Critique de l'anime Saint Seiya - Tenkai-hen Josô - Overture (Film 5)

» par Soren le
11 Février 2013
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Le Tenkai. Un chef d'oeuvre pour certains, une hérésie pour les autres. Peut-être le produit estampillé Saint Seiya qui aura le plus divisé son public. C'est donc à reculons, et déjà passablement échaudé par un film 4 turbo-bousique, un Inferno au fond du gouffre et un Elysion soporifique que je me lançai dans le dernier anime estampillé Saint Seiya qui manquait à ma 'thèque.

J'ai un rapport un peu particulier à Saint Seiya. Si je baigne dedans depuis mon enfance, je n'en suis pas pour autant un fan. Au contraire, pour moi Saint Seiya est une immense déception, une série dans l'ensemble médiocre, très en dessous de ce que son concept infiniment cool pourrait donner. Un peu comme Fate.

C'est une série percluse de défauts, des personnages pour beaucoup pas plus épais que la feuille sur lequel est écrit un scénario faible, rempli d'incohérences, de trous et de répétitions, au rythme plombé par un remplissage honteux qui n'a pas à rougir face à celui pratiqué par le concurrent historique Dragon Ball (Z).

Avec Asgard, je commençais à voir quelle carte Saint Seiya pouvait jouer. Si cet arc n'est pas épargné par le remplissage et les problèmes de scénario, il sort du lot en proposant des adversaires enfin humains et attachants et la tragédie qui va avec, une ambiance particulière, très mélancolique, et une esthétique particulière.

Des qualités d'esthétique et de mise en scène que l'on retrouvera dans le sympathique second film, La bataille des Dieux, et dans le troisième, Les Guerrier d'Abel, un excellent film qui rattrapait les faiblesses habituelles de la licence par une direction artistique superbe et quelques idées de traitement excellentes qui m'avaient entre autres enfin rendu Seiya sympathique. Abel, c'est le Saint Seiya que j'aime, avec sa direction artistique très au dessus de la concurrence, ses persos cools qui prennent la pose dans des combats ultra esthétisés, un côté mélancolique et parfois un peu poétique.

Et le Tenkai dans tout ça, après cette intro longue comme un jour sans pain? Eh bien c'est tout ce que j'aime dans Abel, en encore plus poussé.

Pitch de départ: grièvement blessé pendant le combat qui opposa Athéna et ses chevaliers à Hadès, Seiya n'est plus qu'une loque comateuse laissée aux bons soins de sa Déesse. Arrivent un jour Artémis, soeur d’Athéna, et ses Anges, bien décidés à châtier cette humanité qui ose se dresser contre les Dieux. Athéna n'a d'autre choix que de suivre sa soeur, ce qui conduira au réveil de Seiya, déterminé comme à son habitude à protéger sa Déesse. Très classique, avec les thèmes habituels tels que la volonté des humains qui peut dépasser la puissance des Dieux et tout le toutim, mais au moins on nous épargne les absurdités que les autres films, Abel compris, ont pu nous infliger. Et pour une fois, on n'a pas l'armure du Sagittaire en plot-device ultime.

C'est sur les détails que ce film va se différencier. Enfin, Saori se montre à la hauteur de son rôle d'Athéna. Ce personnage m'a toujours désespéré par son côté demoiselle en détresse, toujours kidnappée, piégée ou emprisonnée, subissant toujours l'action, se faisant toujours surprendre. Point de cela ici, elle semble contrôler bien plus la situation, et surtout fait preuve d'une assurance et d'une prestance qui lui ont souvent fait défaut. Et si elle a toujours été belle, elle est à tomber dans ce film.

Enfin, Shun arrête d'être un boulet qui regarde son frère faire le boulot.

Enfin, pour un film, on a droit à un antagoniste vraiment développé, sympathique et intéressant en la personne de l'ange Ikaros.

L'ambiance est dans la droite lignée d'Abel, mélancolique, tragique, servie par une large place accordée à des scènes contemplatives. On retrouve d'ailleurs un Seiya chancelant, avec une variation: cette fois ce n'est plus l'esprit qui lui fait défaut, mais un corps brisé, vidé de ses forces, qui semble bien loin d'être à la hauteur de sa quête. Et disons le, au travers d'Abel et de ce Tenkai, je trouve finalement ce petit gars vachement attachant, et ce fut un plaisir de le voir dans les deux cas ressusciter progressivement au cours du film.

Sa relation avec Saori est réussie et assez touchante par son côté un brin pathétique. On a d'un côté la Déesse qui souhaite accorder à son chevalier une vie normale, mais qui ne peut se passer de son ultime protecteur face à l'adversité, ce qui le condamne à souffrir, et de l'autre un chevalier servant qui n'a finalement pas grand chose d'autre qu'elle et qui lui donnerait sa vie avec le sourire. Et puis la scène de leurs retrouvailles est tellement belle visuellement...

Visuellement c'est à pleurer. Toute la concurrence est en orbite, il n'y a personne à ce niveau en shonen. Allons plus loin, j'affirme que l'on peut compter sur les doigts les animes qui jouissent de ce niveau d'excellence artistique. On a là le meilleur de la coopération entre l'excellent Yamauchi, qui nous donne un avant-goût de ce que sera l'esthétique de Casshern Sins, et de cet immense(n'ayons pas peur des superlatifs) character-designer qu'était Shingo Araki, que je regrette chaque jour un peu plus. Les personnages sont superbes, y compris les inédits avec une Artémis qui n'a rien à envier à sa soeur, et des Anges fort réussis, notamment Ikaros. Les combats, dans un style ultra chorégraphié inhabituel pour la licence, font parti des meilleurs de Saint Seiya. Très esthétisés, pleins de grâce, à la limite par moment de la danse, ce sont de purs plaisirs pour les yeux. Le film accumule les scènes de toute beauté, bien aidé par des décors superbes.Chapeau à toute l'équipe de la Toei qui livre vraiment une merveille artistique.

Je le répète, on a probablement là l'une des plus belles merveilles visuelles de l'animation japonaise.

La fin, très particulière, fait et fera toujours débat, mais elle est intéressante en jouant très bien son rôle d'ouverture, là où les autres films rétablissaient le statu-quo.

Mais c'est malheureusement là où le film pêche. Tenkai-hen Joso - overture est l'une de ces oeuvres incomplètes, inachevées pour lesquelles je ne peux m'empêcher d'avoir de la sympathie, à l'idée de ce qu'elles pourraient être. C'est un film compacté, compressé, qui n'a pas le temps d'expliquer tous les points sur lesquels il devrait s'attarder, qui suscite beaucoup de questions auxquelles il ne peut pas répondre, n'ayant pas eu la suite qu'il appelait.

La faute à un Kurumada soit-disant déçu. J'ai presque envie de dire dégoûté que Yamauchi et la Toei aient pu amener Saint Seiya très loin, et pour moi très au dessus, de ce qu'il a toujours fait. Il fera d'ailleurs virer Yamauchi, ce qui mènera au désastre d'Inferno et d'Elysion.

Le Tenkai, chef-d'oeuvre ou hérésie? Je me suis promis d'arrêter d'utiliser l'expression ultra galvaudée de chef-d'oeuvre, mais il est clair pour moi que ce film est un aboutissement. Un peu comme si Saint Seiya était enfin arrivé à maturité, pour nous proposer ce qu'il sait faire de mieux et qui le rend finalement à part des autres shonen.

Une esthétique et une ambiance comme il n'en existe pas ailleurs.

Le tenkai: un coup d'oeil alléchant sur ce que cette licence aurait pu être.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Soren, inscrit depuis le 06/12/2010.
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