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Critique du manga Believers

» par topachook le
06 Mai 2009
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Believers est un manga que je ne conseillerais à personne, parce que c’est exactement le genre de manga qui peut faire penser de lui « Houlà, mais qu’est-ce que c’est que cette merde informe ?! ». Je reprends ici à peu près l’expression qui m’était venu à l’esprit lors de ma première tentative de lire Believers.

L’ennui que m’avait fait ressentir les premières pages m’avait poussé à faire passer les pages rapidement pour voir ou voulait m’emmener ce début qui me semblait si médiocre, si bizarre, avec des personnages tellement tarés ! Et là … et là … j’avais droit à des scènes … mais des scènes … comment le dire sans vulgarité, sans grossièreté ?! … des scènes crues avec de la fellation par-ci, de la levrette par là. Genre comme me l’a dit une personne qui se reconnaîtra « n'importe quelle raison est bonne pour faire l’amour ». Pour moi, non seulement c’était hyper ennuyeux mais ça me semblait basculer dans la pornographie la plus franche, la moins à propos, le mauvais goût le plus déplacé. Une succession de positions des plus explicites et un ratio pages explicites/nombre de pages total du manga digne d’un hentaï. Je n’ai rien contre les hentaï et je ne vous ferais pas secret qu’il m’est arrivé d’en lire -si on peut parler là de lecture-, mais ce qui m’étonnait un peu c’est que ce manga soit considéré et classé comme seinen. Pour ne rien arranger, la qualité des planches ne me semblait même pas assez bonne pour l’apprécier en tant que simple hentaï.

Et pourtant … grâce aux conseils éclairés de quelques gens de bien qui en pensaient du bien, j’avais décidé il y a quelques mois de donner à ce manga une seconde chance. Et je dois reconnaître que cette seconde tentative alla sans aucun mal jusqu’au bout. Étant plus disposé à comprendre et moins à mal juger, l’œuvre de Yamamoto m’apparu sous un tout autre angle. Je me rendais compte jusqu’où les préjugés que je m’étais construit étaient réducteurs envers ce manga et combien les apparences sur lesquelles je les avais fondés étaient injustes.

Certes, l’entrée en matière peut (et m’a au début) sembler ennuyeuse. Suivre le quotidien aride et répétitif de trois illuminés, d’un trio d’orphelins du cerveau paumés dans une île déserte et versants des larmes d’émotions à l’écoute de la propagande sans queue ni tête de leur gourou peut décevoir ceux qui s’attendait à de l’action, du mouvement, à du divertissement ! Que dire encore de leurs rituels étrange et de leur vocabulaire parfois incompréhensible ! Mais en même tant, n’est-ce pas une description plutôt réaliste et plausible de ce qu’est la manière de penser simpliste et aveugle de personnes appartenant à une secte et auxquels on a appris à voire les choses tels qu’on veut les leur faire voir? Ce qui m’avait semblé débile la première fois était en fait une description réussie du mode de pensée de fidèles totalement aveuglés par leurs croyances. Le mode de pensée qui fait que beaucoup de personnes continuent à croire en des sottises qui semblent tellement évidentes à un esprit sain. Ne somme-nous pas parfois surpris par le succès des sectes et les proportions que prend souvent la crédulité de leurs membres ? Une crédulité qui pousse des individus autrefois normaux à donner tout leur bien, à céder complaisamment femme et même enfant à leur gourou. Cet état d’autarcie mentale qui pousse des esprits malades pétris et saturés de ferveur à se suicider en masse, à balancer du gaz sarin dans le métro de Tôkyô ou à foncer en avion sur le World Trade Center. D’accord, les héros de Believers n’ont vraiment rien de personnages charismatiques et attachants, mais ils restent une représentation possible de l’état psychologique absurde où se morfondent les extrémistes de la foie et en cela ils deviennent tout à fait intéressants.

Le début est étrange et se justifie pleinement par l’étrangeté du phénomène et de l’état d’esprit qu’il veut représenter, mais on pourrait encore s’offusquer du nombre et du degré de crudité dans la mise en scènes du désir et des relations sexuelles. Là aussi je dois reconnaître que mon premier jugement a complètement changé. Oui le contenu sexuel est dominant, omniprésent, omnipotent peut être même exagéré! Mais était-il si étonnant, si incongru que dans une ile coupée du monde, sans vrais occupation et en promiscuité permanente l’excitation et le désir sexuel soient tellement exacerbés ? L’idéal même de rejet du désir et de son déni auxquels aspirent nos trois tarés au début du manga n’est-il pas fait pour enflammer ce même désir jusqu’à son paroxysme ? La frustration accumulée par le sacrifice qu’ils veulent faire de leurs sens ne les prédisposent-elles pas à toutes les folies et la violence sexuelle dans laquelle sombreront nos trois protagonistes ? Si le contenu est explicite, il n’en est pas inutile ni superflu pour autant. Ce n’est pas du fan-service maladroit qu’un auteur en pannes d’idées et en manque de délais plaquerait pour faire son nombre de pages. La naissance du désir entre « l’opérateur » et la « vice-présidente » m’as semblé tout à fait logique tout autant que l’évolution de ce désir. Un désir et une plongée dans les sens qui offrent un contraste intéressant avec la volonté et la motivation qu’on leur voit de « chasser leur coté immoral » et de « perfectionner leurs vies pour chasser toute la saleté cachée en eux ». Les personnages finissent par être tout à fait happés par la nature de laquelle ils croyaient pouvoir s’émanciper.

Au final Believers s’est avéré être un manga mature aux développements cohérents, doté d’une fin que j’ai trouvé bonne et destiné à un public plutôt restreint. Sans m’enflammer il m’a donné pleinement satisfaction. J’y ai apprécié par exemple:

• La façon dont étaient traité le sujet des sectes, la représentation de l’aveuglement des personnages et les ressources d’hypocrisie inépuisables qu’ils déploient pour se complaire dans leur folie et justifier des croyances dont l’absurdité est manifeste.

• L’atmosphère originale dans laquelle baigne le manga. Une atmosphère étrange, atypique où se mélangent allègrement absurde, frustrations, hypocrisie, suspicion, désirs, luxure et violence.

• Cette tyrannie des sens qui prend des proportions excessives et ridicules à cause des efforts fait par les personnages pour la renier, la refouler.

Néanmoins, malgré toutes les qualités évidentes de « Believers », c’est loin d’être un manga qui m’a marqué et je n’en retiendrais qu’un traitement intelligent et plutôt convaincant de certaines thématiques sérieuses. Le genre de manga que je peux apprécier une fois par hasard mais qui ne vaudra tout de même pas à mes yeux un bon shonen excitant ou un seinen plus prenant et mouvementé. Un 6 résume assez bien mon impression générale, un manga qui sort un peu de l’ordinaire.

Pour conclure, je dirais que Believers est un manga que je ne conseillerais à personne, parce que c’est exactement le genre de manga qui peut faire penser de lui « Houlà, mais qu’est-ce que c’est que cette merde informe ?! » et ainsi faire penser de celui qui le conseil « mais pourquoi ce taré m’as conseillé cette merde ? ». Alors, si vous êtes intrépide, inconscient et que vous comptez tout de même vous attacher à cette lecture immorale et licencieuse rappelez-vous que je vous avez prévenu : « Believers » c‘est pas très pudique, un peu bizarre et assez malsain … même si ce n’est pas gratuit.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

topachook, inscrit depuis le 28/11/2008.
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