Critique de l'anime Mobile Suit Gundam 0080 - War in the Pocket

» par Soren le
29 Septembre 2011
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Allons droit au but, Mobile Suit Gundam 0080 est un animé à part. Non seulement dans le paysage de l'animation, mais même dans sa propre franchise. Là où les autres séries Gundam s'attachent à raconter l'histoire avec un grand H, les destins croisés de ceux qui changeront le cours du conflit et de l'histoire, 0080 propose un traitement totalement différent. Ici plus de surhommes comme Amuro Ray et Char Aznable, les personnages sont des gens "normaux". Un gamin tout ce qu'il y a de plus ordinaires, Alfred Izuruha, en guise de protagoniste, et autour de lui de simples "troufions", que ce soient Bernard Wiseman et son unité ou bien Christina MacKenzie. Plus de grandes batailles mais une escarmouche "insignifiante", qui ne changera rien au cours du conflit qui oppose la Fédération à Zeon. C'est ce recentrage sur une échelle plus réduite, plus "humaine", qui fait l'originalité et la qualité de l'anime.

On dit parfois que 0080 est "le Gundam sans Gundams", et ce n'est pas totalement faux. Bien sûr quelques combats, de très bonne qualité qui plus est, parcellent les 6 OAV, mais on reste très loin de la débauche guerrière habituelle de la franchise. A vrai dire, on est plus proche d'un slice of life que de ce à quoi nous a habitué la saga.

Mais en fait, ça raconte quoi 0080?

L'histoire se déroule dans une paisible colonie spatiale neutre, à priori pas concernée par la guerre entre la Fédération et Zeon. On y découvre le héros de cette histoire, un gamin de 11 ans, Alfred "Al" Izuruha. Lui et ses amis sont "passionnés" par la guerre et ne rêvent que d'as du pilotage et de Mobile Suits. Un jour, il se retrouve rattrapé par le conflit: la colonie se retrouve théâtre d'une escarmouche entre les deux belligérants . C'est à ce moment qu'Al va faire la rencontre de Bernard "Bernie" Wiseman, un pilote de Zeon. Parallèlement, il retrouvera son amie d'enfance partie sur Terre, Christina "Chris" MacKenzie, à présent soldat de la Fédération. Ajoutez l'unité "Cyclops" des forces spéciales de Zeon, dans laquelle le rookie Bernie se fera parachuter en tant que 5eme roue du carrosse, et les ingrédients de la tragédie sont maintenant en place.

La série s'axe essentiellement sur l'amitié qui va se développer entre Al et Bernie, le premier étant en admiration devant le second qu'il pense être l'un de ces As qui le font rêver, et le second qui pensait au départ exploiter Al pour recueillir facilement des informations finit par se prendre d'affection pour ce gamin. Les 2 premiers épisodes sont plutôt légers, parce que notre référent est Al qui croît encore que la guerre est un jeu.

La suite le détrompera, dans la douleur. C'est là qu'est une partie de la saveur de 0080, dans ce décalage entre le regard naïf et optimiste d'Al et la vision blasée, désespérée des soldats de Zeon qui savent qu'ils marchent vers une mort certaine, que la guerre est perdue quelque soit le résultat de leur mission, que finalement leur opération n'a aucun sens.

Le développement des personnages est une pure merveille, et diffère des autres Gundam en nous présentant les soldats de Zeon sous un jour très humain. Même si l'on savait déjà qu'ils ne sont pas tous des nazis de l'espace, ils gagnent vraiment en nuance. Bernie en particulier est très attachant et devient sur la fin une figure emblématique de la saga doublée d'un personnage touchant.

On y vient: le vrai point fort de la série, c'est l'émotion. Pas besoin de faire mourir dix pilotes bishônen ou cinq jeunes filles moe à la suite pour susciter de l’émotion chez un spectateur, ici le travail de la tragédie et le traitement très humain des personnages suffit pour créer un drame authentique sans gros artifices ou pathos abusif, mais plus important que tout : un drame humain. 0080 réussit haut la main à être l'un des récits les plus poignants que le média nous ait livré, une tragédie pleine d'ironie qui prend aux tripes. Plus que toutes les autres séries qui parlent de guerre, elle réussit à en exprimer la futilité, le final en particulier laisse une énorme impression de gâchis, que le conflit est vain et n'a aboutit qu'à priver de son innocence un pauvre garçon de 11 ans. Plus qu'un simple divertissement de 6*20 minutes, c'est une oeuvre authentique qui va bien plus loin que la joute entre robots géants.

En plus d'être l'un des Gundam différents, de ceux qui s'éloignent des canons de la saga pour oser autre chose, c'est l'un des meilleurs opus de la franchise, et celui qui est le plus fortement à conseiller à ceux qui ont du mal avec Gundam. Pour qu'ils réalisent enfin que cette saga emblématique ne se limite pas à des robots géants qui font piou-piou.

Chef-d'oeuvre j'écris ton nom.

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

Soren, inscrit depuis le 06/12/2010.
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