KIMI NO IRO – United Colors of Animation

» Critique de l'anime The Colors Within par Deluxe Fan le
15 Juin 2025
The Colors Within - Screenshot #1

Kimi ni Iro est le dernier long-métrage de Naoko Yamada, une des réalisatrices les plus en vue de la japanime actuelle. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Yamada s’est fait connaître au studio Kyoto Animation où elle a produit des séries telles que K-On (2009) et Tamako Market (2013), et les films A Silent Voice (2016) et Liz et l’Oiseau Bleu (2018). Après l’incendie criminel de 2019, elle quitte KyoAni pour s’installer chez Science Saru, le studio fondé par Maasaki Yuasa, où elle a produit l’excellente série Heike Monogatari (2021). Kimi no Iro est donc son premier long-métrage depuis son départ de KyoAni et c’est une production originale, ce qui permettait d’avoir quelques attentes.

Le récit suit le parcours de Totsuko, une jeune fille qui suit sa scolarité en internat dans ce qui ressemble manifestement à un établissement catholique. Totsuko a la particularité de voir d’associer ses émotions à des couleurs, et elle est particulièrement intéressée par la couleur de Sakunaga, une de ses camarade de classe. Un jour, Sakunaga quitte subitement l’internat, ce qui désespère Totsuko qui se met à sa recherche. Elle découvre que la jeune fille a arrêté l’école et souhaite se consacrer à la musique. Totsuko étant elle-même musicienne, elles décident de former un groupe, qui sera rejoint par un jeune garçon appelé Rui qui passait par là.

The Colors Within - Screenshot #2Les histoires de lycéens qui font de la musique sont à l’animation japonaise ce que les violences et les pillages sont aux supporters du Paris-Saint-Germain un soir de Ligue de Champions: une inévitabilité. Naoko Yamada a elle-même largement exploré ce sujet dans ses précédentes réalisations, et les animes de musique sont omniprésents dans les plannings saisonniers avec parfois des très grandes réussites (Euphonium, Paripi Kômei, Bocchi the Rock…) et beaucoup de productions anecdotiques (les animes d’idols…) ce qui exige beaucoup d’ambition et de talent pour se démarquer.

Le principal sujet du film est la confrontation entre des adolescents épris de liberté et de créativité et des adultes qui imposent leurs règles arbitraires. Ce n’est pas un hasard si Yamada a choisi comme cadre de son récit un internat catholique; le genre d’endroit où l’individualité des jeunes est réprimée au profit de la «discipline» et l’inculcation des «valeurs». Chacun des trois personnages sera ainsi confronté d’une manière ou d’une autre à son carcan social, aux attentes que les adultes ont placées en eux et qu’ils ont intériorisé au point de ne plus être capables de les remettre en question; jusqu’au jour de leur rencontre autour de leur passion commune.

The Colors Within - Screenshot #3Le film choisit d’aborder le sujet d’une manière subtile, avec quasiment aucun drama et beaucoup de sous-entendus qui donnent un ton finalement assez léger. Cela donne un résultat facile à regarder et adapté à un large public, mais si on espère un traitement de fond on restera sur sa faim. Un film tel que Kagami no Kojô de Keiichi Hara, ou la série Hoshiai no Sora de Kazuki Akane traitaient de ces questions bien plus frontalement de sorte qu’on y perdait en subtilité ce que l’on y gagnait en épaisseur.

Le constat est similaire au niveau esthétique, point sur lequel on pouvait attendre des prouesses de Yamada. Le film est immanquablement une réussite formelle avec ces couleurs pastel, un chara-design tout en finesse et une animation très fluide; on reste cependant en attente d’un véritable morceau de bravoure technique ou d’une proposition stylistique tranchée. Par exemple le fait que le personnage principal ait cette capacité de voir des couleurs inhabituelles n’est pratiquement pas exploité visuellement, alors que cette recherche synesthésique est typiquement ce que l’on attend d’un long-métrage d’animation, original qui plus est. Si l’on risque encore une fois la comparaison, un film musical tel que Blue Giant, moins raffiné globalement mais plus audacieux, m’a bien plus touché artistiquement.

Constat mitigé donc pour ce nouveau film de Naoko Yamada, surtout venant après son Heike Monogatari qui était une réussite sur tous les plans. Avec une histoire d’adolescents tourmentés et la thématique musicale, la réalisatrice jouait à domicile mais ça manque de fond pour produire autre chose qu’un anime de musique parmi d’autres.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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