Critique de l'anime Fullmetal Alchemist - Le Conquérant de Shamballa

Plus d'un an après la fin de la série Full Metal Alchemist, voici qu'arrive le film qui lui fait suite. Inutile de dire que ce dernier était très attendu, étant donné le succès qu'avait rencontré les aventures d'Edward et Alphonse Elric. Alors, le résultat est-il à la hauteur de cette attente ? Malheureusement non.

Certes le film possède des qualités. A commencer par son animation de fort bonne facture qui reprend, en les améliorant, les principes de la série. De même la bande son est de bonne qualité, portant les différents moments d'émotion ou d'action avec habileté. Enfin il est quasiment impossible de s'ennuyer au cours de l'heure et demie de projection car le scénario assez orienté "action" ne laisse pas la place au moindre temps mort.

Mais malheureusement ces mêmes qualités portent en elles les défauts d'un film raté, raté dans le sens où, avec un peu d'effort, le résultat final aurait pu être bien plus brillant et en tout cas à la hauteur d'une des meilleurs séries de ces dernières années.

L'animation, pour commencer, est certes très agréable mais elle se contente de reprendre la plupart des "personnages" (au sens graphique) pour les transposer à d'autres personnes grâce au principe des mondes parallèles. Du coup le spectateur passe son temps à essayer de reconnaitre des personnages de la série qui traversent le film (tiens voilà Scar, tiens voilà Hugues,etc).

L'impression qui en découle est que Bones n'a pas voulu s'embêter à "créer" mais s'est borné à "porter" sur grand écran ce qu'il savait déjà faire sur petit.

Mais le principale défaut selon moi de "Full Metal Alchemist : The Conqueror of Shambala" est son scénario.

Imaginer qu'Ed se retrouve dans notre monde où ses pouvoirs ont disparus, pourquoi pas ? Faire d'Al le suppléant de son frère dans son monde, pourquoi pas? Vouloir inclure les nazis et leurs liens avec les sciences occultes pourquoi pas ? Mais où est le lien avec la série, le principe de l'équivalence, les homonculus, la pierre philosophale? Nulle part.

Le seul ressort dramatique de l'histoire est de savoir si oui ou non les frères Elric vont être réunis à nouveau. Mais là encore, l'acharnement d'Ed et Al peut sembler étrange étant donné ce qu'ils ont vécu. Alors que l'un des thèmes de la série était l'acceptation de la mort et de l'insurmontable séparation qu'elle engendre, nous retrouvons un Al incapable de faire le deuil de son frère et un Ed qui refuse de s'adapter à son nouvel environnement.

Les homonculus restants, dont l'histoire était restée en suspens, passent rapidement à la trappe alors qu'il y avait encore matière à développement (Envy-Hohenheim, Wrath-Izumi).

Enfin cette histoire de nazis ne mène finalement pas à grand chose et le thème du "Conqueror of Shambala" est ridicule. On frôle même parfois la limite lorsque l'on se retrouve à éprouver de la sympathie pour des personnages assez abjects mais qui ont le bon goût d'avoir la tête d'untel ou untel de la série.

Quand à la fin, elle ne satisfera sans doute personne, laissant la porte ouverte à une éventuelle suite.

Bref, l'impression générale qui se dégage est que l'on a affaire à un film commercial, issu d'une démarche à la limite de l'honnêteté. Bones a cherché à s'en mettre plein les poches en misant sur un film dont il s'est assuré le succès en ne terminant volontairement pas la série. Si encore le film clôturait justement cette série la pilule passerait, mais comme ce n'est pas le cas, le sentiment qui reste est celui d'un immense gâchis.

Pour conclure ce film aurait été bon s'il avait été un OAV ou un Hors-Série de Full Metal Alchemist. Mais en faisant de ce long métrage la seule fin de la série, Bones a réussi l'impossible : gâcher la fin d'une des plus brillantes séries de ces dernières années.