Déclinaison de navet et sa soupe aux sept légumes

» Critique de l'anime Trinity Seven par Leaf le
03 Janvier 2015
Trinity Seven - Screenshot #1

Trinity Seven est une de ces séries de si bon goût. Vous savez, ces séries qui bénéficient d'une plastique bien racoleuse, d'une histoire bien stéréotypée. Tout bien mis en place, dans une optique purement commerciale. Tout pour être élu comme meilleur navet de l'année. Mais de nos jours, reconnaissez que le navet est un légume qui revient à la mode. Entre le panais et autres légumes préhistoriques portés disparus et réapparus soudainement suite à une petite distorsion temporelle, le navet est devenu un genre à part entière. Si bien que nous sommes devenus capable de distinguer le bon navet du mauvais navet.
Sachez mesdames et messieurs que la qualité du navet dépend de plus facteurs, extrêmement complexes à concevoir et plus généralement à mettre en relation. De la qualité de la matière de départ - la graine -, jusqu'à l'alimentation et au renouvellement du légume, de nombreux éléments déterminent la qualité d'un navet. Et il faut bien concevoir que malgré son goût quelque peu étrange, le navet possède en lui tous les ingrédients composant les autres légumes ; il en résulte que, bien accommodé, il peux surprendre et émoustiller très correctement voire même agréablement les innombrables chémorécepteurs insatiables qui tapissent votre palais de fin gourmet.

Trinity Seven - Screenshot #2Mais qu'il soit bon ou mauvais, le navet se différencie facilement de tous les autres légumes. Sa teneur si savoureuse et si délicate se ressent immédiatement, et c'est sans peine que le consommateur d'animation saura dissocier son goût de tous les autres aliments qu'il pourra trouver au fil de ses découvertes. Ainsi, Trinity Seven n'échappe donc pas à la règle, puisque dès les premières secondes, le spectateur sait devant quel type de série il se trouve.
En effet, le premier épisode s'ouvre directement sur le générique. Générique qui présente très bien les personnages certes, mais qui justement les présente un peu trop bien. Ainsi, le spectateur peu directement au bout d'une minute trente classifier de façon à peu près sûre une bonne partie des protagonistes dans le camp des gentils ou des méchants. Mais être ainsi synthétique n'est pas un défaut me direz-vous. Et bien non, ce n'en est pas un, sauf si comme dans cette série, les scénaristes choisissent de maintenir le doute sur le positionnement d'un certain nombre de personnage. Notez bien entendu que tous ces efforts sont totalement ruinés pour quiconque aura regardé le générique au moins une fois, qui de plus n'est pas particulièrement original dans sa forme, et qui fait preuve d'un classicisme laconique assez inégalable quoique plutôt efficace.

Trinity Seven - Screenshot #3Après ce générique et cet aperçu un peu trop exhaustif de la galerie de personnages, s'ouvre une scène dans laquelle un jeune garçon que l'on présume être le héros tente d'agripper la main d'une jeune fille qui courre sur plus sans pouvoir le rejoindre. Notez ainsi un aspect assez romantique plein de mièvrerie et de niaiserie comme on l'aime. Mais malgré cette scène d'un classicisme laconique assez inégalable quoique plutôt efficace - comment ça je l'ai déjà dit ? - il faut reconnaître que ce n'est pas la mise en scène la plus catastrophique compte tenu du genre. On aura connu des mises en application de ce fameux syndrome du couloir sans fin bien plus désastreuses.
Mais ce qui est véritablement effrayant avec cette série, c'est parfois la subtilité de la réalisation. Car sachez qu'il est totalement ignoble de se retrouver avec une série clairement mauvaise du début jusqu'à la fin au niveau du concept, et de se retrouver avec une réalisation plus que correcte, alors que des séries sur le papier extrêmement intéressantes se retrouvent avec des plans inutiles et ma foi très mal conçus !

Remarquez que je viens d'utiliser pour la première fois un point d'exclamation dans cette critique.

Trinity Seven - Screenshot #4Applaudissements.

Mais calmons nos ardeurs. Si certains plans sont parfois très bien pensés, je pense qu'il est important de préciser - au cas où - que ce série n'est pas non plus une œuvre d'art bénéficiant d'une réalisation sans failles. Non. Mais cette caractéristique fait de cet anime un divertissement avec un peu plus de qualités que le concept de départ ne pouvait le laisser croire.
Je ne vais citer qu'un seul et unique exemple de scène qui m'a convaincu - car c'était plutôt très intelligent - mais qui m'a en même temps totalement desséché les glandes lacrymales. Il s'agit de la transition entre la scène du couloir infini - dans le premier épisode, donc - et la scène suivante. Cette transition est un simple coupé mais qui reprend la main que tendait le héros vers la fille en affichant une main - que l'on imagine être la même que précédemment - tâtant les seins d'une jeune fille avec délice. Certes, ce coupé sur objet est un classique, mais est ici judicieusement utilisé, et présente ainsi en très peu de temps de multiples facettes du personnages. Et je n'entre pas dans les détails, comme quoi il se retourne, utilise sa main droite et se trouve à gauche de l'écran, contrairement à la jeune fille qui apparaît à droite. De plus, remarquez que la jeune fille courre ainsi vers la gauche - dans un chemin semé d'embûches, donc -, tandis que le héros va vers la droite - il est porté par le destin. Tout ceci a une signification et raisonne inconsciemment dans l'esprit du spectateur. cqfd.

Trinity Seven - Screenshot #5Mais au final, Trinity Seven est construit comme les autres animes du genre: un humour un peu lourd, une histoire sympathique, un harem plutôt distrayant et une bonne grosse cuillerée de fan service bien consistant. Ce qui rend Trinity Seven particulièrement appréciable, c'est que tout ça, il le fait bien mieux que nombre de ses concurrents. J'ai déjà évoqué la réalisation, qui est plutôt bien réfléchie par moments, mais je pourrais également évoquer la construction du harem un peu moins stéréotypée qu'à l'accoutumée ou encore le déroulement de l'histoire qui utilise de façon plutôt discrète les habituelles ficelles inhérentes à l'animation japonaise.
Mais il faudrait également évoquer le choix du héros. Pervers totalement assumé, mais pourtant totalement aveugle quant à l'amour que lui porte ces jolies jeunes filles qui lui tournent autour, notre personnage principal est le mélange des deux grands stéréotypes de protagonistes de série dites "ecchi". Et c'est justement un très bon point, car même si pour certains personnages le mélange prend moins bien, la plupart des protagonistes sont le mélange de plusieurs stéréotypes bien connus.
Ainsi, la série sait quelque peu renouveler ce que l'on connait désormais par cœur, et apporte une touche de fraîcheur très appréciable sans pour autant avoir la prétention de réinventer le genre.

Il faut savoir également que la série est servie par une animation plus que correcte, qui porte bien la mise en scène solide et construite. Les personnages bénéficient de bons doublages, tandis que la musique, même si trop discrète, fait son travail sans aucun problème. Le character design, quant à lui, est d'un classicisme inégalable - etc. vous connaissez la chanson -, juste le héros à noter puisqu'il a la bonne idée de souvent changer de visage.

Je pense qu'il y a eu un désaccord lors de la production.

Sûrement une histoire de soupe aux sept légumes. Tout commence avec une soupe aux sept légumes.

Pour conclure, Trinity Seven est un bon divertissement, qui sait se différencier de par de petits détails, mais qui apportent tout de même une fraîcheur particulièrement appréciable compte tenu de la popularité du genre. En quelques mots: du bon navet.

Note: Nous ne pouvons malheureusement pas certifier qu'aucun navet n'a été maltraité lors de l'écriture de cette critique. Pour toute plainte, veuillez vous adresser à la Société Protectrice des Navets.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Leaf, inscrit depuis le 08/07/2014.
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