Critique de l'anime Le Château Ambulant

» par Scalix le
31 Décembre 2008
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Le château ambulant est à mes yeux l’une des œuvres les plus commerciales du Studio Ghibli. Je risque de reprendre l’opinion de Starrynight, de temps à autre, même si j’ai tout de même réussi à apprécier le film.

Dès le début, on se laisse happer par l’univers, comme dans pratiquement tous les Ghibli. Le film n’ayant même pas 5 ans, le visuel fin mêlé à une 3D sobre et très bien intégrée forme un ensemble homogène particulièrement agréable pour le spectateur.

Mais personne ne saurait réellement le contester, Ghibli règne en tant que maître dans le domaine du visuel sur le marché du long métrage. Les couleurs sont toujours aussi flashy, l’animation toujours aussi propre, pratiquement parfaite. Les décors sont pour le coup absolument somptueux. Certains environnements, comme la chapellerie de Sophie ou la chambre de Hauru regorgent tellement de détails et de couleurs qu’il est pratiquement impossible pour l’œil humain de tout analyser ; il ne peut que se délecter du spectacle qu’on lui offre.

Le scénario n’est pas en reste non plus, du moins au départ.

Sophie semble dès les premières minutes un personnage inexpressif, sans personnalité réelle. Bref, la pauvre n’a vraiment rien d’une héroïne. Beaucoup plus terne que les personnages gravitant autour d’elle, on sent l’insistance de l’auteur à vouloir la marginaliser, elle qui est plus sobre et plus sévère que tous les autres. Par exemple, alors qu’elle passe ses journées à confectionner des chapeaux extrêmement colorés et chargés, celui qu’elle porte est au contraire très simple.

Ce n’est qu’au moment de sa rencontre avec Hauru qu’elle va réellement devenir plus consistante et en un sens plus « colorée ». Sa métamorphose s’opèrera complètement dès que la Sorcière des Landes lui jettera son maléfice, lui donnant l’apparence d’une grand-mère décrépie.

Commence alors son périple vers Hauru, et par là-même le caractère très abstrait du scénario. Comme l’a mentionné Starrynight, on ne comprend pas réellement les motivations de Sophie. Elle décide très rapidement de s’installer au sein du château ambulant en tant que femme de ménage, et si les séquences s'y déroulant sont légères et agréables, on se sent un peu perdu, d’autant plus que le physique de notre héroïne est pour le moins changeant.

Le moment le plus significatif de ces modifications, qui bien sûr ne sont pas laissées au hasard, est clairement celui de la montée des marches vers le palais royal. Sophie et la Sorcière des Landes montent en même temps un escalier démesuré ; c’est une sorte de duel pour jauger leurs déterminations respectives. Alors que Sophie dépasse la sorcière, il semble que leurs physiques s’inversent. La sorcière, qui se tenait droite au départ va se tasser de plus en plus, tandis que Sophie va connaître le phénomène inverse, et va se redresser et s’amincir. Déroutant, d’autant plus qu’il n’y a pas de réelle explication.

Les personnages tournant autour de Sophie sont charismatiques, c’est indéniable. Entre Hauru, jeune éphèbe virtuose de la magie et Calcifer le démon du feu, le spectateur aura matière à nuancer le caractère un peu terne des premières minutes.

Le film ne fait pas exception à la règle des Ghibli, et nous offre une idéologie, ou du moins une sorte de philosophie de la vie. Mononoke était un film écologique, Le Château Ambulant est un film pacifiste. En effet, le royaume de Sophie est en guerre, et les magiciens doivent rejoindre les troupes et aider au combat. C’est pour cette raison que Hauru utilise un contrat passé avec Calcifer, lui permettant de libérer un terrible pouvoir. La contrepartie sera de ne plus être capable, à terme, de récupérer son apparence humaine. Ainsi, Hauru se bat contre alliés et ennemis sans distinction, puisqu’il les regroupe tous sous le nom de « destructeurs ».

Le final sera lui aussi très floue, à l’image du parcours de Sophie. Lors du premier visionnage, j’étais persuadé d’être passé à côté d’une symbolique ; lors du second, alors que j’étais moins passif, peu de choses m’ont frappé. J’en ai déduis que l’adaptation de la nouvelle était râtée, ou que Ghibli s’est amusé à rendre incompréhensibles certains passages du film. L’apparition d’un prince un peu ridicule brise l’atmosphère, au même titre que la conversion brutale de la Sorcière des Landes qui, dès la moitié du film, deviendra totalement inutile. De même, on ne connaitra pas réellement la position de Suliman, la sorcière qui a formé Hauru ; on ne pourra admettre autre chose que l’ambiguité de son personnage.

La musique passe relativement inaperçue le long du film, et l’on regrette de ne pas retrouver les envolées lyriques des films précédents.

Au final, le Château Ambulant n’est pas un mauvais film ; on sait juste qu’il aurait pu être encore meilleur. Certains passages tirés par les cheveux, cumulés au manque de profondeur de la thématique détruise considérablement le potentiel du film. Au final, il reste avant tout un divertissement, certes très agréable, mais le studio Ghibli, et surtout Miyazaki, nous avait habitué à bien plus. On regrette l’époque de Nausicaä, où le traitement du thème de la guerre était autrement plus poussé, plus mûr et plus poignant.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Scalix, inscrit depuis le 05/04/2004.
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