Comet Lucifer - Banal Fantasy

» Critique de l'anime Comet Lucifer par Deluxe Fan le
29 Janvier 2016
Comet Lucifer - Screenshot #1

Parmi les animes qui se sont terminés fin 2015 et sur lesquels je pouvais écrire une critique, j’avais le choix entre deux titres : One Punch Man et Comet Lucifer. Je me suis alors dit que quitte à écrire un truc, autant que ce soit quelque chose qui intéresse le maximum de personnes et sur une série à la qualité indiscutable. Comet Lucifer s’est donc rapidement imposé comme le choix le plus évident.

Comet Lucifer se déroule sur la planète Gift, un monde où technologie et magie se mêlent grâce à des sources d’énergie mystiques. Dans la ville de Garden Indigo, le jeune Sôgo occupe son temps entre l’école et la chasse aux cailloux. En effet, Sogo est passionné de minéralogie et cherche des pierres aux caractéristiques spéciales. Suite à un incident avec sa copine Kaon, il tombe dans une mine abandonnée qui regorge de pierres rares. L’une d’entre elle est un cristal rouge géant qui, lorsque Sôgo le touche, libère une gamine aux cheveux bleus qui possède des superpouvoirs et qui est recherchée par une organisation méchante qui veut l’utiliser pour des trucs méchants mais heureusement Sôgo est là pour l’aider et la protéger avec le robot géant qui se trouvait aussi dans le coin à ce moment-là.

Comet Lucifer - Screenshot #2Pour qualifier Comet Lucifer, il a falloir que j’utilise un mot que je n’aime pas mais qui est malheureusement inévitable : cet anime est cliché. Et vu que ce mot est lâché dans ma critique, je suis dans l’obligation de vous en fournir une définition.

En matière diégétique, le cliché est un procédé narratif qui a été tellement utilisé au cours du temps que le spectateur en connaît déjà les effets avant qu’ils ne se soient produits. Cela créé un sentiment de redondance et de prévisibilité qui peut nuire à l’œuvre, indépendamment de sa qualité. C’est donc un élément purement subjectif, car il est lié à la culture et à l’expérience du spectateur. Celui qui a vu des centaines d’animes est bien plus réceptif au cliché que celui qui est totalement débutant. Et à partir du moment où le cliché n’est pas nocif pour l’histoire, où il s’agit simplement de référencer ou d’emprunter à la culture générale, alors on peut admettre qu’un cliché ne soit pas réellement une mauvaise chose en soi.

Le vrai souci, c’est que les clichés naissent par une sédimentation culturelle qui peut durer longtemps. Et durant ce temps, le cliché peut avoir été utilisé par des œuvres majeures, ce qui place la barre très haut et pénalise les œuvres suivantes qui empruntent le même cliché, puisqu’elles s’y retrouvent comparées.

Comet Lucifer - Screenshot #3En l’espèce, Comet Lucifer utilise le cliché du récit "boy meets girl" : le protagoniste vit une existence banale lorsqu’il rencontre par hasard une jeune fille mystérieuse douée d’un pouvoir mystique et qui est recherchée par des vilains. Le jeune garçon n’écoute que son courage (et ses hormones) et part à l’aventure pour protéger la fille et découvrir le secret du monde qui l’entoure…

Ce cliché est vieux comme la fiction elle-même et l’animation japonaise en fait un usage libéral depuis des décennies ; des Mystérieuses Cités d’Or jusqu’à Eureka Seven en passant par Nadia et le Secret de l’Eau Bleue, tous les styles (historique, steampunk, sci-fi) et toutes les époques (années 80, 90, 2000) sont représentées. Mais surtout, en ce qui me concerne, aucun anime n’a fait une meilleure utilisation de ce cliché que le film Laputa – Le Château dans le Ciel de Hayao Miyazaki. Ce film constitue une application exemplaire du récit boy meets girl et constitue un des tout meilleurs dessins animés d’aventure que je connaisse.

Comet Lucifer - Screenshot #4Autant vous dire qu’en reprenant ce cliché, Comet Lucifer se place en confrontation avec certains des tout meilleurs animes ayant jamais été produits. La série du studio 8-Bit soutient-elle la comparaison ?

Autant vous dire que pas vraiment. Pas vraiment du tout même.

Le fossé, ou plutôt le Grand Canyon qui sépare Comet Lucifer de ses aînés se situe essentiellement au niveau du sérieux avec lequel l’anime a été conçu. Comet Lucifer semble avoir été écrit par un collégien amateur de fanfictions qui aurait lu quatre livres Folio Junior dans sa vie et se serait paluché sur une demi-douzaine de doujins classés vanilla sur Internet. L’histoire est menée avec un laxisme spectaculaire, les enjeux sont inexistants et le sentiment d’aventure est pratiquement absent. Dans une bonne série de ce genre, l’aventure doit s’imposer aux personnages, elle doit les obliger à avancer et à ne pas regarder en arrière. Dans Comet Lucifer l’aventure se lance à partir du sixième épisode (!), au détour d’une conversation banale comme s’il s’agissait d’un week-end entre potes au camping de la plage de Trouville-sur-Mer.

Comet Lucifer - Screenshot #5Les protagonistes sont d’une banalité confondante, en particulier le personnage principal Sôgo qui, malgré son ingénuité totale, parvient toujours à réussir ce qu’il entreprend parce que, ben, c’est le personnage principal après tout. Les auteurs d’anime japonais devraient apprendre qu’écrire des personnages sympathiques et intéressants, ça demande du travail et du talent, ce n’est pas du tout cuit. Mais quand on voit que le studio Huit Bites a forgé son expérience narrative sur des œuvres de haute littérature telles que Infinte Stratos et Absolute Duo, on peut comprendre qu’ils n’aient pas les ressources culturelles nécessaires pour aboutir à un résultat satisfaisant.

Au niveau visuel, j’avoue être plutôt client de ce genre d’ambiance science-fantasy ultra-colorée que les japonais ressortent réguilèrement, encore faut-il que ce soit bien fait et pas simplement des éléments de décors jetés au hasard. Mais surtout, comment ne pas mentionner les méchas en CG qui occupent la moitié de chaque épisode ou presque ? J’ai toujours trouvé touchant que les studios en quête de respectabilité s’essayent au mécha, genre le plus noble et le plus ancien de l’animation japonaise. Mais là aussi, pour faire un bon mécha il faut du travail et du talent, une série de mécha ne s’improvise pas et Comet Lucifer ne risque pas de faire école dans le genre avec ses combats téléphonés et son mecha-design qui ne ressemble à rien.

Comme je l’expliquais plus haut, la notion de cliché est hautement subjective et dépend beaucoup de l’interlocuteur. De ce fait, il est difficile d’expliquer précisément la raison pour laquelle Comet Lucifer n’est pas bon en dehors du fait que, effectivement, ce n’est pas aussi génial que Miyazaki ou Hideaki Anno. Toutefois, même en écartant toutes ces histoires de clichés et de subjectivité il ressort que Comet Lucifer est un anime qui à tous les égards, ne fonctionne pas. Je ne le qualifierais pas de mauvais, parce qu’il ne l’est même pas, mais je pense qu’il s’agit d’un anime purement et simplement inutile. Et peut-on imagier pire châtiment pour un studio qui sort un anime original que de savoir que sa création ne sera ni aimée ni même détestée, mais tout bonnement ignorée pour toujours ?

Verdict :4/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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