Gen'ei o Kakeru Taiyō - Y’a du soleil et des nanas

» Critique de l'anime Day Break Illusion par Deluxe Fan le
29 Septembre 2013

Les rares regards qui se sont tournés vers Gen'ei o Kakeru Taiyō l’ont peut-être fait parce qu’il s’agissait d’une des seules séries originales de l’été 2013, et qu’il en fallait peu pour briller au milieu de cette industrie en état végétatif. D’autres ont peut-être été attirés vers le nom du réalisateur Keizo Kusakawa, qui fit les beaux jours du fandom otaku en co-réalisant la licence Nanoha, qui inventa le genre du "magical-girl pour adultes".
Dans tous les cas, la faible publicité entourant cette série a très vite été saturée de provocateurs cherchant à comparer cette nouvelle série à Maho Shôjo Madoka Magica, un des plus grands succès animés de la décennie et qui se trouvait justement être un de ces magical-girls pour otaku. Comparaison qui s’avèrera justifiée mais qui finalement ne profitera jamais à cette série vouée à rester dans l’ombre.

Même si à aucun moment de ses douze épisodes la série n’utilise la terminologie propre au genre magical-girls, difficile de faire illusion longtemps. On est bien en face d’une histoire de gamines qui se battent contre le Mal en se transformant en combattantes magiques, le tout agrémenté de discours sur l’amour et l’amitié. La seule différence avec le mahô shôjo de maman, c’est que l’anime est clairement destiné aux garçons avec notamment un chara-design tirant ostensiblement vers les lolis, un certain nombre de plans racoleurs et violents (surtout au début) et du subtext yuri qui ne tente même plus de se cacher.

Le récit choisit de se placer sous le thème des cartes de tarots, motif usé à tort et à travers par les japonais depuis des lustres. L’héroïne Akari Taiyo est une jeune fille ordinaire qui justement est initiée à la divination par les cartes. Elle découvre qu’elle dispose de pouvoirs paranormaux lui permettant notamment de voir et de combattre des démons qui transforment les gens en monstres dégueu. Après une série d’évènements tragiques, elle est recueillie par une organisation qui se charge d’entraîner les gamines élues à traquer et détruire lesdits monstres. S’en suit le déroulement classique de ce genre de série, avec d’abord une caractérisation de chacune des filles dans la première partie avant l’introduction d’un élément perturbateur dans la seconde, pour finir sur un beau discours sur la force de l’amitié comme quoi les humains choisissent leur destin bla bla bla.

Le niveau d’écriture de la série n’est pas beaucoup plus abyssal que celui de la majorité des séries d’animation japonaises, mais la prétention qu’elle a (ou à tout le moins, que certains lui ont donné) de se placer dans la suite de MadoMagi ne fait que l’enfoncer.
La série se cherche une identité dans la première partie et elle y parvient presque au bout d’un moment, mais elle part alors dans une frénésie incontrôlable consistant à inclure un nouveau plot-device tous les deux épisodes, sans approfondir son univers et sans que cela n’ait d’impact réel sur l’intrigue. Les personnages sont inutilement nombreux et leur développement archi-prévisible, et globalement la série reste trop lisse, trop convenue pour espérer avoir ne serait-ce qu’un dixième de l’intérêt de MadoMagi.

En effet, MadoMagi avait pour scénariste G.Urobuchi qui est un nihiliste notoire dans son écriture, c'est-à-dire qu’il n’a aucun scrupule à briser ses personnages et leurs idéaux si cela sert le drama. Dans Gen'ei, les auteurs n’ont jamais vraiment les couilles d’aller au bout, les morts ne concernent que des figurants de troisième zone ou alors sont désamorcées par de grosses facilités narratives (bonjour la résurrection inexpliquée de perso). Pareillement, tout le discours sur le destin est invalidé par le fait que la plupart des évènements sont déclenchés par un méchant omniscient et omnipotent, là où Kyubey restait neutre et laissait les Puella Magi se détruire toute seules.

Artistiquement, on passera sur le chara-design violent de laideur - mais auquel on finit par s’habituer, pour s’attarder sur la direction artistique aux moyens insuffisants. On sent que le staff du studio AIC a voulu reprendre à son compte le gimmick de Shaft qui opposait la propreté du monde réel avec le surréalisme de celui des sorcières, mais sans succès : les décors sont peu impressionnants, le design des monstres banal et l’animation surtout ne brille pas vraiment – même le combat contre le boss final ne bénéficie d’aucun effort à ce niveau.

Gen'ei o Kakeru Taiyō est produit par Aniplex, la même boîte qui produit MadoMagi. Dès lors on pouvait prévoir que la boîte ne permettrait pas qu’une nouvelle série ne fasse concurrence à leur poule aux œufs d’or sur ce même créneau. Cela explique sans doute le manque de moyens, d’ambition et d’intérêt de cette série, qui arrivera peut-être à se faire une place sur un malentendu. Pour ma part, je vous conseille plutôt d’aller voir la série TV de MadoMagi (pas les films, ils n’existent pas) si ce n’est pas encore fait ; au moins vous serez sûr d’avoir quelqu’un avec qui en discuter.

Les plus
- Quelques tentatives d'ambiance
- Ginka

Les moins
- Rien de neuf
- Écriture convenue et inconsistante
- Esthétique empruntée, animation et musiques médiocres

Verdict :4/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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