Ceci n'est pas la plus belle histoire d'amour que j'aie pu lire (en manga), mais peu s'en faut. Elle remporte en revanche le prix du meilleur yuri, détrônant le plus innocent et torturé Pieta. [ANNONCE] Je cherche toujours des homologues yaoi qui trouveraient grâce à mes yeux pour leur faire pendant, n'hésitez pas à me suggérer des titres [/ANNONCE].

Marre des récits où la relation homosexuelle est une norme plus encore qu'une mode, marre des catalyseurs de phantasmes, marre des drames violents et prédestinés par le rejet de la méchante société. Je ne nie pas que ces cas de figures existent, mais ils sont extrêmes et sur-représentés. Les joies et les plaisirs, les peines et les doutes d'un couple sont amplement suffisants. Exit le poids du malheur du monde et de la lumière des projos, pour une fois, et ça fait du bien.

J'ai ressenti cette lecture comme celle d'un journal intime, sans fard et sans ratures. L'héroïne et narratrice Yukino a dix-huit ans, c'est une ex-membre d'une girls band aussi peu sûre d'elle-même qu'égocentrique et expressive. Elle rencontre Setsuko, qui la perce immédiatement à jour et dont la personnalité semble diamétralement opposée. TADAAM ! Alchimie et galère des contraires.

Les premiers émois, les hauts et les bas, les yeux brillants d'émotions diverses... mais pas que. Peut-être la traduction anglaise m'abuse-t-elle un peu, mais bien des pensées et paroles des personnages m'ont fait l'effet du déjà-vécu.
La complexité des protagonistes est peu à peu révélée, et les seconds rôles (parents, amis, collègues) ne sont pas oubliés. Leur background est esquissé, juste assez pour ne pas faire page blanche.
A ce propos, les dessins sont corrects, bien que des proportions soient parfois étranges. Les rares colorisations sont très légères mais apaisantes.

Tout ça pour dire que cette romance m'a beaucoup touchée, et que je vous la conseille vivement si toutefois votre pudeur en permet la lecture. (Huhu, c'est ma 69e critique et c'est une pure coïncidence !) Si vous avez une dent contre les fins ouvertes, fuyez... je suis moi-même un peu restée sur ma faim. Agissons en gastronome pour la notation. (Oui, je sais... *soupir* les ogres gourmets, ça existe...)