Critique de l'anime Rémi Sans Famille

» par birdy le
22 Octobre 2009
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Si vous aviez comme moi une dizaine d’années dans la première moitié des années 80 et que vous consultez ce site, il est probable que vous conservez un souvenir ému des animations nippones diffusées alors à la télévision, dont quelques unes sont devenues des références incontournables – ou « cultes » : je traduis pour les plus jeunes !

Pour ma part, ne vivant pas en France à cette époque, je les ai découvertes avec grand plaisir ultérieurement, et même à l’âge adulte. Fort heureusement, échappant à un vide existentiel – d’accord, j’exagère ! –, il y en a au moins une que j’ai pu regarder et apprécier à l'occasion d’une rediffusion dans l’émission « Croque Vacances » sur TF1, durant l’été 1986. Je veux bien sûr parler de celle qui nous intéresse ici, « Rémi Sans Famille », adaptée du célèbre roman « Sans Famille » de Hector Malot (1830-1907).

Compte tenu de cette entrée en matière, vous allez sans doute me soupçonner de manquer d’objectivité dans la rédaction de ma critique. Autant le dire franchement, je ne vais pas chercher à dissiper ces soupçons, et tenter bien au contraire de vous convaincre de regarder ce chef d’oeuvre de toute urgence, si ce n’est pas déjà fait.

Le scénario respecte assez scrupuleusement l’oeuvre de Hector Malot, excepté l’épilogue qui a été légèrement modifié (j’y reviendrai plus loin). Dans ces conditions, il n’est pas utile de dissocier la critique de l’animation de celle du livre.

Bien que l’auteur ait écrit une soixantaine de romans, seuls ceux pour enfants sont passés à la postérité, « Sans Famille » paru en 1878 étant de très loin le plus connu. L’histoire du petit Rémi, l’enfant trouvé, est caractéristique d’une littérature propre à la deuxième moitié du 19e siècle, dénonçant avec force les injustices sociales criantes et l’exploitation de la misère. En ce sens, même s’il s’adresse avant tout à de jeunes lecteurs, l’analogie de ce roman avec certaines œuvres de Victor Hugo ou de Émile Zola est assez évidente. Cette comparaison doit cependant être nuancée, dans la mesure où il prend également la forme d’un « conte philosophique » dépassant les clivages sociaux, Rémi découvrant finalement qu’il est issu d’une riche famille aristocratique anglaise à laquelle il a été enlevé à la naissance.

En dépit de ce destin tragique, Rémi sera élevé par sa douce « maman Barberin », puis éduqué par le bon « maître Vitalis » pour qui il deviendra comme un fils. Cet homme au passé mystérieux lui enseignera tout ce qu’il sait, et lui inculquera surtout des valeurs qui en feront une personne responsable et indépendante. Rémi connaîtra de nombreuses aventures qui, tout en le confrontant à la réalité parfois bien triste du monde qui l’entoure, comporteront aussi des moments de bonheur partagés avec ceux qui deviendront ses amis. L’épilogue – dans l’animation uniquement – résume très bien ce paradoxe : après avoir si difficilement retrouvé sa famille et goûté à une vie confortable durant un hiver, le manque de liberté incitera notre héros à reprendre la route, pendant un laps de temps qui n’est pas précisé, en compagnie de son ami Mattia. Cet intermède très symbolique n’existe pas dans le roman, lequel insiste bien plus sur le devenir, dix ans plus tard, de tous les protagonistes, parents et amis compris.

Sur le plan technique, juger aujourd’hui une animation datant de plus de 30 ans est assez délicat, et requière à tout le moins un minimum d’indulgence. Vous relèverez certainement ici ou là des approximations au niveau du graphisme, et des simplifications dans le déroulement de l’action, mais l’ensemble reste de très bonne facture. Les émotions des personnages sont rendues avec beaucoup de justesse, et les moments d’intensité dramatique sont généralement marqués par des arrêts sur image du meilleur effet. Les plus observateurs remarqueront de nombreux plans « vertigineux » et des superpositions d’images, qui s’expliquent par une réalisation originale en 3D : vous devez utiliser des lunettes équipées d’un filtre vert d'un côté et neutre de l'autre pour en profiter. Enfin, le générique reflète bien les sentiments mélangés qui se dégagent de l’histoire, avec un tempo lent emprunt de tristesse et de mélancolie précédant un tempo rapide exprimant la bonne humeur et l’amitié – pour l’anecdote, notez les intonations de « titi parisien » du jeune chanteur dans la version française !

Cette superbe adaptation d’une œuvre qui aura marqué des générations d’enfants ne s’est pas démodée au fil des années. Il est impossible de ne pas éprouver une grande sympathie à l’égard du personnage principal, auquel chacun s’identifiera aisément dans ses joies comme dans ses peines. Puisqu’il faut bien noter l’animation – quelle vulgarité ! –, je vais laisser parler mes sentiments et lui attribuer la note maximale.

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

birdy, inscrit depuis le 02/10/2009.
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