Voilà un manga qui ne paie pas de mine mais qui mérite d'être lu, parce qu'il propose une histoire sordide mais passionnante de bout en bout. Suivant un peu la même logique que le Ring de Nakata, il construit une histoire qui fonctionne par cycles : un groupe d'adolescentes se suicide, mais une seule survit, qui entraîne un nouveau groupe à sa suite. Le manga ne traite que d'un seul de ces cycles, permettant d'éviter tout effet de lassitude.

Le dessin ne paie pas de mine au premier abord, la police choisie est immonde (le manga est l'une des premières publications de Sakka, on peut quand même excuser ce ratage), mais cela ne doit pas cacher les quelques planches vraiment superbes que propose Furuya. Le mangaka va toujours à l'essentiel, il privilégie l'efficacité sur le sens du détail, et finalement, au bout de dix planches, on est happé par l'histoire. On l'est d'autant plus que de temps en temps on perçoit quelque chose de Nihei en lui (en moins abouti), mais aussi quelque chose de Suehiro Maruo ou de Sho-U Tajima (notamment dans les deux dernières planches) : le tramage est plutôt inexistant, et la toute fin propose des contrastes superbes qui magnifient le dénouement incroyable.

Le tout donne une histoire où le mysticisme bizarre rejoint l'érotisme horrifique, sans pour autant basculer dans le n'importe quoi.

Avec le film, Le Cercle du Suicide propose un dyptique très plaisant, et complémentaire, puisque l'adaptation ne reprend que l'idée de départ pour proposer un thriller horrifique de première qualité, même si la fin vire un peu au délire.

Dans tous les cas, les deux restent de très belles réussites.