Cet excellent disque auquel a participé l'immense Tsuneo Imahori est à ranger parmi les rares OST qui tentent d'innover.

Enveloppé d'effets électroniques, au niveau des basses et d'une ambiance parfois bruitiste, ce disque déroute au premier abord, mais avec le temps il plaira tant aux amateurs de Goa (via la présence assez commerciale de Juno Reactor) qu'aux amateurs de jazz, drum and bass et autre electro. Certains passages à la guitare évoquent bien évidemment les disques de Imahori, et de manière générale son ombre plane sur pas mal de plages.

Les cuivres sont souvent excellement mis à contribution, instaurant une ambiance plânante alors même que le battement et les bruitages deviennent souvent omniprésents. Cela donne un mélange à la fois étonnant et très réussi, calme mais absolument pas soporifique. Quelques touches de piano viennent relever occasionnellement des musiques qui ne cèdent jamais à la facilité et qui tentent en permanence de varier le rythme et d'évoluer, au sein du même morceau.

Certains morceaux bénéficient par ailleurs d'une légère approche world music qui parvient miraculeusement à ne pas tourner à la soupe Liebig : c'est le cas notamment de ce superbe morceau, "Lose Loose Bounds", qui se trouve à la croisée de ce qui a pu se faire de meilleur tant dans la World Music, les OST de dessins animés et les musiques de jeux vidéo (comme quoi tout est possible). Le résultat, en plus, ne sonne pas creux et ne semble pas factice, car l'instrumentation est menée de main de maître, tout au lond des 66 mn de ce CD indispensable.

Les chansons de même sont exceptionnelles, et il faut probablement compter "When Reason Fails", une sorte de morceau de piano bar un peu traffiqué, parmi les plus belles choses qu'a pu nous apporter la japanimation d'un point de vue musical, aux côtés de "Flying Teapot" et des chansons de Mai Yamane pour Cowboy Bebop.

Pour une fois que de vrais musiciens, certains étant reconnus comme de vrais artistes, se retrouvent sur un CD, il serait dommage de s'en priver.