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Critique de Jin-Roh Original Sound Track

» par Valmy le
07 Décembre 2008
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Jin-Roh - La Brigade des Loups est plein d'une musicalité mélancolique très profonde.

Je vais mettre de côté pas mal de pistes que je vous laisse le plaisir (et la tristesse) de découvrir par vous-même.

L’album démarre sur un nom qui n’a rien d’anodin « A Monologue », c'est-à-dire ici dans la solitude des violons. Un arrachement de musicalité forte et poignante qui, si je pousse l’analogie très loin, me rappelle le détachement de l’enfant naissant à son univers absolument narcissique : celui du ventre de la mère. Et déjà dès les premiers instants je me permets de faire un lien avec le « Cantique en mémoire de Benjamin Britten » de A. Pärt, car les émotions éprouvées, les tonalités utilisées concordent incroyablement. Dans les deux cas la notion de perte propre au deuil (que l’on retrouve dans la mélancolie à un autre niveau bien entendu) est divinement retranscrite. Le second morceau « Main Theme » impose par son entrée en matière et l’utilisation d’une guitare électrique plaintive et d’une grande beauté. C’est une piste détonante où viennent se mélanger à la guitare des chœurs tribaux ainsi que des percutions très appuyées. « Dark Star » est, comme son nom l’indique, une piste très sombre où les violons et un violoncelle se secondent. Jusqu’à ce que ce dernier calme sa plainte pour laisser les violons partir dans une envolée lyrique.

Vient ensuite « Blue Clouds », un pur chef d’œuvre de nostalgie. Une piste incroyable de part son utilisation d’une guitare classique et d’un piano au milieu des cordes. Les premiers sons de la guitare sont à proprement parler éblouissants et pleins de tristesse. À l’arriver du piano la mélodie semble dériver, en se tournant vers l’espoir et vers une quête de rédemption bientôt repris par les violons. Mais c’est sans compter sur la guitare qui fait retour à la fin annulant presque cet effet. Un morceau qui fait forcément penser au deuxième mouvement du « Concerto de Aranjuez » de J. Rodrigo que tout le monde connaît même si vous ne savez pas qu’il est de lui. Mouvement qu’il a d’ailleurs composé peu après la mort de son fils (qui est mort-né) comme pour l’aider dans son travail de deuil. On y trouve là aussi des formes d’acceptations matérialisées par une guitare qui se fait excitatrice par moment.

Ce style de Mizoguchi se poursuit dans « Fragance Rain » un morceau bref, représentatif de cette tristesse qui plane sans cesse dans le film. Ici encore, piano, guitare et violons font merveilles… particulièrement les passages dans lesquels guitare et piano se répondent. Avec « Latest Flame » ce sont piano et violons qui montent ensemble vers les cimes du divin. Mais ce moment éphémère ne servira qu’à amplifier la noirceur de ce qui va lui succéder. L’escalade lyrique est reprise ensuite dans une forme encore plus poignante pour finir sur des violons à nous glacer le sang. « Curse » (malédiction en anglais) commence d’une façon intrigante et froide. Le thème principal est dans ce morceau très sombre jusqu’à une envolée qui est, ici, non pas pleine de couleur, mais belle et bien pleine de noirceur. Et que dire sur « Pride » ? Une mélodie au piano lente, triste et donc forcément belle. Mizoguchi semble reprendre les meilleurs moments de ses deux pistes précédentes en laissant cette fois la part principale au piano.

« Long Destiny » semble faire cas à part avec son commencement à la harpe, pourtant le compositeur utilisera par la suite les mêmes recettes que précédemment. Rien de péjoratif à cela bien entendu. « The Force » est une mélodie pleine de la puissance de ses percutions et dont les chœurs, étranges et mystiques, semblent clamer une longue plainte déchirante en constatant la folie des hommes.

On a du mal à ne pas croire que l’on vient d’approcher un état quasi-divin avec « Angel ». Les mots font ici défaut pour retranscrire cette expérience avec si peu de pareil. Le piano ce fait divin, somptueusement triste, proche d’une perfection inatteignable autrement que par le domaine de l’art. Ce morceau à lui seul représente la terrible lucidité du mélancolique, bien trop conscient de la fuite du temps, de la velléité des choses. Il m’a alors été impossible de ne pas penser au fameux « Spiegel im Spiegel » de A. Pärt -encore lui oui- que je conseil vivement à tous ceux qui perdraient la tête en écoutant « Angel ». Ou encore toujours par le même compositeur sa « Für Alina » qui est monstrueuse de simplicité (on est toujours dans le courant minimaliste il faut dire) et pourtant porteuse de tellement d’émotion.

Le temps pour conclure arrive par l’intermédiaire de « Grace ». Mizoguchi qui a voulu à ce moment exprimer toute la cruauté du conte du petit chaperon rouge que M. Oshii avait choisi fit appel à Gabriela Robin (Yoko Kanno donc, son épouse bien connue) pour le chant. Cette cruauté passe par une voix claire, cristalline, sans aucun accompagnement au début et dont les paroles n’ont pas de sens car provenant d’une langue imaginaire. Lorsque celle-ci s’arrête, violons et percutions se déchaînent en une symphonie dure et poignante. Le tout complété par des chœurs en retrait ainsi qu’une guitare électrique faisant quelques brèves apparitions. Le final nous laisse plein d’effroi. Tout autant que la très douloureuse symphonie n°3 de H. Gorecki, celle dite « Symphonie des Chants Plaintifs » (le second mouvement en particulier).

Souvenez-vous la fin de Jin-Roh et sa dernière phrase « Et le loup dévora le petit chaperon rouge. », suivit par « Grace ». L’effet est saisissant.

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

Valmy, inscrit depuis le 19/11/2008.
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