Bof, quel intérêt à faire revenir d'entre les morts une franchise qui a pris un sacré coup de vieux dans sa version papier ? Aucun, si ce n'est prouver aux derniers fans de Shirow que le vieux Tortue Géniale n'est pas encore complètement confis dans son gâtisme ecchi.

Force est de constater que cette fois, on comprend à peu près les histoires (normal, elles datent de sa période glorieuse), le mangaka parvient même à se retenir un peu sur ses notations scientifiques, qui finisssent en général par donner à ses mangas le ton indigeste d'une étude scientifique délirante... Niveau graphisme, on retrouve le trait de la première série de GITS, un peu brouillon mais très agréable, le tout noyé dans une intrigue située dans un univers plus réaliste que celui nettement SF des séries TV.

Cela dit, ça ne vole pas très haut non plus, les intrigues ont perdu de leur originalité, et on n'en finit plus de mesurer le mal qu'ont fait les adaptations animées à ce manga, dont l'univers y a été tellement magnifié que Shirow finirait par avoir l'air d'un nul, incapable de créer l'essentiel dans ce type de manga, à savoir le suspense.

Dans ces enquêtes, ce qui intéresse Shirow, ce n'est pas tant le qui / comment / pourquoi, etc. (ingrédients classiques mais pouvant donner lieu à des chefs-d'oeuvre tels que Monster), ce sont plutôt les trouvailles, l'art d'amadouer le lecteur avec des gros seins (car c'est la promesse de vente essentielle dès que l'on parle de cet auteur) et des intrigues policières, pour en fait lui éclater le crâne à coup de réflexions méta-scientifiques et post-mécaniques, tout en prenant son plaisir à détailler très précisément le fonctionnement administratif de cet univers.

C'est ce qui a pu faire qu'autrefois on ait pu comparer Shirow à ces romanciers fanatiques de géo-politiques. Mais lui ne possède pas le talent de l'écriture, il ne possède que l'art de créer un univers cyber-punk ultra-réaliste, ce qui est certes excellent, vraiment, mais qui ne se suffit pas.

Au fait, pour nos amis adorateurs d'Intron Depot, sachez que vous n'aurez pas beaucoup de lingerie à reluquer dans cette BD, pas de bol, il n'était pas encore obsédé comme aujourd'hui.

Le problème, dans ces nouvelles, c'est que rien n'est mené à bout, qu'on ne retrouve pas du tout l'ambiance de la première série (les personnages ont perdu tout charisme), et qu'en plus, le CD fourni en cadeau est une escroquerie (sauf si vous voulez utiliser le logiciel privé du "Maître" pour coloriser vos oeuvres- en japonais, merci père Noël) permettant d'augmenter le prix de ce manga, dont le format a définitivement été très mal choisi : support cartonné inepte (trop de pages pour la reliure qui craque sous le poids), papier glacé pompeux, sens de lecture occidental, comme si entre l'édition de la première série de GITS et de celle-ci, il n'y avait pas eu un changement radical dans nos habitudes de lecteurs de manga.

Glénat, avec ce titre, s'est montré incapable d'avoir une politique éditoriale cohérente, ce qui ne peut que nuire à une oeuvre qui vieillit en plus très mal.

Alors merci, merci Glénat, tu t'es bien foutu de nous sur ce coup-là, en jouant sur le prestige de GITS pour nous faire payer des fonds de tiroirs à prix d'or (mais bon, les japonais ont fait pareil), et en nous les vendant dans un format complètement merdique (ça c'est juste pour nous, les Français). Si au moins tu avais choisi d'éditer ce médiocre manga dans un format normal, et dans le sens de lecture original, on ne se serait pas senti floué à ce point...

Et le CD, le CD....