L'annonce de la décadence?

» Critique de l'anime Jormungand (TV 2) par Cyann le
24 Juin 2014
Jormungand (TV 2) - Screenshot #1

Ahhhh White Fox! Un studio que je pensais prometteur! Après une année d'attente je me suis enfin attelé à la tâche de terminer ce qui était pour moi, à l'époque, la nouvelle réussite d'un studio d'animation qui commençait à m'intéresser sérieusement. Depuis, j'ai vu qu'ils ont sorti des shônen moyens, démontés par la critique AKienne. Je me pose des questions donc : Jormungand était-il l'annonce de la décadence de ce studio? Ou alors, simplement le dernier joyau en date avant un éventuellement rétablissement? Car c'est vrai, on parle là du studio qui nous a sorti Katanagatari ou encore Steins;Gate! Des perles les amis! J'étais en droit d'attendre beaucoup de cette nouvelle série.

Comme l'a dit mon précédecesseur, on est effectivement dans une ambiance fortement similaire à celle de Black Lagoon. Peut-être est-ce dû à la présence de mercenaires, de gunfight explosives, et de baston plutôt réalistes? Dans le fond, Black Lagoon est, je pense supérieure, le traitement de la psychologie humaine est moins simpliste et le rendu des émotions plus intéressant voire complexe. Ainsi, ces deux séries n'auront que l'ambiance de similaire, le reste varie beaucoup. Attaquons-nous donc aux différentes caractéristiques principales que tout critique amateur de série animée se doit de survoler.

Jormungand (TV 2) - Screenshot #2Le scénario d'abord! J'aime bien les animés compliqués. C'est un fait, j'aime bien qu'on me ballade, qu'on me fasse penser que je suis totalement bête parce que je ne comprends rien, ça crée un peu de challenge. Je pense honnêtement n'avoir compris que la surface de Texhnolyze, mais ça en valait la peine, j'avais le sentiment que les enjeux de cet animé me dépassaient complètement. Sauf qu'il arrive toujours un animé qui va au-delà de ses ambitions, qui n'a pas compris sa propre nature et qui va tâcher de se gonfler à coup de stéroïdes intellectuelles. Et je crois qu'on est tous d'accord : la gonflette à outrance c'est moche. Il en va de même pour les scénarios complexes inutilement. C'est un peu le cas de Jormungand. Nous suivons les pérégrinations d'une marchande d'arme qui cherche à accomplir un plan ultime en rassemblant des ressources humaines et matérielles autour du monde. Le scénario, dans ses grandes largeurs, se comprend plutôt facilement en fin de compte. Là où la complexité inutile apparaît, c'est dans les scénarios d'épisodes. Je ne sais pas combien de fois je me suis retrouvé à ne rien comprendre au déroulement des événements. Il y avait des gunfight donc j'ai pu mettre cette incompréhension de côté, mais il était clairement inutile de complexifier au possible par des dialogues (des monologues en fait) qui nous perdent en informations annexes. C'est aussi là qu'une ambiguïté fondamentale apparaît. Le plus gros défaut de Jormungand, à savoir le manque complet de clarté, est relativisé par un très bon approfondissement de la géopolitique moderne. Il y a des lacunes évidemment, et c'est parfois simplifié à l'extrême, mais ça reste rafraîchissant de voir un traitement aussi approfondit des conflits et des batailles d'aujourd'hui. On pourra apprécier par ailleurs de voir sur le devant de la scène, comme personnage principal, une marchande d'arme, l'incarnation du mal et de la méchanceté. En ce sens Jormungand pose une bonne question au spectateur et ce à de nombreuses reprises, je pense d'ailleurs que c'est LE point que les créateurs ont voulu traiter : qui du tireur ou du fournisseur de munition est le plus mauvais? Au moins, afin de rendre à César son bordel, il faudra reconnaître cette qualité à notre chère série : elle ne tente pas vraiment de donner une réponse mais plutôt une nouvelle perspective.

Jormungand (TV 2) - Screenshot #3Le traitement psychologique des personnages est... cliché! Le gamin silencieux qui ne paye pas de mine, la grande folle qui tente de dominer le monde, le guerrier classe, la guerrière amoureuse... Sauf que! L'usage de la thématique de l'enfant soldat, dans le contexte réaliste et moderne (oui, parce que personne ne se révolte de voir des enfants de 15 ans se battre à mort dans Naruto, bonjour l'adulation de l'enfant soldat!), est suffisamment originale pour être appréciée! En revanche, l'approfondissement psychologique de Koko et de ses mercenaires, malgré un travail de background et de flashback, laisse un peu à désirer. Chacun est campé dans son rôle et finalement, le seul élément véritablement dynamique, c'est Jonah, l'enfant soldat. C'est un peu triste au fond vu la diversité de personnages en jeu dans cette grande fresque de la guerre!

L'animation et le chara-design sont plutôt bons sans être excellents, ils restent dans la norme actuelle il me semble. Les différentes villes du monde, en particulier Paris, semblent un peu moins clichées que d'habitude et c'est appréciable! La bande sonore n'est franchement pas mauvaise, elle appuie bien les moments intenses, et a été choisie judicieusement.

Que vaut Jormungand au final? Est-ce l'annonce de la décadence comme Koko (la marchande d'arme) se plait à prophétiser? Pas vraiment. Ça reste un bon animé. La complexité non-nécessaire est effectivement son plus gros défaut, la complexité apparente de personnages creux est son autre plus gros handicap. Étonnamment cela dit, on peut passer outre. L'ensemble du scénario se tient, la tension est toujours présente et les moments de rire sont toujours proches. L'animation est fluide, le chara-design correct, dans l'ensemble, c'est une série de bonne facture. Mais je ne peux pas m'empêcher de lui taper sur les doigts pour être tombé dans cet écueil de l'animation japonaise : en faire trop, beaucoup trop, et ce pour rien.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Cyann, inscrit depuis le 28/07/2010.
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