Critique de l'anime Yosuga no Sora

» par Deluxe Fan le
22 Décembre 2010
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Yosuga no Sora : la japanimation catégorie V

Lumière ? éteinte.

Portes et fenêtres ? fermées à double tour.

Casque ? dans les oreilles.

Paquet de mouchoirs ? à portée de main.

Tout est prêt pour parler de Yosuga no Sora ! (YSN)

Au niveau des harems, on a à boire et à manger, en quantité suffisante voire excessive. Il faut néanmoins séparer le bon grain de l'ivraie : certains harems se contentent du minimum et se révèlent médiocres et oubliables ; d'autres jouent la carte de la comédie et de la parodie pour masquer leur manque d'ambition ; d'autres enfin ont un intérêt réel en ce qu'ils font avancer le genre. YSN fait partie de cette catégorie-là.

YSN c’est d’abord un jeu PC sorti en 2008. Je ne vous fais pas un dessin, c’est le genre de jeu qui en temps normal se vend sous le manteau et reste bien planqué sous les matelas des otakus. Seulement, pour une raison indéterminée, cette production a fini par se trouver adaptée en dessin animé, qui a d’ailleurs semble-t-il disposé de moyens. Qu’en dire ? Doit-on déplorer le virage racoleur que semble prendre la japanime, ou bien au contraire se féliciter que les studios produisent enfin du vrai divertissement pour adultes, plutôt que du pseudo-ecchi pour ados attardés ?

Car YSN ce ne sont pas que des petites culottes et des blagues lourdes ; c'est une réalisation de haut niveau, des personnages consistants et du explicit content.

Le chara-design est fort joli, et s’insère à la perfection dans des décors sublimes de la campagne japonaise. Visuellement YSN est donc très soigné, ce qui dénote avec le minimalisme de la concurrence. Au niveau sonore ensuite, YSN dispose d’un thème principal que l’on nous matraque à quasiment chaque scène sous diverses variations. Si bien qu’il finit par entrer dans la tête, heureusement qu’il n’est pas désagréable (comme le couple op/ed qui est très bien). C’est à la mode de parler des seiyuus ces derniers temps, alors je dirais qu’ils sont tout à fait justes, avec en guest Hiro Shimono dans le rôle d’Haruka (Keima Katsuragi, c’est lui).

Je n'irais pas jusqu'à dire que la forme vaut à elle seule le visionnage de YSN, mais nul doute que c'est LA valeur ajoutée de cet anime.

YSN est un drame romantique saveur H, style School Days ou KGNE, cuisiné façon Amagami SS, le tout saupoudré de porno/inceste/shota à la Aki-Sora. Un cocktail aphrodisiaque que la gente masculine majeure et vaccinée - ou pas - ne rechignerait pas à goûter ( sauf si vous êtes un gros hypocrite et que vous clamez partout que non, vous ne mangez pas de ce pain-là, mais que vous serez alors un gros menteur et c’est votre droit ^^).

Cependant l’ambiance de YSN est toute particulière. Paradoxalement, L’aspect H est ce qui est le moins intéressant dans cette série, au contraire de l’histoire et des personnages.

Haruka et Sora Kasugano sont jumeaux. Malheureusement, la jeune Sora est de condition fragile et suit des traitements hospitaliers réguliers. Elle finit par guérir, mais un autre drame survient : les parents Kasugano décèdent dans un accident. Le frère et la sœur décident de repartir vivre dans la maison de leurs grands-parents à la campagne, espérant retrouver un équilibre dans leur vie brisée. Ce qui va s’avérer compliqué : Haru et Sora se ressemblent physiquement mais ont un caractère diamétralement opposé. Pourtant, Sora est dépendante de son frère, et attend chaque jour son retour de l’école en s’ennuyant chez elle, comme une femme au foyer désespérée qui attendrait son… hem, bon, bref.

Je me suis moi aussi posé la question : pourquoi se faire chier à pondre un scénario pareil alors que tout ce qui nous intéresse c’est le cul ? Je répondrais que c’est ce qui distingue YSN du hentai de base : l’histoire est cohérente, le cadre est crédible, les différentes routes ont chacune leur intérêt. Je n’ai jamais été fan des narrations sous forme de routes à la Amagami SS, mais dans YSN l’arborescence est plus complexe que chez le concurrent, où l’héritage vidéoludique est trop visible. Malgré sa narration, YSN ressemble donc à une vraie série. Je continuerai aussi par dire que les personnages féminins comme masculins sont assez stéréotypés : Haruka est L'Homme Parfait, Kazuha est Mlle la-fille-riche-qui-cache-un-secret-de-famille, Akira est Mlle le-clown-triste-qui-rit-à-l’extérieur-et-qui-pleure-à-l’intérieur, Nao est Mlle lunettes+boobs, Sora est Mlle brother-complex, et Ryohei est M. le-pote-pervers. Mais l’enrobage dramatique de la série fait que l’on ne le remarque presque pas. En effet, pas de gags, de SD et autres dans YSN, tout cela est regroupé dans les « extras », à la fin de chaque épisode. Extras pas très drôles mais bourrés de nichons, pour ceux qui en veulent toujours plus.

Vous remarquerez très vite que YSN s'engage sur les terres de l'inceste, de manière assez décomplexée. le thème est casse-gueule, et l'engouement actuel autour des amours interdits entres frères et sœurs est le genre de mode dont la japanime pourrait aisément se passer, de mon point de vue (vous en pensez ce que vous voulez...). L'idée de l'aborder uniquement sous l'angle sexuel est une erreur, mais on ne pouvait attendre d'un eroge qu'il nous propose quelque chose de réfléchi sur la question, après tout.

J'irais même plus loin : c'est toute la partie érotique de YSN est ratée. Il est clair que le passage du support jeu vidéo au support anime n’a pas été tout à fait compris par le studio Feel. Dans YSN les scènes de cul sont balancées sans transition, souvent en fin d’épisode, juste avant l’ending, comme si la série nous disait « voilà pour vous récompenser d'être parvenu jusque-là ! » Seulement moi je ne suis pas là pour jouer à un jeu vidéo de cul, mais pour regarder une série animée. Je suis donc en droit d'attendre un minimum de cohérence et d'intelligence : or ce n’est pas sensuel, ce n’est pas romantique, ce n’est même pas joli à regarder.

On remarquera que certains des plans les plus chauds sont flanqués de bandes noires stratégiquement placées, non pas pour modérer ce qui peut l’être, mais bien pour inciter le spectateur à se procurer le Blu-Ray uncensored… J’en veux pour preuve l’incrustation de publicité en plein milieu des épisodes, visible si vous regardez la version japonaise telle qu'elle a été diffusée à la télévision, sur une chaîne du câble très tard le soir (oui, les japonais sont moins cons que le Club Do). C'est ça le bizness.

On en revient donc à ma question initiale, et à laquelle j’apporte ma réponse : YSN se définit comme un anime de cul, or c’est justement tout cet aspect qui est raté, et qui nuit le plus au reste. Parce qu’au demeurant, avec ses graphismes et son design soigné, sa musique travaillée, ses histoires plutôt matures et un fan-service finalement peu présent en dehors du H, Yosuga no Sora est l’antithèse d’Amagami SS, et prouve que l’on peut faire de belles choses en partant d’un support de mauvaise réputation. Étant certainement un des meilleurs harems que j’ai vu ces derniers temps, je lui mets plus que la moyenne.

Les plus

- C'est agréable à l’œil

- C'est agréable à l'oreille

- Moins vulgaire qu'il n'y paraît

Les moins

- la narration calquée sur le VN

- Les scènes H, qui font tâche

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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