Nému est une lycéenne discrète, la tête dans les nuages, le regard un peu perdu. Fille unique, elle se retrouve souvent toute seule à la maison car ses parents travaillent très tard au restaurant. Elle passe presque tout son temps à dessiner et, d’après sa cousine, son talent ne fait aucun doute. Pourtant, Nému hésite à demander l’avis de professionnels et n’ose pas tenter sa chance dans les concours des magazines. Un soir, elle rencontre dans un bar un jeune auteur déchu et lui soumet ses planches, mais il disparait sans donner son avis. Intriguée, la timide Nému décide de le suivre jusqu’à son appartement.

Derrière ce scénario faussement simpliste se cache Marley Caribu, auteur renommé d’Old Boy et d’Astral Project. L’édition française a pourtant préféré mettre en valeur le dessinateur du manga, Hirosuke Kizaki, décédé en 2000 à 35 sans avoir pu terminer aucune de ses trois séries. Les dessins de la vie est donc inachevé. Pour autant, ce volume unique mérite vraiment que l’on s’y attarde. Il s’en dégage une atmosphère très particulière teintée de mystère et de mélancolie. Ne vous fiez pas au chara-design kawaii des personnages, tous des chats anthropomorphes, ce manga est bel et bien destiné à un lectorat mûr. Difficile de justifier ces attributs félins (peut-être pour séduire le public féminin ?), mais une chose est sûre : cela renforce indéniablement le charme d’une histoire par ailleurs tout à fait réaliste et crédible.

Les Dessins de la Vie bénéficie en plus d’un dessin soigné, d’un découpage affuté et d’une parfaite lisibilité de l’action. Un quasi-sans faute. Ne manquez pas cette superbe réflexion poétique autour du métier de mangaka !