Critique de l'anime Nathalie et ses Amis

» par Skidda le
19 Janvier 2022
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Sasurai Taiyou, ou Wandering Sun, ou encore Nathalie et ses amis, est l’adaptation de 1971 du manga éponyme créé par Mayumi Suzuki. Je l’avais jadis ajouté à ma sélection parce qu’en dehors des oeuvres réalisées par des Dezaki ou Takahata, il me paraissait l’une des rares pioches capable de sortir du lot. Réalise-t-il pour autant tout le potentiel que je lui ai projeté ? Pas vraiment.

Sasurai Taiyou est l’histoire de deux adolescentes : Kouda Miki et Mine Nozomi. La première est la fille d’une famille riche, tandis que l’autre a été élevée dans une famille pauvre. Ce qu’elles ignorent, c’est que leur identité a été échangée lors de leur naissance. Mais alors que leur destin remanié les a menées chacune vers une vie très différente, Mine et Kouda vont à nouveau se rencontrer alors qu’elles désirent toutes deux poursuivre une carrière dans la chanson.

Une chose que j'ai appris que par la suite, Sasurai Taiyou est parfois considéré comme le premier anime du genre ‘Idol’. Même si ce mot me fait davantage penser aux sélections de groupes institutionnalisées, je suppose que je peux rejoindre cette assertion puisque l’anime explore l’industrie de la musique durant ses 26 épisodes.

L’anime dresse un portrait, souvent peu flatteur, du milieu : des chanteurs vus comme marchandises, le rôle du producteur peu grâcieux, la couverture médiatique oppressante, ou encore l’exploitation des jeunes talents. Par ailleurs, cet anime a été utilisé pour booster la carrière de la chanteuse Junko Fujiyama, qui double la protagoniste Mine. Un choix relativement pertinent, car cela reste une voix professionnelle agréable à entendre chanter, à un certain degré, mais en tant que seiyuu, il y a tout de même un amateurisme perceptible, qui peine à transmettre des émotions lorsqu’elle fait face aux (nombreuses) situations demandant une performance plus poussée. De l’autre côté, Michiko Hirai, la seiyuu de Kouda ne chante plus ou moins qu’une chanson (tobenai kobato) mais convainc dans les deux aspects de son rôle.

La partie dédiée à la musique est sans doute la plus intéressante de l’oeuvre mais Sasurai Taiyou ne se résume pas à ce thème, puisque du sang de ‘shoujo’ coule dans ses veines. Je parlais des circonstances particulières des héroïnes plus haut, et le synopsis sert de prétexte à une sous-intrigue remplie de drama. En effet, l’instigatrice de cet échange d’identité, une infirmière qui souhaite ruiner la vie des deux protagonistes pour assouvir une soif de vengeance saugrenue, va régulièrement intervenir dans le récit pour les monter l’une contre l’autre. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, surtout pour Mine, qui en plus des manipulations subies, doit également supporter tant bien que mal une famille en proie à la pauvreté et autres calamités.

Tant d’obstacles qui vont empêcher l’héroïne d’embrasser sa vie d’artiste avec sérénité. Mine endosse le rôle de victime devant faire face aux revers cruels d’une vie infortunée à quasiment chaque épisode. L’expérience pourra vite devenir exaspérante et malgré ma tolérance face aux artifices clichés, j’ai trouvé cet aspect de l’anime fortement critiquable. En particulier, l’utilisation de ces prémices m’a paru être un ajout inutile. D’ailleurs, l’infirmière en question disparaît assez abruptement au bout d’une dizaine d’épisodes, pour ne refaire surface qu’en fin de série : une observation qui n’a fait que renforcer cette opinion. Après tout, la rivalité entre Kouda et Mine suffit amplement comme source de drama. En effet, Kouda en tant que riche hautaine, a une personnalité suffisamment immonde pour alimenter le désespoir de Mine grâce à ses machinations sadiques.

C’est dommage, car quand Sasurai Taiyou n’est pas occupé à torturer, elle sait montrer quelques beaux passages. Le parcours musical de Mine passe par une découverte de soi-même. Elle voyage et chante dans un Japon d’après-guerre, fracturé entre gargotes provinciales abandonnées par une rêveuse jeunesse, rues de ghettos délaissés des ‘keiretsu’ cossus et bars classieux d’avenues encensées d’enseignes nitescentes. Voir ainsi une jeune artiste pleine d’humilité, tout droit sortie du système stigmatisé des écoles du soir, projeter un peu de douceur auprès des petites gens, résonne avec une sincérité touchante.

Cela dit, je trouve un peu dommage que ses voyages et son expérience acquise n’apporte pas plus de changements au personnage. Mine incarne la pureté (quasi) infaillible devant le matérialisme et les bassesses humaines soit, mais le fait que sa première chanson continue d’être la principale de bout en bout, au lieu d’une nouvelle en fin de course reflétant son chemin parcouru, m’a particulièrement déçu.

L’exécution de Sasurai Taiyou laisse également à désirer mais elle n’est plus mauvaise que la plupart des productions de ces années là. On notera les habituelles erreurs d’animation mineures, les transitions de plans peu élégants ainsi qu’une narration parfois mal structurée ou rushée (l’épisode 22 a de gros défauts à ce niveau là, en plus de cette bande de hippies très louche).

Cela pourra paraître étonnant mais malgré ses défauts, je trouve que Sasurai Taiyou n’a pas si mal vieilli, et n’a pas une une intrigue plus horrible que des séries ‘shoujo’ stéréotypées plus modernes (Peach Girl de 2005 par exemple). Cet anime a surtout l’avantage d’intégrer un thème musical plutôt que de se cantonner simplement à la romance, qui est ici assez secondaire. Toutefois, les quelques bonnes scènes originales qui résultent de ce mélange ne justifieront probablement pas un détour pour la plupart des spectateurs potentiels. Une oeuvre moyenne du début des années 70.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Skidda, inscrit depuis le 15/07/2013.
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