Code Geass : Bokoku no Akito - Cet exil que l'on nomme oubli

» Critique de l'anime Code Geass - Akito the Exiled par Deluxe Fan le
01 Mars 2016
Code Geass - Akito the Exiled - Screenshot #1

Code Geass, vous vous souvenez ? C’est une série du studio Sunrise qui fut diffusée à partir de 2006, et qui a paraît-il pas trop mal marché à l’époque. Un succès qui serait sans doute difficile à reproduire aujourd’hui, les animes actuels ayant une incapacité notoire à laisser une empreinte sur le public, lequel n’agit plus en tant que communauté de fans militants mais en tant que groupe de consommateurs atones. Mais il fut un temps où chaque anime qui passait pouvait devenir un phénomène s’il jouait les bonnes cartes au bon moment. Et lorsque l’on voit que Code Geass est toujours mentionné dix ans après sa première diffusion, alors que la grande majorité des animes ne survivent que six mois à peine dans la tête du public, nul doute qu’il a gagné sa place au sein des classiques.

Le seul qui n’a jamais compris l’importance de Code Geass, c’est le studio Sunrise lui-même. Alors qu’il tenait entre ses mains un potentiel successeur de la vieillissante saga Gundam, le studio décida de ranger la licence au placard une fois les deux saisons de la série terminée ; pas de suite, pas de préquelle, pas de spin-offs. Rien d’autre que des produits dérivés pour vicelard(e)s et des fanfictions officielles, sans aucun intérêt. La communauté de fans créée par Code Geass fut laissée à l’abandon, sans entretien, et finira logiquement par se désagréger au tournant des années 2010.

Code Geass - Akito the Exiled - Screenshot #2C’est donc avec circonspection que l’on découvre en 2012 le projet Code Geass Gaiden - Bokoku no Akito, une série d’OAV qui signe le retour à l’écran de la licence avec des ambitions autrement plus élevées que le simple cachetonnage.

Le récit raconté par Bokoku no Akito se déroule en même temps que la deuxième saison de la série télé originale, mais pas au même endroit ni avec les mêmes personnages. L’histoire se déroule en Europe, où le Saint Empire Britannien entend poursuivre sa conquête du monde. Pour affronter son ennemi, l’Union Européenne forme une unité spéciale sous les ordres de Leila, une aristocrate déchue. Elle recrute divers jeunes soldats ayant tous la particularité d’être des « Elevens », c’est-à-dire des japonais privés de leur nation, laquelle a été annexée par Britannia (cf. Code Geass saison 1). Parmi ces soldats-mercenaires se trouve le protagoniste Akito Hyûga, qui semble avoir un lien avec le leader local des Britanniens, Shin Shaing. Et pour parfaire le tableau, ajoutez à tout cela des combats de robots géants, des pouvoirs magiques et des caméos de Jun Fukuyama et Takahiro Sakurai.

Code Geass - Akito the Exiled - Screenshot #3Pour ce qui est de la critique de ces OAV, je serai bref : c’est plutôt pas mal. Le format d’une heure par épisode donne au scénario une teneur plus sérieuse et structurée que le soap-opéra mâtiné de plot-twists qu’était la série télé. L’aspect spin-off fonctionne aussi, l’histoire de ces OAV n’empiète pas sur le récit de la série originale tout en créant ses propres enjeux. La réalisation est sympathique, quoique sans grand éclat avec notamment des robots en 3D qui voltigent dans des acrobaties improbables et une direction artistique CLAMPesque qui nous revient des tréfonds du début des années 2000.

Mais pour être honnête, ce n’est pas du contenu de ces OAV dont j’ai envie de parler. Je m’en fiche même pas mal ; c’est pas comme si j’avais attendu toutes les semaines depuis dix ans un nouvel anime Code Geass pour étancher ma soif de beaux garçons qui jouent à la guerre avec des yeux qui s’allument. Ce qui m’intéresse c’est surtout de savoir pourquoi ces OAV sont, à mon avis, un échec.

Cet échec, il se trouve du côté de la production, et il prend deux aspects qui sont en réalité les deux faces d’une même problématique. Pour commencer, parlons du format choisi. Historiquement, l’intérêt des OAV par rapport aux séries télé, c’est que l’on peut y raconter tout ce que l’on veut avec tout le temps que l’on souhaite. Le staff de Sunrise en a allègrement profité, au point d’ailleurs que ce Bokoku no Akito prévu initialement en quatre OAV se verra rallongé d’un épisode en cours de route pour arriver à cinq. Mais choisir ce format c’est aussi et surtout une manière de cibler un public précis ; depuis toujours les OAV s’adressent aux fans les plus passionnés et exigeants, ceux qui savent faire preuve de patience pour avoir des animes de qualité supérieure. Or, les fans passionnés et exigeants, ils ne regardent pas Code Geass... Au contraire, ils détestent cette série qui a ridiculisé le genre mécha en le transformant en une sorte de drama outrancier où le protagoniste mène une révolution terroriste tout en participant à la kermesse de son lycée. Code Geass a toujours été une série pour débutants, que l’on conseille aux nouveaux spectateurs pour qu’ils s’initient au genre mécha en espérant qu’ils s’orientent ensuite vers des productions plus nobles. Et ce public de débutants ne regarde pas d’OAV, qui sont par essence moins accessibles et plus difficiles à regarder que les séries télé – en raison de leur durée plus longue et surtout de leur parution beaucoup moins régulière.

Code Geass - Akito the Exiled - Screenshot #4Et cela nous amène vers la seconde difficulté. Entre le premier OAV sorti au milieu de l’année 2012, et le cinquième qui vient d’être diffusé au Japon, il s’est écoulé presque quatre ans. C’est juste beaucoup trop long ; ceux qui comme moi ont suivi la production depuis le début étaient complètement perdus entre chaque sortie, avec les retards et les reports il était impossible de suivre correctement l’anime et de s’intéresser à ce qu’il tentait de raconter. Évidemment, ceux qui ne verront l’intégrale qu’à partir de maintenant n’auront pas ce problème ; mais justement, on se demande s’il y aura des gens pour la regarder. Cela fait dix ans désormais que la première série Code Geass fut diffusée au Japon, et comme je l’expliquais plus haut la licence fut mal entretenue et ne s’est jamais relevée après la réception mitigée de sa seconde saison. D’où mon ultime question : était-ce bien nécessaire de produire ces OAV spin-off maintenant, dix ans plus tard, et d'y consacrer autant de temps ? Ce n’est pas comme si Bokoku no Akito représentait une suite ou une ouverture de la série originale, ce n’est qu’une fanfiction de plus qui se déroule en même temps qu’elle et qui n’a aucune influence autre que le fan-service. Même si les OAV sont très bien réalisés, ils ne sont ni assez intéressants ni assez spectaculaires pour faire croire que Code Geass pourrait à nouveau créer le phénomène, alors que tout le monde est depuis longtemps passé à autre chose.

Et c’est très dommage de voir ça, car encore une fois ces OAV sont loin d’être mauvais, ils sont juste vains. Que ce soit dans le format, dans la parution ou le planning, cet anime a fait tous les mauvais choix de production possibles et ça a clairement joué en sa défaveur. Surtout, il frustrant de voir que le très bon réalisateur Kazuki Akane (Escaflowne, Noein) a été verrouillé quatre ans sur ce projet, alors qu’il aurait pu entretemps nous gratifier d’un anime original potentiellement bien plus intéressant et significatif que cet Akito the Exiled, dont la destinée est de suivre le reste de la franchise Code Geass vers cet exil que l’on nomme oubli.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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