Under the Dog – huit cent soixante-dix-huit mille dollars et des poussières

» Critique de l'anime Under the Dog par Deluxe Fan le
01 Août 2016
Under the Dog - Screenshot #1

Under the Dog est le genre de production qui a plus d’intérêt pour ce qu’elle représente que pour ce qu’elle est vraiment. Si vous suivez l’actualité de l’industrie de l'animation japonaise, vous êtes forcément au courant ; Under the Dog est né du financement participatif, en l’occurrence un Kickstarter qui s’est conclu à 878 000$. Un montant énorme, supérieur aux précédentes tentatives de Kick-Heart et Little Witch Academia 2.

Cependant, faute de grosses têtes d’affiche telles que Yuasa ou Trigger pour appâter les fans, les producteurs de Under the Dog ont dû recourir à une campagne de communication assez malsaine et teintée d’opportunisme. Se réclamant de l’héritage de Ghost in the Shell et des OAV des années 80-90, les communicants n’ont pas hésité à dézinguer l’industrie de l’animation japonaise et ses travers (manque de créativité, censure, peu de prise de risques) pour se mettre en valeur et donner l’idée qu’un anime aussi subversif et impressionnant que Under the Dog ne pourrait voir le jour que grâce à la participation du public. Un discours taillé pour les occidentaux, auxquels Under the Dog a promis la disparition du moe, la résurrection du format OAV et plein d'autres vœux pieux.

Under the Dog - Screenshot #2Huit cent mille dollars et vingt minutes d'anime plus tard, autant dire qu’on est loin du compte.

Le récit se déroule dans un futur proche où des montres appelés Pandora sèment la terreur au Japon. L’armée américaine n’hésite pas à intervenir pour supprimer la menace, ce qui déplait à une organisation secrète surnommée « Les Fleurs » qui envoie ses agents pour éliminer les monstres en utilisant des méthodes peu conventionnelles.

Dans les faits, la grande majorité de l’épisode est constitué de gunfights opposant d’une part les soldats US et le monstre qui s’est réveillé dans un lycée, et d’autre part une agente des Fleurs infiltrée dans ledit lycée qui a pour objectif d’exfiltrer un VIP coincé au beau milieu de ce merdier. Pan pan, boum boum, plotwist, on voit un téton et c’est fini.

Globalement il n’y a pas grand-chose à dire de cet anime, les scènes d’action sont extrêmement bien animées comme on peut s’y attendre de la part du réalisateur Masahiro Ando (connu pour Sword of the Stranger et plein d'autres collaborations chez Bones), avec très peu de CGI et beaucoup de sakuga. En revanche la direction artistique manque cruellement de style, les décors sont banals tout comme le chara-design et l’OST.

Under the Dog - Screenshot #3Mais c’est surtout au niveau du fond que le bât blesse. Une histoire de lycéennes japonaises kawaii qui tirent avec des armes à feu et qui niquent l’armée des États-Unis, ça ne me paraît pas beaucoup moins débile que le synopsis d’un light novel quelconque. Je n’ai personnellement rien trouvé là-dedans de particulièrement innovant ou subversif, en tout cas rien que justifie que l’on mette à contribution le public plutôt qu’un comité de production classique. On retrouve toujours le même genre de clichés dans les personnages (la fille qui vient de se farcir une unité complète de soldats au M16, plus un monstre, et qui trouve le moyen de rougir comme une gamine lorsqu’elle enlève sa chemise devant un garçon) ou dans le sous-texte (les soldats américains sont des brutaux incompétents heureusement qu’il y a nos super lycéennes japonaises pour sauver le monde), sans parler des dialogues profonds comme le portefeuille des backers qui ont financé cette farce.

Et c’est dans doute là le principal problème de Under the Dog : quelque soit la qualité du produit, il a été construit sur les bases mauvaises du hype, de la communication et du marketing, au détriment de l’aspect artistique et créatif. Dès lors il est impossible d’être réellement séduit par ce qu’il propose, parce que c’est tellement loin de ce qui avait été promis ; alors qu’il aurait été finalement plus simple de faire comme tout le monde, et de ne rien promettre du tout.

A titre personnel j’ai toujours été réfractaire au crowdfunding, et je n’ai jamais rien backé jusqu’à présent. J’estime qu’il n’est pas naturel (voire contre-intuitif) de demander à des milliers de personnes de financer par avance une œuvre dont on ne sait pas très bien que qu’elle va donner, sur la base de notes d’intention dont on ne sait pas très bien ce qu’elles veulent dire. Et puis surtout, le crowdfunding met beaucoup trop de pouvoir dans les mains du public et des communicants, alors qu’en animation japonaise comme dans toute autre forme d’art, le pouvoir doit le plus possible être dans les mains de l’artiste. Pour moi le crowdfunding n’est pas le chemin que doit suivre l’animation japonaise, et Under the Dog en constitue la preuve.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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