Voici une excellente surprise provenant tout droit de chez Madhouse, avec un vieux routier de l'animation à la réalisation : Kazuo Yamazaki a en effet dirigé certains des dessins animés les plus importants de l'industrie, tels que "a Wind named Amnesia", "Five Star Stories", le téléfilm de City Hunter "Goodbye my Sweetheart" ou la série "Maison Ikkoku".
Ici, la perfection est de mise : animation correcte superbement mise en valeur par des couleurs splendides, avec des rouges, des verts et des bleus qui claquent, un paradis pour la vue, ce qui se justifie amplement sachant que Touko tient un magasin de jouets. L'ambiance est féérique, et le chara design est lui-même sans faille, magnifique, et très reconnaissable dans son style, avec des yeux superbement dessinés, et un art de faire des corps très différents les uns des autres. Une parfaite réussite technique.
Côté scénario, ce n'est en revanche pas parfait : deux épisodes notamment relèvent du cliché, et c'est d'autant plus dommage que le premier épisode fait vraiment tache au niveau de l'histoire de ce point de vue-là. Les histoires sont globalement indépendantes, même si, la fin approchant, l'histoire de Touko prend plus d'ampleur. Cette trame principale est quant à elle vraiment réussie, et malgré le risque d'un nouveau cliché, c'est suffisamment malin pour rester plaisant, et prenant. Pour les "stand alone" épisodes, c'est globalement bon, parfois excellent, rarement mauvais. C'est cet aspect qui va faire baisser ma note.
Mais venons-en au meilleur : cette série splendide visuellement, malgré le fait qu'elle nous propose de suivre les aventures de 4 jeunes filles et un garçon (schéma classique pour du ecchi), ne montre pas une seule fois la moindre petite culotte au spectateur : le fan service érotique est totalement absent, et cela donne à "Yume Tsukai" une ambiance franchement unique, où le charme des personnages n'a plus besoin des artifices lourds de la blague vaseuse. L'humour demeure de ce fait léger, fantaisiste, et participe à cette ambiance très subtile, où la finesse et la délicatesse sont reines (en dépit de scénarios parfois un peu raté, je le répète).
Mais surtout, ce sont les trouvailles qui étonnent et ravissent : cette idée de combattre avec des jouets donne lieu à des séquences ahurissantes, on sent que c'est probablement cela qui a poussé le réalisateur à faire la série, autrement relativement classique. Le système de combat des Yume Tsukai s'apparente au jeu "papier, pierre, ciseau", et elles possèdent aussi une machine de combat qui ne se déclenche que par le biais du baiser d'une vierge, qui devra expédier l'arme obtenue ainsi par un coup de pied fracassant : du délire pur et dur, des trouvailles à la pelle. Il n'y a que dans cette série où vous verrez les héros se faire attaquer par des cigarettes en chocolat géantes...
Niveau structure, c'est encore un point fort : au lieu de s'enfermer dans un carcan enquête-lutte-résolution, les épisodes restent très malins, et déjouent perpétuellement une routine que le spectateur pourrait craindre à la vue des deux premiers épisodes. Il ne faut pas oublier non plus ce petit parfum de Sentai lors des combats avec les méchants, assez déroutant, mais qui n'est pas trop gênant, parce qu'il n'intervient pas tant que ça finalement.
La musique enfin, est tout bonnement monstreuse, exécutée avec savoir par Tamiya Terashima, compositeur de l'OST de "Gedo Senki". C'est la musique qui très souvent donne à la série son souffle, ou qui lui permet de sortir de ses quelques ratages avec panache. Très portée sur le féérique et le mystérieux, on oscille entre une ambiance à la Danny Elfman, et le mystère à la "XXXHolic", sans oublier que les génériques, en particulier l'opening, très old school dans le visuel, proposent des mélodies tout bonnement inoubliables, entraînantes, et à l'ambiance surnaturelle.
Certes, "Yume Tsukai" n'est pas un chef-d'oeuvre, il lui manque un scénario parfait pour cela (mais il n'est pas pourri, loin de là). Cependant, il serait dommage de rater une telle ambiance et une telle qualité globale : probablement l'une des meilleures surprises de 2006, au parfum délicieusement old school, et qui toujours refuse de sombrer dans la facilité.