juge prononcera un verdict coupable à l’encontre de votre client - ce qui aboutit au Game Over. Il vous faut donc réfléchir un minimum, bien qu’il soit pratiquement impossible de faire un perfect sur Ace Attorney la première fois ; le jeu est écrit de manière encore une fois très rigide, ce qui vous oblige à aborder la solution d’un certain angle qui peut ne pas être évident à trouver au premier abord.

Les Gyakuten Saiban sont sortis originellement sur GameBoy Advance en 2001, et ont eu droit à un portage sur DS et Wii. La version Wii se contente d’émuler les jeux tel que l’on pouvait y jouer sur GBA ; la version DS profite quant à elle des fonctionnalités de la console ; les deux écrans, dont un tactile, et le micro (il est notamment possible d’utiliser le micro pour crier "Objection !" et se taper la honte dans les transports en commun). Les jeux sur DS sont entièrement jouables aux boutons ou au tactile : les dialogues se déroulent sur l’écran du haut tandis que l’on consulte le Dossier sur l’écran du bas, ce qui rend l’ensemble très clair et fluide.

Les jeux se déroulent quelque part dans le futur (entre 2015 et 2020) mais le décor importe peu. Le système judiciaire exposé à l’air farfelu, mais aussi surprenant que cela puisse paraître pour nous occidentaux, les tribunaux japonais ne possédaient pas de jury populaire jusqu’à une date très récente. Ace Attorney s’inspire donc effectivement des juridictions japonaises, mais la licence toute entière se caractérise par un grand WTF général, que se sont au niveau des personnages incongrus, des répliques débiles ou de la narration qui sacrifie allègrement la cohérence et la logique sur l’autel du coup de théâtre et du retournement de situation impossible.

Vous incarnez donc Phoenix Wright (Ryûichi Naruhodo en jap), jeune avocat de 24 ans au début qui s’apprête à débuter son premier procès. Vous allez vite faire connaissance avec les codes et les gimmicks de la série. Par exemple, la première affaire de chaque jeu ne comporte jamais d’enquête, et se compose toujours d’un procès court et simple vous opposant à Boulay. Vous comprendrez vite que tous les procureurs que vous affronterez (Boulay, Hunter, les Von Karma, Godot, Gavin) sont des personnages imbus d’eux-mêmes, hautains et arrogants ; tandis que vos assistantes (Maya, Ema, Vérité, Kay) sont des jeunes filles ingénues et enthousiastes. Parmi les autres personnages récurrents, on citera Paul Défès, votre premier client, qui est votre ami d’enfance et un aimant à ennuis tout au long de la série ; l’inspecteur Dick Tektiv (oui, il y a pas mal de jeu de mots pourris) qui se caractérise par son incompétence et son imper qu’il n’enlève jamais. Les autres personnages sont tout aussi charismatiques et complètement jetés, tant et si bien que jouer à Ace Attorney équivaut souvent à un aller simple vers l’asile de fous, comme le montrent les séquences où les coupables avouent leurs méfaits et pètent les plombs…

Ce premier épisode comporte quatre affaires. La première volte-face vous permettra de vous familiariser avec le gameplay, en défendant Paul Défès, votre ami/pot-de-colle, le tout sous l’œil bienveillant - et le décolleté avantageux - de votre mentor Mia Fey. Les choses sérieuses commencent ensuite puisque dans La volte-face des sœurs, vous devrez défendre la sœur de Mia, Maya Fey, dans un affaire particulièrement tragique… La troisième affaire, La volte-face du Samurai, vous fera visiter les coulisses de la série « Samurai d’Acier » que l’on retrouve à chaque épisode. La quatrième affaire, Adieux et volte-face, est d’une grande importance puisque vous devrez défendre votre rival Benjamin Hunter (Miles Edgeworth in english) contre son mentor Manfred Von Karma, un procureur légendaire aux méthodes douteuses. Une affaire qui mettra en lumière le passé difficile des personnages.

Le premier épisode, pour son portage sur DS, a été agrémenté d’une affaire inédite, Phoenix renaît de ces cendres. C’est la seule et unique affaire de toute la licence à ne pas comporter « Volte-face » dans le titre. Cette affaire, particulièrement longue et difficile, introduira le personnage d’Ema Skye avec sa passion pour les investigations scientifiques. En effet, l’utilisation de la science médico-légale vous permettra d’utiliser les fonctionnalités tactiles de la DS, chose impossible sur GBA et Wii. De plus, cette affaire est très bien écrite avec de nombreux passages savoureux et des personnages hilarants (Damien Gant, l’agent Ballaud…). C’est une de mes affaires favorites et c’est pour cela que la version DS de Ace Attorney est la meilleure.

Bien que le premier Ace Attorney puisse être compris indépendamment, son succès l'a amené à avoir trois suites (ici, ici et ) et un spin-off. la licence aura même droit à un cross-over avec l'ami Layton, et une adaptation cinématographique par Takashi Miike. Je reviendrai sur tout cela dans d'autres prochaines critiques.

En attendant je ne peux que vous conseiller, que dis-je, vous obliger, à vous pencher sur cette institution qu’est Ace Attorney. Un jeu unique en son genre, extrêmement japonais dans son game system et son style, dont l’humour universel et le WTF permanent vous conquerront à coup sûr.

Les plus

- Un concept unique au monde

- Un véritable jeu vidéo "comique"

- Scénario et narration incroyables

- Personnages cultes

- Le début d'une grande saga

Les moins

- Faut aimer la lecture

- Des plot twists franchement abusés... Mais c’est ça qu'on aime

Verdict :8/10
Ce que les membres pensent de cette critique :
Convaincante (1)
Amusante (0)
Originale (0)

1 membre partage cet avis
0 membre ne partage pas cet avis

A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
AK8.1.14 - Page générée en 0.053 seconde - 7 requêtes ★ DB.8.0.233497 ★