DALLOS – Ton univors impitoyoble

» Critique de l'anime Dallos par Deluxe Fan le
29 Mars 2024
Dallos - Screenshot #1

Il y a dix ans, j’ai publié sur ce site une critique de Megazone 23, considéré comme un des pionniers du format OAV et un des animes les plus importants des années 80. Cependant, si l’on veut retracer les origines du genre il faut remonter encore un peu plus loin dans l’histoire.

Dallos est une série en quatre épisodes sortis en 1983, et est considéré comme le premier OAV de l’histoire de l’animation japonaise deux ans avant Megazone. Pour rappel ce que l’on appelle OAV ce sont des animes qui sortaient directement en vidéo sans passer par la diffusion à la télévision. Ce format s’est développé avec l’arrivée des magnétoscopes grand public à la fin des années 70, et a permis à de nombreux animes d’être produits en échappant à la censure et aux conditions de production défavorables de la télévision. Par la suite les OAV ont continué de sortir en laser-discs, puis en DVD et en Blu-Rays, et ont constitué une part majeure de la japanime avant que l’arrivée du streaming ne rende le format obsolète.

Concernant Dallos, il s’agit comme souvent à l’époque d’un projet de série télé qui fut annulé en plein milieu de la production. Les quatre premiers épisodes étaient cependant écrits, et plutôt que de tout jeter à la poubelle l’équipe du studio Pierrot (qui venait de se créer quelques années auparavant) décida d’inaugurer un nouveau format de diffusion en terminant les épisodes et en les sortant directement en vidéo.

Dallos - Screenshot #2Un autre point intéressant avec Dallos est qu’il aligne deux des créateurs les plus influents de leur époque. Les OAV sont réalisés par Mamoru Oshii, qui était l’époque âgé d'une trentaine d’années et avait déjà plusieurs réalisations à son actif dont la très célèbre série Urusei Yatsura. Évidemment aujourd’hui on connaît mieux Oshii pour ses productions plus récentes dans le domaine de la science-fiction, et justement Dallos est le précurseur de cette œuvre. L’autre créateur de renom est Hisayuki Toriumi, plus âgé que Oshii est dont il était le mentor. Toriumi, aujourd'hui décédé, était un poids lourd de la japanime des années 70-80 avec de nombreuses réalisations derrière lui, notamment en tant que pilier du studio Tatsunoko où il a réalisé le premier anime Match GoGoGo (Speed Racer) et surtout les séries et films de la licence Gatchaman. Plus tard il produira des animes que vous connaissez sans doute mieux tels que Area 88 et Les Mystérieuses Cités d’Or. En ce qui concerne Dallos, Toriumi était crédité comme simple scénariste mais les interviews qu’il avait donné indiquent qu’il était plutôt co-réalisateur avec Mamoru Oshii; ces OAV constituent en quelque sorte le passage de bâton du maître à l’élève.

Dallos - Screenshot #3Le récit de Dallos se déroule dans un futur où la Lune a été colonisée et est exploitée pour ses ressources. Les travailleurs sur place sont strictement encadrés et surveillés par la Terre qui ne les considère pas comme des citoyens à part entière. Au fil des générations, la colère monte parmi les natifs de la Lune qui revendiquent des droits. Le protagoniste, Shun, va se retrouver au cœur d’une révolte brutale qui va le forcer à faire des choix difficiles.

Lorsque l’on regarde Dallos aujourd’hui on ne peut que constater que cet anime se place finalement dans le sillage d’une science-fiction assez classique; cette histoire de révolte du peuple exploité c’est à peu près ce que l’on peut voir dans les récents films Dune de Denis Villeneuve, lesquels s’inspirent de livres écrits dans les années 60. Rien que de très habituel dans le genre donc, mais pas moins efficace lorsque c’est bien fait. Dallos prend le temps de présenter les différentes factions en place et a l’intelligence de montrer que chaque camp a ses propres nuances, que ce soit chez les Terriens rongés par des luttes de pouvoir, ou chez les indigènes tiraillés entre la volonté d’une révolution brutale façon Grand Soir et une résignation silencieuse. Le récit incorpore un élément un peu plus mystique avec Dallos, une sorte de robot géant (?) dont ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il est très puissant et que les indigènes de la Lune le vénèrent comme un dieu. Comme beaucoup de choses dans cet anime malheureusement les concepts restent à l’état d’ébauche, clairement il y avait l’idée d’une série sur la durée mais nous n’avons que le prologue. Néanmoins ce qui est effectivement montré est plutôt correct, les personnages sont intéressants (à part le héros qui a le charisme d'une serpillère humide) et il y a des idées de mise en scène sympathiques.

Dallos - Screenshot #4Puisque l’on parle de visuels, il faut savoir que la version ici commentée est la remasterisation Blu-Ray qui propose une image évidemment plus nette et claire que les versions cassettes, laser-disc et DVD auquel cet anime a eu droit. Le premier épisode est assez banal pour un anime de l’époque mais, étrangement, les épisodes suivants sont beaucoup plus réussis avec des scènes de combat de haute qualité, servis par une OST de Hiroyuki Nanba qui respire tellement les années 80 qu’en l’écoutant j’ai la moustache qui pousse et ma chemise qui se déboutonne toute seule pour laisser voir mon torse poilu. Les apports du format OAV, qui permet aux animateurs de consacrer plus temps à leur travail qu’avec les séries télés produites en flux tendu, sont immédiatement apparents lorsque l’on compare à d’autres animes de la période. A noter enfin que le personnage de Alex Riger, l’antagoniste principal, est doublé par nul autre que Suichi Ikeda, autrement dit Char Aznable en personne, et rien que ça c’est quand même la classe prestige.

Replacé dans le contexte de sa sortie, Dallos est une production mineure par rapport aux chefs d’œuvres de la science-fiction animée du début des années 80: Votoms (1982), Giant Gorg (1983), Macross DYRL (1983), Albator 84 (1984), etc. Avec un regard contemporain, on ne peut que constater à quel point cet anime a immédiatement incarné le format OAV avec son récit de science-fiction mâtiné de discours social et politique, son goût pour l’action spectaculaire et une animation d’un niveau un peu plus travaillé que l’ordinaire télévisuel. Comme quoi, tout était là dès le départ.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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